Jean-Claude Dumont

Jean-Claude Dumont (64), l’âme des grands chantiers culturels

Dossier : TrajectoiresMagazine N°768 Octobre 2021
Par Alan-John BRYDEN (64)

Décé­dé le 13 juin 2021, Jean-Claude Dumont a diri­gé de nom­breux et pres­ti­gieux chan­tiers, en par­ti­cu­lier dans le sec­teur cultu­rel qu’il a mar­qué de son passage.

Né en 1944 et ori­gi­naire de Luber­sac en Cor­rèze, Jean-Claude était fier de ses racines. Son père était ins­pec­teur des P&T. Après des études au lycée Laka­nal à Sceaux et une pré­pa au lycée Hen­ri-IV, il intègre l’X en 1964. Membre de la Khô­miss, de tem­pé­ra­ment convi­vial et ima­gi­na­tif, il contri­bue acti­ve­ment au folk­lore polytechnicien.

À sa sor­tie, il béné­fi­cie de la pre­mière « botte coopé­ra­tion ». Après son ser­vice mili­taire dans la cava­le­rie, à l’École de cava­le­rie de Sau­mur, puis en Alle­magne, cette option lui per­met d’intégrer l’École natio­nale des ponts et chaus­sées dont il était diplô­mé ingé­nieur civil, puis de par­tir à Dakar (Séné­gal) où il fait ses pre­mières armes dans la construc­tion de grands ensembles. À son retour en France, il intègre l’équipe diri­geante de la socié­té d’aménagement des Halles (la Semah) jusqu’à l’achèvement de ce chan­tier immense et com­plexe en 1988. Pen­dant cette période, il contri­bue aus­si à la réno­va­tion de la gare Mont­par­nasse et à la créa­tion de son célèbre « Jar­din atlantique ».

Des Halles au Louvre

Fort de cette expé­rience, il est nom­mé direc­teur géné­ral de l’Établissement public du Grand Louvre puis, en 1998, pré­sident de l’Établissement public de maî­trise d’ouvrage des tra­vaux cultu­rels (Émoc), nou­vel­le­ment créé pour cen­tra­li­ser la maî­trise d’ouvrage de tous les grands pro­jets rele­vant du minis­tère de la Culture. Il a ain­si la res­pon­sa­bi­li­té de chan­tiers pres­ti­gieux, tech­ni­que­ment com­plexes et poli­ti­que­ment sen­sibles : le Grand Louvre, la pas­se­relle Sol­fé­ri­no, le jar­din des Tui­le­ries, le musée des Arts déco­ra­tifs , le théâtre de l’Odéon, le pavillon Amont du musée d’Orsay, le musée de l’Orangerie, les nou­velles Archives natio­nales de Paris à Pier­re­fitte-sur-Seine et la réno­va­tion de leurs anciens locaux de la Biblio­thèque natio­nale, la Ciné­ma­thèque fran­çaise à Ber­cy, la Cité de l’architecture et du patri­moine au palais de Chaillot, le Centre natio­nal de la danse à Pan­tin, le Grand Com­mun et l’Opéra royal du châ­teau de Ver­sailles, l’immeuble des Bons-Enfants du minis­tère de la Culture, les Écoles d’architecture de Nantes et Paris-Val de Seine, l’université Paris-Dide­rot Paris-VII, le Théâtre impé­rial du châ­teau de Fon­tai­ne­bleau, le Mucem à Mar­seille et des dizaines d’autres à Paris ou dans les régions. Appré­cié pour sa pro­bi­té, son expé­rience et ses com­pé­tences, il est renou­ve­lé à la pré­si­dence de l’Émoc jusqu’à sa retraite en 2010. Après sa retraite, ses conseils conti­nuèrent d’être sol­li­ci­tés, notam­ment pour le Grand Audi­to­rium de la Mai­son de la Radio et pour la Philharmonie.

Il aura ain­si, pen­dant plus de trente ans, mar­qué la plu­part des réa­li­sa­tions et des réno­va­tions de grands ouvrages à voca­tion cultu­relle de notre pays.

Un esprit éclectique

Catho­lique, pro­fon­dé­ment croyant, il s’intéressait à toutes les reli­gions et à toutes les cultures, et son éru­di­tion dans ces domaines était grande, au point d’avoir contri­bué à de nom­breuses rubriques sur Wikipédia.

Avec son épouse Véro­nique, ils ont eu trois filles et sept petits-enfants. Jean-Claude, grand voya­geur sur terre et sur mer, a sillon­né le monde et aucun obs­tacle ne lui résis­tait : « Ça passe ! » disait-il, qu’il s’agisse de cou­per en voi­lier la route d’un tan­ker ou de s’engager en cam­ping-car dans une périlleuse route de mon­tagne ! Il repose à l’ombre de l’église de l’Île-aux-Moines dans le golfe du Mor­bi­han, à deux pas de la mai­son de « capi­taine » qu’il avait acquise pour accueillir sa nom­breuse descendance.

Bien que la revue évite de men­tion­ner les déco­ra­tions, je me dois de rap­pe­ler qu’il a été nom­mé com­man­deur dans l’ordre des Arts et des Lettres, ce qui est assez rare par­mi les X pour être signalé. 

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