Exemples d’objets personnalisés par la technologie d’AnatoScope.

L’impression 3D, un marché qui a de l’avenir !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°757 Septembre 2020
Par François FAURE

Aujourd’hui, le marché des impres­sions 3D est en plein essor. Il existe désor­mais de nom­breuses tech­nolo­gies qui per­me­t­tent de pro­duire facile­ment des appareil­lages per­son­nal­isés, par impres­sion 3D. Anato­Scope est une référence dans ce secteur. Éclairage de François Fau­re, CEO d’AnatoScope.

Quel est le principe et quel est l’avantage de l’impression 3D ?

Cette tech­nique per­met de fab­ri­quer un objet à par­tir d’un fichi­er numérique selon le procédé de fab­ri­ca­tion addi­tive. Un mod­èle numérique représen­tant la sur­face d’un objet est coupé en de mul­ti­ples tranch­es fines, que l’imprimante 3D matéri­alise couche par couche, par dépôt de matière ou solid­i­fi­ca­tion à l’aide d’une source d’énergie.

L’impression est réal­is­able en divers polymères, cires, ou même métal, céramique et béton. Cette approche a deux avan­tages fon­da­men­taux sur les tech­niques tra­di­tion­nelles d’usinage ou moulage : tout d’abord elle per­met des formes très com­plex­es, comme des struc­tures alvéo­laires ou des enchevêtrements tridi­men­sion­nels. Et en plus, elle facilite la fab­ri­ca­tion uni­taire puisqu’elle ne néces­site ni moule ni mon­tage d’usinage.

Quels sont ses facteurs clés et tendances dans le marché de la santé ?

La fab­ri­ca­tion uni­taire per­met de pro­duire des appareil­lages per­son­nal­isés d’après la mor­pholo­gie et le traite­ment du patient. Actuelle­ment les appli­ca­tions les plus répan­dues de l’impression 3D en san­té sont prob­a­ble­ment les guides de coupe, pour aider le chirurgien à réalis­er pré­cisé­ment son plan opéra­toire, et les aligneurs trans­par­ents pour traite­ments ortho­don­tiques. Ces gout­tières invis­i­bles, qui rem­pla­cent avan­tageuse­ment les cro­chets inesthé­tiques, sont fab­riquées par ther­mo­for­mage sur des moules imprimés en 3D représen­tant les dents du patient dans l’alignement voulu.

L’industrialisation d’un tel procédé serait impos­si­ble sans les imp­ri­mantes 3D. Des dents pro­thé­tiques imprimées en 3D com­men­cent aus­si à être util­isées, mais l’esthétique n’est pas encore au niveau des céramiques laquées.

La pro­duc­tion d’implants osseux est pra­tiquée depuis plusieurs années, mais reste un marché rel­a­tive­ment modeste.

Des endo-pro­thès­es vas­cu­laires com­men­cent à voir le jour. D’une manière générale, la baisse du coût de fab­ri­ca­tion va per­me­t­tre de généralis­er l’usage de l’impression 3D à des pièces de plus grande taille, comme les appareil­lages orthopédiques.

L’apparition de matéri­aux bio-résorbables imprimables ouvre la per­spec­tive de répar­er les tis­sus mous, comme la poitrine, avec des pro­thès­es aux formes per­son­nal­isées et qui seront pro­gres­sive­ment rem­placées par les tis­sus biologiques de la personne.

On assiste donc à une transition du manuel au numérique…

Les pro­thé­sistes tra­di­tion­nels sculptent une repro­duc­tion en plâtre du patient, obtenue par moulage. Leurs tech­niques sont empiriques, lentes et peu repro­ductibles. Pour plus d’efficacité, un pas­sage au numérique s’impose, grâce au développe­ment de l’imagerie numérique. L’idée est que le prati­cien sculpte virtuelle­ment à l’aide d’un logi­ciel et pro­duit la pro­thèse en tra­vail­lant directe­ment sur l’imagerie du patient.

Ain­si en den­taire, à la place de pren­dre une empreinte algi­nate et de faire un plâtre, des caméras numérisent la bouche du patient et ces don­nées sont par la suite entrées dans un logi­ciel. Mais jusqu’ici, les logi­ciels se con­tentaient de représen­ter une sorte de plâtre numérique, inerte, et de le tra­vailler avec des out­ils repro­duisant les tech­niques de sculpture.

Dans ce cadre, vous développez des solutions logicielles permettant de créer des clones numériques 3D de l’anatomie d’un patient pour modéliser des pathologies et tester virtuellement des dispositifs médicaux personnalisés. Quelles sont les aires d’application de cette démarche ?

