Michel Thérenty (30)

Dossier : ExpressionsMagazine N°583 Mars 2003Par : Michel MULTRIER (30)

Thé­ren­ty est sans doute un des plus com­plets de nos cama­rades : on le découvre en lisant ses Mémoires qu’il avait ini­tia­le­ment réser­vés à six cocons nom­mé­ment dési­gnés. Lui-même, comme en prin­cipe tout X, est poly­va­lent. Il écrit : « Tout compte fait ces deux matières ensei­gnées à l’X : artille­rie, équi­ta­tion, furent dans mes car­rières pro­fes­sion­nelles suc­ces­sives bien plus valables que tous les autres cours de l’X. »

La pre­mière en date de ces car­rières est l’é­qui­ta­tion qui le condui­sit au cours de per­fec­tion­ne­ment de Sau­mur où, pen­dant un an, cha­cun a cinq che­vaux de dif­fé­rents niveaux à mon­ter et dresser.

En 1939–1940 il com­mande une bat­te­rie de 75 hip­po­mo­biles de la 14e DI que com­mande de Lattre, pre­mière ren­contre. Com­bats à Rethel puis repli jus­qu’à Riom. Pour ne pas avoir à sup­por­ter les occu­pants, il se fait affec­ter en Algé­rie et par­ti­cipe ain­si à la cam­pagne de Tuni­sie, février-mai 1943. Court pas­sage à l’EM du géné­ral Juin. Cours d’EM à Rabat. Puis EM de la pre­mière armée que de Lattre met sur pied pour débar­quer en Pro­vence. Débar­que­ment à Saint-Tro­pez, prise de Tou­lon, remon­tée du Rhône, Alsace du Sud. Chef d’es­ca­dron en décembre 1944 il com­mande le III/64e RAA : trois bat­te­ries de six canons auto­mo­teurs de 105 et c’est la revanche ! le fran­chis­se­ment du Rhin au nord de Stras­bourg, l’en­cer­cle­ment par le Nord des forces alle­mandes de Forêt-Noire, l’a­vance le long de la rive nord du lac de Constance jus­qu’en Autriche.

Après l’é­cole de Guerre il est affec­té à l’EM de Centre-Europe à Fon­tai­ne­bleau, aux ordres du géné­ral Juin. « Les années pas­sées auprès de ce chef émi­nent, atta­chant et très humain qui m’a offert, jusque dans ma vie pri­vée, tant de témoi­gnages de sa bien­veillante ami­tié, consti­tuent pour moi une mer­veilleuse période de ma car­rière mili­taire. »

Ses qua­li­tés, ses états de ser­vice, l’es­time des deux maré­chaux garan­tis­saient alors à Thé­ren­ty d’être le géné­ral d’ar­mée de la pro­mo­tion s’il devait y en avoir un.

Pro­mu colo­nel en 1956, il est de 1958 à 1961 atta­ché mili­taire à Anka­ra puis il est affec­té en Algé­rie. Il est adjoint à un com­man­dant de zone et char­gé de diverses mis­sions laté­rales dont les auto­dé­fenses ; ce sont des vil­lages qui coopèrent avec nous et que nous avons armés pour qu’ils puissent assu­rer eux-mêmes leur sécurité.

À Évian, la France qui veut abou­tir à tout prix cède de plus en plus et se contente de pro­messes en ce qui concerne le sort des vil­lages qui s’é­taient ral­liés à nous. Ils étaient livrés à la vin­dicte des nou­veaux maîtres de l’Al­gé­rie. Thé­ren­ty ne pou­vait y remé­dier, il ne vou­lait l’ap­prou­ver, il ne com­man­dait aucune troupe, il donne sa démis­sion. Son géné­ral qui le réprouve pres­crit au poste de garde de son PC de ne pas saluer ce civil.

Quand Thé­ren­ty rejoint Alger, un groupe d’ar­tille­rie, déployé le long de la route, lui rend les hon­neurs. Dès le 1er mars 1962, sans avoir chô­mé un seul jour, il est embau­ché à l’UCB (Union de Cré­dit pour le Bâti­ment) socié­té du groupe de la Com­pa­gnie ban­caire, dont le direc­teur adjoint a été lieu­te­nant orien­teur au III/64. Il y réus­sit bien, suc­ces­si­ve­ment secré­taire géné­ral, ins­pec­teur géné­ral et contrô­leur géné­ral. Sa deuxième retraite inter­vient le 31 décembre 1976. Elle est bien employée, il enre­gistre des livres pour les aveugles : 250 en douze ans.

Pen­dant des années il fait deux voyages par an, sou­vent avec les « Amis de l’O­rient ». Après cha­cun il confec­tionne un gros album avec pho­tos, cartes pos­tales et de mul­tiples docu­ments. Ils consti­tuent de remar­quables expo­sés très com­plets sur cha­cun de ces pays.

À défaut des cais­siers (décé­dés ou empê­chés) il prend peu à peu leur place et s’oc­cupe avec vigi­lance de réta­blir une réunion annuelle qui devient « magnan de pro­mo » accom­pa­gné d’un astu­cieux concours qu’il renou­velle chaque année.

Hélas, il nous a quit­tés, qui pour­rait le remplacer ?

Poster un commentaire