Présentation au drapeau à l'École polytechnique

L’identité militaire, un atout fort de l’X

Dossier : Le Grand Magnan 2017Magazine N°727 Septembre 2017
Par François BOUCHET (86)

Il est bon de rap­pel­er quelques élé­ments mar­quants de l’évolution récente l’X, notam­ment son ouver­ture à l’international et l’élargissement de son offre de formation. 

Aujourd’hui, plus d’un quart des élèves du cycle poly­tech­ni­cien sont étrangers. L’École accueille aus­si près d’un mil­li­er d’étudiants civils dans les for­ma­tions de mas­ter et les doctorats. 

Cette ten­dance sera crois­sante avec la mon­tée en puis­sance des nou­velles for­ma­tions « grad­u­ate degree » et « bach­e­lor » ouvertes respec­tive­ment en 2016 et 2017. En con­séquence, les élèves officiers devien­dront minori­taires d’ici cinq ans. 

UN STATUT REVU EN 2015

L’École poly­tech­nique a égale­ment changé de statut : depuis 2015, l’École est un étab­lisse­ment pub­lic à car­ac­tère sci­en­tifique, cul­turel et pro­fes­sion­nel béné­fi­ciant des respon­s­abil­ités et com­pé­tences élar­gies, con­sti­tué sous la forme d’un grand étab­lisse­ment au sens de l’article L.717–1 du code de l’éducation.

“ L’École est un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel ”

Elle est soumise aux dis­po­si­tions de ce même code et des textes pris pour son appli­ca­tion. Cette évo­lu­tion est impor­tante car elle acte le rap­proche­ment avec le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche et l’affirmation de mis­sions en faveur du développe­ment économique. 

Elle offre à l’École des oppor­tu­nités (pos­si­bil­ité d’association avec d’autres écoles ou uni­ver­sités, fon­da­tions parte­nar­i­ales, ser­vices d’activité indus­trielle et com­mer­ciale…) qu’elle ne pou­vait avoir en restant sim­ple étab­lisse­ment pub­lic à car­ac­tère administratif. 

La gou­ver­nance de l’École a égale­ment évolué : son prési­dent est main­tenant un prési­dent exé­cu­tif qui admin­istre à temps com­plet l’École dans le cadre des ori­en­ta­tions définies par le Con­seil d’administration.

Il est assisté par le directeur général ain­si que par le directeur de l’enseignement et de la recherche pour les matières rel­e­vant de sa compétence. 

TUTELLE DU MINISTRE DES ARMÉES

Pour autant, l’X reste sous com­man­de­ment mil­i­taire d’un offici­er général qui en est le directeur général, respon­s­able devant le min­istre des Armées de l’observation des règle­ments mil­i­taires à l’intérieur de l’École et de la for­ma­tion mil­i­taire des élèves du cycle ingénieur poly­tech­ni­cien pour le temps où ils sont sous son commandement. 


Dans leur grande majorité, les élèves ingénieurs sont très attachés aux tra­di­tions mil­i­taires de l’École et ont à cœur de les faire vivre.
© ÉCOLE POLYTECHNIQUE — J. BARANDE

Garant de la dis­ci­pline au sein de l’établissement, il dis­pose des prérog­a­tives con­férées à l’autorité mil­i­taire de deux­ième niveau prévue dans le code de la défense. L’organisation de ce com­man­de­ment repose tou­jours sur un chef de corps, directeur de la for­ma­tion humaine et mil­i­taire, qui a autorité sur les com­man­dants de pro­mo­tion, les com­man­dants de com­pag­nies et les chefs de section. 

Cette organ­i­sa­tion est indis­pens­able à l’encadrement des élèves officiers poly­tech­ni­ciens (EOX) en cours de sco­lar­ité. Ces EOX sig­nent dès leur incor­po­ra­tion un con­trat les liant au statut mil­i­taire et restent sol­dés comme tels durant leurs 4 années de sco­lar­ité (3 pour ceux qui rejoignent les corps de l’État).

