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Recruter et former

Dossier : L’industrie nucléaire après FukushimaMagazine N°686 Juin/Juillet 2013
Par André EINAUDI

Entre une cat­a­stro­phe, celle de Fukushi­ma, que per­son­ne ne veut voir se repro­duire, et un parc nucléaire qui doit pré­par­er durable­ment son avenir, EDF est amenée à mul­ti­pli­er les nou­veaux con­trats. Pour les indus­triels sol­lic­ités, l’enjeu majeur reste celui du recrute­ment et de la for­ma­tion qu’il fau­dra men­er pour répon­dre avec excel­lence à ces mis­sions. C’est ce qui a con­duit à l’initiative d’un club fédérant les entre­pris­es du secteur con­fron­tées au même défi.

REPÈRES
Après la cat­a­stro­phe de Fukushi­ma, le gou­verne­ment français demandait un audit à l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) por­tant sur les risques d’inondation, de séisme, de perte des ali­men­ta­tions élec­triques et de perte du sys­tème de refroidisse­ment, ain­si que sur la ges­tion opéra­tionnelle des sit­u­a­tions accidentelles.
Il s’agissait de pass­er au crible 79 instal­la­tions jugées pri­or­i­taires, dont les 58 réac­teurs nucléaires exploités par EDF et le réac­teur EPR en cours de construction.
D’où d’importants con­trats de mod­i­fi­ca­tion des cen­trales, pour lesquels l’industrie française est sollicitée.

Des enjeux de taille

Les appels d’offres lancés dans le cadre des audits post-Fukushi­ma comme du « grand caré­nage » con­duisent à des con­trats se chiffrant en mil­lions d’euros : mise en place de DUS (Diesel ultime sec­ours : groupes élec­trogènes capa­bles de pren­dre le relais pen­dant soix­ante-douze heures dans les bâti­ments étanch­es qui auraient besoin d’être noyés), mod­i­fi­ca­tions de tuyau­terie et de gaines de ven­ti­la­tion, rem­place­ment des généra­teurs de vapeur (RGV) sur les équipements de 900 MW et sur ceux de 13 000 MW. Ces derniers con­trats por­tent sur la péri­ode 2015–2018.

D’importants besoins humains

Prou­ver que nos entre­pris­es sont capa­bles de relever les défis de l’après- Fukushima

Ces con­trats ne riment pas seule­ment avec crois­sance du chiffre d’affaires. Ils néces­si­tent aus­si et surtout, pour être hon­orés, le recrute­ment de nou­veaux col­lab­o­ra­teurs. Une très bonne nou­velle au regard du marché de l’emploi qui ne cesse de faire grise mine, mais une lourde tâche pour les indus­triels. D’où la créa­tion d’un « Club des entre­pris­es de France », des­tiné à fédér­er les prin­ci­paux opéra­teurs du nucléaire, pour prou­ver à EDF et au gou­verne­ment français que ces entre­pris­es sont capa­bles de relever les défis de l’après-Fukushima.

Des emplois attractifs

Recrute­ments à la chaîne
Dans la fil­iale nucléaire d’Ortec, on prévoit de recruter 500 per­son­nes, à l’échéance 2015, dont 150 dès 2013. Il fau­dra des soudeurs, des tuyau­teurs, des mon­teurs levageurs, mais aus­si du per­son­nel d’encadrement, des chefs d’équipes, des pré­para­teurs, des chargés d’affaires, des chefs de pro­jets, des directeurs d’agence, etc.
Dans la fil­iale ingénierie, on embauche chaque jour deux à trois per­son­nes expéri­men­tées, notam­ment des pro­fils d’ingénieurs.

La durée des con­trats con­clus avec EDF et leur nature per­me­t­tent de pro­pos­er au per­son­nel recruté une gamme de métiers diver­si­fiés et intel­lectuelle­ment stim­u­lants, avec des per­spec­tives de mobil­ité interne et des ancrages régionaux égale­ment attirants.

C’est ce qui nous a amenés à met­tre en place une cel­lule de recrute­ments spé­ci­fiques en investis­sant dans la for­ma­tion des équipes. En effet, nom­bre de nou­velles recrues ne vien­dront pas du nucléaire et seront, bien sûr, for­mées aux exi­gences du secteur.