Anato­Scope pousse la mod­éli­sa­tion numérique beau­coup plus loin, en rem­plaçant l’imagerie sta­tique par un jumeau numérique du patient, artic­ulé et déformable. Par exem­ple l’articulation de la mandibule, inté­grée dans un mod­ule de cal­cul bio­mé­canique, per­met de faire autant d’essais que néces­saire en cal­cu­lant les forces de con­tact entre mâchoires, dont l’équilibre est fon­da­men­tal pour la bonne qual­ité du traite­ment. Il s’agit donc d’une véri­ta­ble maque­tte bio­mé­canique du patient avec des algo­rithmes de mod­éli­sa­tion et sim­u­la­tion. On peut ain­si amélior­er et valid­er le traite­ment prévu avant de l’appliquer au patient réel, et réduire con­sid­érable­ment le nom­bre d’essais-erreurs traditionnels.

De plus, des algo­rithmes à base d’intelligence arti­fi­cielle exploitent l’information embar­quée dans le jumeau numérique pour pro­pos­er automa­tique­ment des mod­éli­sa­tions 3D en lim­i­tant les fas­ti­dieuses tech­niques de sculp­ture aux dernières finitions.

La même approche est appliquée à la con­cep­tion d’appareillages orthopédiques. Anato­Scope développe des solu­tions logi­cielles pour con­ver­tir tous types d’imagerie médi­cale en avatar 3D du patient, pour mod­élis­er des mou­ve­ments ou des patholo­gies, et pour con­cevoir des traite­ments et appareil­lages per­son­nal­isés opti­maux en les tes­tant virtuelle­ment sur le jumeau numérique avant de les appli­quer à la vraie personne.

Nous dévelop­pons pour nos clients des logi­ciels de CAO, déployés sur cloud, et util­isés à tra­vers des nav­i­ga­teurs web. Nous nouons des parte­nar­i­ats avec des indus­triels souhai­tant dévelop­per des activ­ités de con­cep­tion sur mesure d’après imagerie, comme en den­taire avec le numéro un français Biotech Den­tal, et en orthopédie avec le numéro un mon­di­al l’allemand Ottobock.

Récem­ment, nous avons éten­du notre tech­nolo­gie à la con­cep­tion per­son­nal­isée de pro­tec­tions respiratoires.

Pour faire face à la crise du Covid-19, vous avez lancé AnatoMask, une solution écologique pour bien se protéger contre le virus. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette solution ?

La plate­forme www.anatomask.com per­met la créa­tion d’un masque de pro­tec­tion sur-mesure, par­faite­ment adap­té au vis­age de son por­teur, pour un meilleur con­fort et pour une meilleure étanchéité. Con­crète­ment, cette solu­tion fonc­tionne en 4 étapes : tout d’abord, l’utilisateur doit scan­ner en 3D son vis­age à par­tir d’outils comme Scan­dyPro ou Cap­ture (le scan­ner peut être obtenu à l’aide d’un sim­ple IPhone, il envoie ses don­nées 3D à la plate-forme, et choisit un mod­èle de masque à adapter à sa mor­pholo­gie. L’adaptation est alors cal­culée par un logi­ciel d’AnatoScope, qui pro­duit un fichi­er de géométrie.

Celui-ci est imprimé par un parte­naire spé­cial­iste des appli­ca­tions de san­té, et expédié à l’utilisateur. Finale­ment, celui-ci n’a plus qu’à assem­bler les dif­férentes pièces et à y insér­er le fil­tre. Le masque et le fil­tre sont lavables.

À l’avenir, le fichi­er pour­ra être envoyé au client qui pour­ra choisir son ser­vice de fab­ri­ca­tion, voire de l’imprimer chez soi directement.

Nous sommes en mesure de met­tre sur notre ser­vice web dif­férents masques pos­si­bles : des masques res­pi­ra­toires, des masques de pro­tec­tion pour dif­férents usages, et pourquoi pas tout autre objet à adapter au visage.

Pour conclure, comment imaginez-vous l’avenir de ce marché ?

C’est un marché qui, à l’évidence, va pour­suiv­re sa crois­sance durant les prochaines années, grâce à la baisse des coûts et l’augmentation des pos­si­bil­ités, notam­ment avec les imp­ri­mantes vox­eliques capa­bles de pro­duire des matéri­aux vari­ables en chaque point de l’espace.

Actuelle­ment, la plu­part de nos logi­ciels s’adressent à des pro­fes­sion­nels de san­té. Nous avons la con­vic­tion que, à mesure que les out­ils d’imagerie vont devenir acces­si­bles au grand pub­lic, tel le FaceS­can des iPhone les objets per­son­nal­isés seront de plus en plus conçus et com­mandés par les utilisateurs.

L’impression 3D se posi­tion­nera donc prochaine­ment dans une chaîne numérique BtoC, où cha­cun pour­ra aller sur des plate­formes pour imprimer, con­cevoir et faire fab­ri­quer ses pro­pres masques, casques, genouil­lères et toutes sortes de matériel sportif par exem­ple. Anato­Scope sera là pour aider tous ses parte­naires à pass­er en douceur du prêt-à-porter au sur-mesure.


Pour en savoir plus

Site Inter­net d’AnatoScope

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