Fidèle à son his­toire, notam­ment sa mil­i­tari­sa­tion par Napoléon Ier en 1804, l’École reste donc bien une insti­tu­tion mil­i­taire sous tutelle du min­istre des Armées. Pre­mière école d’officiers à défil­er sur les Champs-Élysées le 14 juil­let, elle est fière d’arborer le dra­peau de l’École orné de sa devise « Pour la Patrie, les Sci­ences et la Gloire » et por­tant son fait d’armes « Défense de Paris, 1814 », un grand uni­forme à nul autre pareil ain­si qu’un hymne com­posé par un élève de la pro­mo­tion 2012 (l’Ode à Vaneau). 

Elle est même la pre­mière for­ma­tion mil­i­taire en ter­mes de vol­ume d’incorporation avec plus de 400 élèves français inté­grant ses rangs chaque année. 

UNE EMPREINTE MILITAIRE FORTE

Au-delà de ce rap­pel, il est impor­tant de not­er que l’École reste forte­ment empreinte de cul­ture mil­i­taire. La for­ma­tion du cycle ingénieur poly­tech­ni­cien accorde une part impor­tante à la for­ma­tion mil­i­taire ini­tiale (un mois à La Cour­tine) et 75 % des EOX font leur stage de pre­mière année dans les Armées, la Gen­darmerie nationale ou des ser­vices rel­e­vant du min­istère des Armées. 

“ L’identité militaire est perçue comme très positive et rallie également les suffrages parmi les étudiants internationaux ”

Pour beau­coup d’élèves, ce stage est l’occasion d’exercer pour la pre­mière fois de vraies respon­s­abil­ités. Du chef de sec­tion en rég­i­ment au chef d’agrès à la Brigade de sapeurs-pom­piers de Paris en pas­sant par le chef de quart sur un bâti­ment de la Marine nationale, l’élève poly­tech­ni­cien appréhende le com­man­de­ment et le tra­vail en équipe et l’immersion dans une struc­ture professionnelle. 

Ultérieure­ment, l’instruction mil­i­taire et sportive est dis­pen­sée par l’encadrement mil­i­taire qui est au con­tact direct des élèves. Les X béné­fi­cient ain­si de l’expérience de leurs cadres pour dévelop­per des qual­ités de lead­er­ship, de cohé­sion et de sens de l’intérêt général. 

L’audace, l’engagement per­son­nel et col­lec­tif, la respon­s­abil­i­sa­tion mais aus­si l’ouverture font par­tie des valeurs que l’École est fière de trans­met­tre à ses élèves en cohérence avec un pro­jet péd­a­gogique qui demeure unique au monde. 

La sen­si­bil­i­sa­tion aux prob­lé­ma­tiques de défense fait l’objet d’un véri­ta­ble par­cours défense val­orisé dans le cur­sus des élèves poly­tech­ni­ciens : for­ma­tion d’officier de réserve, inter­ven­tions de hauts respon­s­ables mil­i­taires, liens étroits avec la Direc­tion générale de l’armement et l’industrie de défense, cours axé Défense dans le cadre du sémi­naire Human­ités et sci­ences sociales (prévu à compter de la ren­trée 2017). 

Les X se voient con­fi­er l’organisation de con­férences, qui ren­con­trent un fort intérêt notam­ment lorsqu’elles por­tent sur la cyberdéfense, le ren­seigne­ment ou la préser­va­tion de la sou­veraineté. Elles leur per­me­t­tent de dis­pos­er d’une excel­lente vision sur les intérêts de la Nation. 

DES ÉLÈVES ATTACHÉS AU STATUT MILITAIRE

Dans leur grande majorité, les élèves ingénieurs sont très attachés aux tra­di­tions mil­i­taires de l’École et ont à cœur de les faire vivre. 

Les drapeaux des élèves étrangers de l'École polytechnique
Les étu­di­ants inter­na­tionaux sont près de 140 par an à inté­gr­er le cycle ingénieur poly­tech­ni­cien, ils sont encadrés par la direc­tion de la for­ma­tion humaine et mil­i­taire et accom­pa­g­nés par les élèves français. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE — J. BARANDE

Chaque année, des élèves de deux­ième et troisième année s’investissent dans l’incorporation de la nou­velle pro­mo­tion et assurent la per­ma­nence de l’esprit de corps. 

