L’industrie nucléaire deux ans après Fukushima

Dossier : L’industrie nucléaire après FukushimaMagazine N°686 Juin/Juillet 2013
Par Bernard SALHA (X81)

Le 11 mars 2011, un fort trem­ble­ment de terre, sui­vi d’un raz-de-marée, cau­sait plus de 20 000 morts au Japon. Le pays n’avait su ni pré­voir une telle catas­trophe, ni se pro­té­ger. La cen­trale de Fuku­shi­ma se révé­lait insuf­fi­sam­ment pro­té­gée, pro­vo­quant les dom­mages que l’on sait.

Dom­mages humains, fort heu­reu­se­ment limi­tés en nombre, même s’ils sont inac­cep­tables. Dom­mages éco­no­miques majeurs, entraî­nant une très forte inquié­tude dans l’opinion natio­nale et inter­na­tio­nale, l’arrêt de toutes les cen­trales nucléaires japo­naises, des res­tric­tions d’électricité et de coû­teuses impor­ta­tions de fioul, gaz et char­bon, et, sur­tout, un vaste ter­ri­toire désor­mais inter­dit à la popu­la­tion pour pro­ba­ble­ment une dizaine d’années au moins.

Deux ans après cet acci­dent majeur, où en est l’industrie nucléaire, tout par­ti­cu­liè­re­ment en France ? C’est le troi­sième acci­dent majeur que vit notre indus­trie. Three Miles Island, en 1979, avait entraî­né l’arrêt de nou­velles construc­tions de cen­trales aux États-Unis. Tcher­no­byl, qui a heur­té les sen­si­bi­li­tés de plu­sieurs pays euro­péens, est une des causes pro­fondes du désen­chan­te­ment et de l’arrêt du nucléaire en Alle­magne. Qu’en sera-t-il de Fukushima ?

Les consé­quences en France touchent d’abord les réac­teurs exis­tants. Les exploi­tants, res­pon­sables, sous le contrôle vigi­lant d’une auto­ri­té de sûre­té désor­mais indé­pen­dante, ont entre­pris un pro­gramme de mise à niveau des ins­tal­la­tions. L’agression majeure n’est plus seule­ment un acci­dent interne à un réac­teur, mais aus­si un phé­no­mène externe. Les mesures à adop­ter pré­voient notam­ment des moyens de secours exté­rieurs aux équipes du site qui serait acci­den­té. S’y ajoutent les tra­vaux de moder­ni­sa­tion des réac­teurs, sur un parc qui atteint presque, en moyenne, la tren­taine d’années.

Dans le champ de l’acceptabilité, des pro­grès réels sont obser­vés sur la ques­tion sen­sible des déchets radio­ac­tifs. Notre indus­trie pré­pare une solu­tion durable, réver­sible à court terme.

Fuku­shi­ma a bien entraî­né un ralen­tis­se­ment des nou­velles construc­tions, mais de nom­breux pro­jets sont tou­jours en cours. Les réac­teurs de « géné­ra­tion III », qui intègrent dès leur concep­tion la maî­trise d’une fusion du cœur du réac­teur, pren­dront le pas là où de nou­velles construc­tions seront déci­dées, en France ou dans le monde. L’exploration de nou­veaux modèles qui rompent avec les concep­tions plus clas­siques, comme les small modu­lar reac­tors ou la « géné­ra­tion IV », montre que l’industrie pré­pare aus­si son avenir.

Fuku­shi­ma crée une vraie remise en ques­tion, mais n’est-ce pas là le propre de notre indus­trie que de savoir faire face ? Aux indus­triels de conti­nuer à faire pro­gres­ser le nucléaire aux côtés des éner­gies renou­ve­lables et à l’écoute des opi­nions publiques, avec humi­li­té et responsabilité.

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