Officiers d’active et étudiants dans l’Executive Master

Officiers d’active et étudiants dans l’Executive Master

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°763 Mars 2021
Par Nicolas MOTTIS (D93)

L’Exec­u­tive Mas­ter intè­gre pour la pre­mière fois cette année, dans sa 4e pro­mo­tion, deux officiers supérieurs d’active : Thomas Le Gall de Keran­gal et Mar­jo­ry Canonne. Un pre­mier retex…

Marjory & Thomas, pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Thomas : Je suis colonel de l’armée de Terre, saint-cyrien de la pro­mo­tion « Com­man­dant Morin » (1994–1997). À ma sor­tie d’école, j’ai choisi l’arme de l’infanterie, puis rejoint les troupes de marine. J’ai servi alter­na­tive­ment dans des unités opéra­tionnelles en France, en out­re-mer et à l’étranger (en Afrique essen­tielle­ment) et en admin­is­tra­tion cen­trale dans la branche pré­pa­ra­tion de l’avenir. Mon dernier poste opéra­tionnel fut le com­man­de­ment du 6e batail­lon d’infanterie de marine à Libre­ville de 2017 à 2019, une unité spé­cial­isée dans le parte­nar­i­at mil­i­taire opéra­tionnel avec les pays amis de la France en Afrique cen­trale. Spé­cial­iste dans la con­duite des pro­grammes d’armement, j’ai occupé de nom­breuses fonc­tions rel­a­tives à ce domaine très spé­cial­isé. J’aime les activ­ités « nature », rénover ma mai­son de Bre­tagne et dévor­er les romans policiers très som­bres. Je suis mar­ié et père de sept enfants de 22 à 9 ans.

Mar­jo­ry : Je suis cheffe d’escadron de gen­darmerie et j’ai rejoint la direc­tion générale de la Gen­darmerie nationale en 2015, après avoir occupé un pre­mier poste de com­man­de­ment à la tête de la brigade ter­ri­to­ri­ale de Gri­maud dans le Var. Diplômée de l’École de l’air et du mas­tère spé­cial­isé Ingénierie du logi­ciel de Télé­com Paris­Tech, je dirige actuelle­ment le Data­l­ab au sein du Ser­vice des tech­nolo­gies et des sys­tèmes d’information de la sécu­rité intérieure. Jeune maman de deux petits garçons de 2 et 3 ans, je partage avec ma famille ma pas­sion des voy­ages et des sports de montagne.

Comment aviez-vous entendu parler de l’Executive Master ?

Thomas : L’armée de Terre pro­pose depuis quelques années des for­ma­tions de haut de niveau à un cer­tain nom­bre d’officiers, mem­bre du haut encadrement mil­i­taire et ayant été placés en sit­u­a­tion de com­man­de­ment d’un rég­i­ment. Recher­chant des for­ma­tions pour des spé­cial­istes des pro­grammes d’armement et de la pré­pa­ra­tion de l’avenir, notre DRH s’est tournée vers l’X et son Exec­u­tive Mas­ter, très ori­en­té inno­va­tion et tech­nolo­gies inno­vantes. Lorsque cette for­ma­tion m’a été pro­posée, je l’ai perçue comme une for­mi­da­ble oppor­tu­nité de pou­voir m’ouvrir au monde de l’entreprise pour lequel je n’ai qu’une vision par­cel­laire lim­itée à celle des grands groupes tra­vail­lant avec le min­istère des Armées. J’y ai surtout vu une occa­sion unique de per­fec­tion­ner mes con­nais­sances dans le domaine des nou­velles tech­nolo­gies, du man­age­ment et de l’entrepreneuriat. Étant le pre­mier offici­er de l’armée de Terre à par­ticiper à ce pro­gramme, je mesure la chance qui m’est offerte de pro­gress­er tant au niveau per­son­nel qu’au prof­it de l’institution que je sers, et d’ap­porter une vision d’avenir au sein d’une insti­tu­tion qui investit beau­coup pour faire pro­gress­er ses officiers.

Mar­jo­ry : Ayant été admise en novem­bre 2019 au con­cours de l’enseignement supérieur de 2e degré, j’ai eu l’opportunité de pos­tuler à la for­ma­tion de l’Executive Mas­ter de Poly­tech­nique, comme une des for­ma­tions alter­na­tives à l’École de guerre. Cela s’inscrit dans la volon­té de nos dirigeants de diver­si­fi­er les for­ma­tions suiv­ies par les officiers brevetés.