Par la suite, les pris­es d’armes (présen­ta­tion et pas­sa­tion au dra­peau), la céré­monie bimen­su­elle de lev­ée des couleurs ou la pré­pa­ra­tion du défilé con­tribuent à forg­er cette cohé­sion autour des valeurs mil­i­taires. Récem­ment la pro­mo­tion 2016 a ren­du un vibrant hom­mage à leur cama­rade Car­o­line Aigle (94), pre­mière femme pilote de chasse. 

Aujourd’hui, l’identité mil­i­taire est perçue comme très pos­i­tive et ral­lie égale­ment les suf­frages par­mi les étu­di­ants inter­na­tionaux, qui sont près de 140 par an à inté­gr­er le cycle ingénieur polytechnicien. 

Encadrés par la direc­tion de la for­ma­tion humaine et mil­i­taire et accom­pa­g­nés par les élèves français, ils con­tribuent à la diver­sité des pro­mo­tions et témoignent de l’ouverture de l’École sur le monde. 

Un nom­bre crois­sant d’entre eux souhait­ent par­ticiper à la for­ma­tion mil­i­taire ini­tiale voire aux stages militaires. 

UN ÉTABLISSEMENT AU CŒUR DES ENJEUX DE LA DÉFENSE

L’importance du lien entre l’École et la Défense a été réaf­fir­mée dans le cadre du rap­port Attali et son développe­ment fait l’objet de tout un pan du con­trat d’objectifs et de per­for­mance pour les années 2017–2021.

Il est prévu de ren­forcer la sen­si­bil­i­sa­tion aux enjeux de défense et de con­stituer un « pôle d’études de guerre » à l’École. La présen­ta­tion des apports spé­ci­fiques de l’économie de défense (en matière d’innovation, d’emploi, d’export) sera ajoutée au cur­sus de formation. 

Des accords de parte­nar­i­at avec d’autres entités mil­i­taires seront égale­ment signés comme cela a été récem­ment le cas avec la direc­tion du ren­seigne­ment militaire. 

Toutes ces actions démon­trent, si besoin en était, que la dimen­sion mil­i­taire de l’X reste impor­tante. Les qual­ités issues de l’institution mil­i­taire for­ment assuré­ment le socle des valeurs de l’École et de la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne. Dans ce con­texte, les liens avec les anciens demeurent essen­tiels car ils par­ticipent à la mémoire col­lec­tive et à l’entretien d’un pat­ri­moine unique. 

LES DÉFIS DE L’ÉLARGISSEMENT

Et les autres étu­di­ants de l’École ? L’École doit relever le défi de l’élargissement de son offre de for­ma­tion sans diluer le car­ac­tère iden­ti­taire du cycle ingénieur qui a forgé depuis deux siè­cles sa renom­mée et son prestige. 

“ Les qualités issues de l’institution militaire forment le socle des valeurs de l’École ”

Au con­traire, l’École s’emploie à garan­tir les fon­da­men­taux qui font l’excellence de la for­ma­tion – et notam­ment la for­ma­tion humaine et mil­i­taire qui est un mar­queur iden­ti­taire fort de l’École – tout en s’adaptant pour préserv­er sa com­péti­tiv­ité dans le marché très con­cur­ren­tiel de l’enseignement supérieur et de la recherche. 

Les autres pop­u­la­tions estu­di­antines (étu­di­ants du « bach­e­lor », du « grad­u­ate degree », de mas­ter, doc­tor­ants, for­ma­tion con­tin­ue) ont toute leur place à l’École poly­tech­nique et pren­dront part à l’héritage de l’institution.

Dès lors, il importe de con­stru­ire et d’entretenir un référen­tiel com­mun de valeurs por­tant l’identité de l’X. Out­re l’excellence sci­en­tifique, il est indis­pens­able de val­oris­er la longue tra­di­tion human­iste et de ser­vice de la patrie. 

C’est l’un des objec­tifs que se fixe la direc­tion générale pour les prochaines années.

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