Louis-Christian Michelet (37)

Louis-Christian MICHELET (37), grand témoin d’un siècle tourmenté

Dossier : TrajectoiresMagazine N°726 Juin/Juillet 2017Par : Henri de WAILLY

L’itinéraire très orig­i­nal de ce grand sol­dat est peut-être unique dans l’histoire de l’armée.

Jeune artilleur sor­ti de l’École poly­tech­nique à la veille de la guerre, il tire, au sud de Sedan, sur les for­ti­fi­ca­tions de la ligne Mag­inot pour en chas­s­er les assaillants. 

L’armistice con­clu, il choisit l’obéissance mais demande à par­tir pour la Syrie où il sert sous les ordres du général Dentz, puis en Algérie. Comme il se trou­ve en per­mis­sion en France lors du débar­que­ment allié, il passe par l’Espagne et ses pris­ons pour rejoin­dre son unité qui intè­gre la 1ère armée. 

Avec elle, il com­mande en Ital­ie une unité d’artillerie blind­ée. Après le débar­que­ment de Provence, il par­ticipe aux com­bats de Toulon, remonte le Rhône, et livre devant Col­mar un com­bat frontal avec des blind­és alle­mands, qu’il détruit. 

DE LA CORÉE À L’ALGÉRIE

La guerre finie, il suit coup sur coup les cours de l’École d’application de l’artillerie, de l’École nationale supérieure de l’armement, de l’École d’état-major, puis il part aux États-Unis dont il revient breveté d’état-major (USA), et cer­ti­fié de l’Ord­nance Offi­cer Advanced Course.

De retour à Paris, il suit les cours de l’École de guerre. Par­faite­ment for­mé aux méth­odes améri­caines, il part alors pour la Corée comme offici­er de liai­son entre les troupes français­es et le com­man­de­ment américain. 

En désac­cord avec la poli­tique française en Algérie où il sert depuis deux ans, il donne sa démis­sion en 1957. 

UN PALMARÈS TRÈS LARGE

Le palmarès de diplômes et décorations de Louis-Christian Michelet est peu commun : commandeur de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, Croix de guerre 39–45 TOE – France 1940, Italie 1943, Allemagne 1944, Corée 1946… – ornées de plusieurs palmes et d’étoiles, Silver Star Medal et Bronze Star américaines, École nationale supérieure de l’armement, diplômé du Command and General Staff College américain (Fort Leavenworth).

RETOUR À LA VIE CIVILE

Louis-Chris­t­ian Michelet com­mence une sec­onde car­rière dans l’automobile comme directeur à la Cham­bre syn­di­cale des con­struc­teurs auto­mo­biles (1959–1967), puis comme directeur général de l’UTAC (Union tech­nique de l’automobile, du moto­cy­cle et du cycle) (1967- 1983). 

“ Historien scrupuleux, cet auteur bilingue base ses études sur une très large documentation ”

Puis se lance dans une troisième car­rière en prenant sa retraite : devenu doc­teur en his­toire de l’université de Poitiers, il pub­lie plusieurs ouvrages sur le con­flit mon­di­al, l’armée d’Afrique du Nord et la cam­pagne de Tunisie. His­to­rien scrupuleux, cet auteur bilingue base ses études sur une très large documentation. 

Son livre de sou­venirs, La Flamme de la Revanche, con­stitue un témoignage impor­tant qui aide à com­pren­dre cer­tains aspects d’une époque de con­tro­ver­s­es et son dernier ouvrage, La légende gaulli­enne, lui a valu quelques réac­tions hostiles. 

Mais ses travaux très ren­seignés témoignent d’une doc­u­men­ta­tion large et précise. 

Ceux qui ont con­nu cette per­son­nal­ité émi­nente gar­dent le sou­venir d’un homme affa­ble et accueil­lant qui eut la chance de con­serv­er jusqu’au bout une mémoire extra­or­di­naire et une grande lucidité. 

La Flamme de la Revanche, livre de Louis-Christian Michelet

La légende gaullienne, livre de Louis-Christian Michelet

Commentaire

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BERNARD ZELLERrépondre
23 juin 2017 à 8 h 42 min

Louis-Chris­t­ian Michelet
Il est heureux de trou­ver dans “La Jaune et la Rouge” un arti­cle sur Louis-Chris­t­ian Michelet, arti­cle qui met bien en valeur les divers aspects de la per­son­nal­ité de notre cama­rade : chef avisé au com­bat et his­to­rien exigeant. Merci.

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