Il y a déjà beaucoup de formations dans les armées, pourquoi faire l’Executive Master à l’X ?

Thomas : L’armée de Terre envoie chaque année quelques officiers du grade de colonel par­ticiper à des pro­grammes de for­ma­tion en France ou à l’étranger. Toute­fois, aucune de ces for­ma­tions ne cor­re­spond au for­mat retenu par l’Executive Mas­ter. L’avantage de cette for­ma­tion est qu’elle se déroule à temps par­tiel et me per­met donc de con­tin­uer d’occuper le poste auquel je suis affec­té. Dans mon cur­sus de car­rière, j’ai déjà effec­tué une for­ma­tion de haut niveau (mas­tère spé­cial­isé de l’École supérieure d’électricité). Ces for­ma­tions ont, me sem­ble-t-il, une durée de valid­ité lim­itée, tant le monde des hautes tech­nolo­gies avance vite. L’idée est donc bien pour l’armée de Terre de dis­pos­er d’officiers à la pointe de l’information, en mesure d’aider à la prise de déci­sion au moment où les l’intérêts de l’armée de Terre sont pri­mor­diaux et où les bud­gets sont comp­tés. L’Executive Mas­ter de l’X répond par­faite­ment à ces besoins et ren­force la crédi­bil­ité de l’institution vis-à-vis du monde civ­il et d’organismes comme la direc­tion générale de l’Armement au sein même du min­istère des Armées.

Mar­jo­ry : Je n’ai pas hésité très longtemps avant de pos­tuler pour l’Executive Mas­ter. Out­re les enseigne­ments de haut niveau pro­posés, qui cor­re­spon­dent à mon domaine d’activité (nou­velles tech­nolo­gies, man­age­ment), cela représen­tait pour moi une ouver­ture d’esprit grâce notam­ment aux autres par­tic­i­pants de la formation.

Qu’est-ce qui vous a marqué ou surpris ?

Thomas : Après six mois passés au sein de la 4e pro­mo­tion, je suis frap­pé par la diver­sité des pro­fils et la mul­ti­plic­ité des com­pé­tences que j’ai pu ren­con­tr­er. L’Executive Mas­ter de l’X est une for­mi­da­ble pépinière d’idées qui foi­son­nent, véhiculées par des par­tic­i­pants ayant une grande soif d’apprendre et de dévelop­per encore leurs com­pé­tences. Ici se côtoient des jeunes entre­pre­neurs, des cadres de PME et de grands groupes et des mem­bres de nos insti­tu­tions. Cer­tains sont en tran­si­tion pro­fes­sion­nelle, d’autres envoyés par leur société pour dévelop­per leur réseau et accéder à des postes à très forte respon­s­abil­ité. Tous ont finale­ment la même moti­va­tion d’aug­menter leur valeur ajoutée et de s’ouvrir à de nou­veaux horizons.

Le point qui m’aura le plus sur­pris reste le style de man­age­ment enseigné à l’X, très sem­blable à celui que l’on trou­ve au sein de l’armée de Terre, con­fir­mant bien que nous nous trou­vons dans une école mil­i­taire. Par­faite­ment trans­pos­able au monde de l’entreprise, ce style de man­age­ment a été accueil­li par l’ensemble des par­tic­i­pants très pos­i­tive­ment. Finale­ment, les méth­odes qui marchent sont universelles.

Mar­jo­ry : Je suis par­ti­c­ulière­ment mar­quée par un fort esprit de pro­mo­tion qui règne au sein de ce pro­gramme, mal­gré un rythme de for­ma­tion en temps par­tiel. Les échanges entre les par­tic­i­pants sont nom­breux, pen­dant les semaines de for­ma­tion mais égale­ment entre ces péri­odes, et ils sont d’autant plus rich­es que les hori­zons d’origine de cha­cun sont très divers.

Pensez-vous qu’il sera possible de transposer dans vos contextes respectifs les contenus traités dans le programme ?