Des investissements en milliards d’euros

Le con­texte claire­ment annon­cé du pro­jet EDF de « grand caré­nage » et les inci­dences de Fukushi­ma, qui représen­tent plusieurs mil­liards d’euros d’investissement, vont mod­i­fi­er le paysage français en ter­mes de besoins indus­triels à met­tre en œuvre sur une péri­ode qui va démar­rer dès 2013, et dont les dernières opéra­tions seraient autour de 2025 avec une étape impor­tante en 2018.

La mon­tée en puis­sance sera rapi­de tant en réal­i­sa­tions qu’en études. Cette vis­i­bil­ité est une chance pour les entre­pris­es français­es. Elle est aus­si un défi, et EDF peut s’interroger légitime­ment sur la capac­ité des acteurs du nucléaire français à faire face à la forte activ­ité pro­gram­mée. C’est pourquoi des indus­triels français, faisant le choix d’une démarche coor­don­née en écho aux inci­ta­tions du rap­port Rous­se­ly, ont lancé un « Club France des entre­pris­es du nucléaire ».

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Un engagement à long terme

Sur la base d’une expres­sion plus pré­cise des besoins d’EDF sur la péri­ode, ces indus­triels se sont engagés à recruter et for­mer des opéra­teurs spé­cial­isés, tech­ni­ciens et ingénieurs, en nom­bre suff­isant, aus­si bien dans le domaine des études que dans celui des travaux. Les pre­mières analy­ses con­fir­ment que des investisse­ments humains impor­tants vont être nécessaires.

10 000 emplois en jeu
Pour répon­dre aux besoins exprimés par EDF, les indus­triels esti­ment qu’il y a 10 000 emplois à créer au total.
EDF pense, si néces­saire, faire appel à des acteurs étrangers. Le club créé par les entre­pris­es français­es du nucléaire vise à mon­tr­er que, si EDF leur donne suff­isam­ment de vis­i­bil­ité, elles pour­ront recruter et for­mer du per­son­nel pour répon­dre à sa demande, en priv­ilé­giant ain­si les emplois français.

Plusieurs actions seront engagées sans tarder : offres d’emploi auprès d’écoles for­mant aux métiers du nucléaire, ren­force­ment du com­pagnon­nage, embauch­es et for­ma­tion de per­son­nes en recherche d’emploi, parte­nar­i­ats avec des entre­pris­es locales, migra­tion vers le nucléaire de tal­ents issus d’autres fil­ières, com­mu­ni­ca­tion pour val­oris­er la fil­ière du nucléaire, etc.

Le « Club France des entre­pris­es du nucléaire » a présen­té son pro­jet glob­al aux prin­ci­paux respon­s­ables d’EDF et à sa direc­tion générale. Cette dernière s’est félic­itée de « cet engage­ment aux côtés d’EDF qui fait face au défi de con­tin­uer à pro­duire une élec­tric­ité sûre, disponible, acces­si­ble et décarbonée ».

Préserver le jeu de la concurrence

L’engagement sur la capac­ité indus­trielle à réalis­er cette charge, la garantie des délais et le niveau de prix cohérent (avec l’assurance de qual­ité req­uise) seront pri­mor­diaux. C’est claire­ment une des pri­or­ités des entre­pris­es mem­bres du « Club France des entre­pris­es du nucléaire ».

Nom­bre de nou­velles recrues ne vien­dront pas du nucléaire

Cette démarche n’empêchera en rien la libre con­cur­rence et des approches dif­férentes par ces entre­pris­es sur la vie des affaires quo­ti­di­ennes. Une fois ces engage­ments avec EDF mis en place, cha­cun sera libre d’organiser son activ­ité seul ou via des sché­mas indus­triels spécifiques.

La France dis­pose du plus grand « parc de pro­duc­tion nucléaire » d’Europe. Elle peut mon­tr­er au monde qu’EDF est capa­ble d’assumer avec l’ensemble des indus­triels français la tâche de le ren­dre et de le main­tenir tou­jours plus sûr et performant.

ORTEC, entre­prise de ser­vices indus­triels dédiée à l’industrie, l’énergie et l’environnement, emploie 6 000 per­son­nes pour un chiffre d’affaires de 800 M€ réal­isés dans 80 agences en France et 20 fil­iales dans 16 pays. Sa fil­iale Orys, spé­cial­isée dans le nucléaire et l’énergie, rassem­ble 600 collaborateurs.

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