Naissance des sciences du monde moderne

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°676 Juin/Juillet 2012Par : Henri GERVET (56)Rédacteur : Georges DOBIAS (56)Editeur : Paris – Éditions Thélès – 2011 - 11, rue Marcel, 75010 Paris, tél. : 01 40 20 09 10.

Couverture des sciences du monde moderne

Hen­ri Gervet a man­i­festé un intérêt pour l’histoire com­parée des civil­i­sa­tions à la suite de ses nom­breux séjours pro­fes­sion­nels et voy­ages cul­turels hors d’Europe. L’ambition de cet essai est de répon­dre à la ques­tion : pourquoi et com­ment les sci­ences et les tech­niques du monde mod­erne sont-elles nées en Europe ?

La réponse apportée est net­te­ment plus détail­lée con­cer­nant les sci­ences que les tech­niques. L’argumentaire s’appuie sur l’histoire de trois civil­i­sa­tions recon­nues pour leurs apports au développe­ment des sci­ences : le monde grec, puis le monde arabe et enfin l’Europe à par­tir du XIVe siè­cle. Il décrit de manière appro­fondie l’état des sci­ences au cours de ces trois péri­odes en dres­sant un panora­ma des hommes qui ont apporté de nou­velles con­nais­sances dans les mul­ti­ples domaines de la sci­ence, math­é­ma­tiques, physique, astronomie, médecine, botanique. L’Égypte et la Mésopotamie sont sim­ple­ment évoquées.

Il est vrai que l’on manque claire­ment d’informations sur l’état de la sci­ence dans ces civil­i­sa­tions, même si l’on sait que les Grecs d’Asie mineure s’en sont inspirés. Hen­ri Gervet recherche, pour cha­cune de ces trois péri­odes fastes, les con­di­tions qui ont per­mis ces avancées, d’abord dans les cités grec­ques d’Asie mineure, puis en Égypte ptolé­maïque, entre 300 BC et 270 AD, dans le monde arabe de Bag­dad à Cor­doue par Le Caire, entre 800 et 1250 et enfin l’Europe occi­den­tale entre le XVIe et le XXe siè­cle. Il fait ressor­tir quelques car­ac­téris­tiques com­munes qui peu­vent expli­quer la fécon­dité des trois situations.

Citons, sans être exhaus­tif, le goût de l’échange et du débat des idées, goût lié à la cul­ture et au nom­bre de per­son­nes éduquées, l’intérêt porté aux autres cul­tures passées et voisines, une ambiance de lib­erté d’expression procurée par une démoc­ra­tie urbaine, l’existence de lieux d’enseignement et d’échanges, le Mouséion d’Alexandrie, les maisons du savoir de Bag­dad, du Caire et la bib­lio­thèque de Cor­doue, les uni­ver­sités ital­i­ennes du XVIe siè­cle puis la Roy­al Soci­ety de Lon­dres et les Académies des sci­ences de Paris et Berlin au XVIIe siècle.

La sit­u­a­tion en Europe se car­ac­térise égale­ment par trois points : le développe­ment de la méth­ode expéri­men­tale qui met fin aux dogmes, un esprit cri­tique n’hésitant pas à remet­tre en cause des idées reçues, par exem­ple, en astronomie, la sit­u­a­tion de la Terre dans le sys­tème solaire et enfin un esprit d’entreprise entraî­nant le développe­ment des tech­niques. Les argu­ments dévelop­pés dans cet essai sont con­va­in­cants. Ils sont pré­cis, par­faite­ment doc­u­men­tés et on y apprend beau­coup. Une des grandes leçons qu’on en tire est que les sit­u­a­tions évolu­ent dans le temps, même s’il s’agit d’un temps très long.

Les États-Unis et la Chine, plus récem­ment, n’ont-ils pas pris la relève de l’Europe ?

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