Thomas : Presque tous les jours, il me faut trans­pos­er les con­tenus du pro­gramme dans mes divers­es fonc­tions. En effet, je touche quo­ti­di­en­nement à des notions tech­niques et des con­nais­sances qui sont abor­dées au sein de la for­ma­tion. Aus­si me faut-il appréci­er les inno­va­tions qui peu­vent être repris­es dans les nou­veaux sys­tèmes d’armes en cours d’acquisition et iden­ti­fi­er celles qui ont du sens pour les sol­dats engagés en opérations.

Je note que cette for­ma­tion développe énor­mé­ment la curiosité. Les sujets abor­dés ouvrent des per­spec­tives nou­velles qui don­nent envie d’aller plus loin. De plus, il nous est per­mis d’accéder à des mines d’informations fab­uleuses nous per­me­t­tant d’approfondir tous ces domaines complexes.

Mar­jo­ry : Bien sûr, l’innovation est aujourd’hui un des piliers impor­tants de la Gen­darmerie et l’esprit d’entrepreneuriat insuf­flé dans ce pro­gramme peut tout à fait s’adapter et se trans­pos­er au sein de notre insti­tu­tion. J’ai d’ailleurs déjà eu l’occasion d’utiliser cer­tains enseigne­ments dans mon tra­vail actuel et il ne fait nul doute que je mobilis­erai les com­pé­tences dévelop­pées pen­dant cette for­ma­tion lors de mes futurs postes.

Par ailleurs, il est très intéres­sant de con­fron­ter les méth­odes mil­i­taires de com­man­de­ment et de raison­nement tac­tique aux tech­niques de man­age­ment et de stratégie dévelop­pées au cours de cette formation.

Comment les autres participants vous ont-ils perçus ?

Thomas : L’intégration dans le groupe s’est plutôt faite assez facile­ment. C’est essen­tielle­ment grâce à l’ensemble des par­tic­i­pants, qui voit dans la présence d’un mil­i­taire une expéri­ence sin­gulière intéres­sante. De mon côté, mes cama­rades m’offrent une ouver­ture à des univers que je côtoie peu dans mon envi­ron­nement pro­fes­sion­nel et qui sont une véri­ta­ble source d’enrichissement. L’alchimie s’est par­faite­ment faite. C’est en échangeant avec les mem­bres de la pro­mo­tion que nous tirerons le meilleur prof­it de cette formation.

Mar­jo­ry : Les pro­fils des dif­férents par­tic­i­pants sont extrême­ment var­iés et je n’ai pas eu l’impression d’être perçue dif­férem­ment des autres lors de ces pre­miers mois. Nous avons tous une expéri­ence riche à apporter et à partager !

Une suggestion pour des collègues officiers qui voudraient s’engager ?

Thomas : N’hésitez pas ! L’Executive Mas­ter de l’X per­met surtout de décou­vrir des nou­veaux modes de pen­sée, des nou­velles façons de réfléchir qui ouvrent des per­spec­tives extrême­ment larges dans des domaines très var­iés. Le chal­lenge à relever est de taille et le corps pro­fes­so­ral est d’une telle qual­ité qu’il nous fait partager sa pas­sion pour les nou­velles tech­nolo­gies, nous per­me­t­tant de nous appro­prier les enseigne­ments sans dif­fi­culté. Les sujets et thèmes abor­dés sont très divers, assez tech­niques toute­fois mais à la portée de tous. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur les com­pé­tences de cha­cun des par­tic­i­pants. Il y en a tou­jours un qui a une plus-val­ue à apporter et qui clar­i­fie une sit­u­a­tion com­pliquée. Vous l’avez donc com­pris, l’esprit de la pro­mo­tion repose sur l’entraide et la cama­raderie. Tous ont la même moti­va­tion et le souhait d’appartenir à la grande famille des polytechniciens.

“Foncez et investissez-vous à fond !

Mar­jo­ry : Fon­cez et investis­sez-vous à fond si vous êtes sélec­tion­nés ! C’est un pro­gramme exigeant mais extrême­ment enrichissant, tant sur le plan des enseigne­ments que sur celui des inter­ac­tions avec les autres par­tic­i­pants et l’équipe de l’Executive Master.

Un mot, un seul pour résumer cette expérience en cours ?

Thomas : Stimulant !

Mar­jo­ry : Pas­sion­nant !

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