L’histoire de la gravure et les collections de l’École polytechnique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°661 Janvier 2011Rédacteur : Claude Gondard (65)

Gra­vure, ce terme est bien sûr connu de tous : on pense à une image, à une illus­tra­tion ou à des ini­tiales sur une tim­bale. Mais il désigne sur­tout une dis­ci­pline artis­tique à part entière, bien spé­ci­fique, et le seul ou les seuls pro­cé­dés qui ont per­mis à l’humanité de repro­duire en grand nombre des illus­tra­tions, des images, des figures tech­niques ou scien­ti­fiques pen­dant des siècles. La gra­vure est appa­rue à la fin du XIVe siècle, lorsque s’est géné­ra­li­sé l’usage du papier. Mais c’est un siècle plus tard qu’elle s’est vrai­ment épa­nouie, ser­vie par les génies de Man­te­gna, de Schon­gauer er sur­tout de Dürer, à la fois outil et com­po­sante du pro­di­gieux foi­son­ne­ment créa­tif de la Renaissance.

Bulletin de la SABIX N°47Mais pour­quoi la gra­vure et l’École poly­tech­nique ? Il est appa­ru inté­res­sant d’aborder sous cet angle quelque peu inat­ten­du le patri­moine de l’École poly­tech­nique conser­vé à la Biblio­thèque, que la Sabix s’est fixé pour mis­sion d’enrichir et de faire connaître. Le bul­le­tin n° 47 de la Sabix a donc l’ambition de vous faire décou­vrir l’histoire de la gra­vure illus­trée par les tré­sors de la Biblio­thèque de l’École. Il a certes été néces­saire de les com­plé­ter par des emprunts à la Biblio­thèque natio­nale ou à des col­lec­tions par­ti­cu­lières, mais le lec­teur aura plai­sir à décou­vrir de superbes incu­nables (ouvrages impri­més avant l’an 1500) de l’École ou le Trai­té de la figure humaine d’Albrecht Dürer, publié plus tardivement.

Un autre ouvrage remar­quable qui mérite d’être cité est le Bes­tiaire de Conrad Gess­ner, natu­ra­liste zuri­chois du milieu du XIVe siècle, illus­tré de quelque 1 500 gra­vures sur bois. La Biblio­thèque conserve éga­le­ment deux exem­plaires des repro­duc­tions des fresques de la vil­la Far­né­sine de Raphaël, gra­vées par N. Dori­gny, les gra­vures de l’un des deux étant aqua­rel­lées. Autre mer­veille, les Batailles d’Alexandre de Le Brun gra­vées par Audran : ces planches immenses consti­tuent l’un des som­mets de la gra­vure de repro­duc­tion. L’École pos­sède aus­si d’intéressants recueils d’oeuvres de Jean- Bap­tiste Pira­nèse, envoyés de Rome par Monge pour l’éducation des élèves. Cet aper­çu nous donne aus­si l’occasion de reve­nir sur les gra­vures aqua­rel­lées de Des­prez, qui nous offrent une vision théâ­trale de l’Italie de la fin du XVIIIe siècle.

Ce bul­le­tin per­met éga­le­ment d’évoquer des pro­fes­seurs de des­sin de l’École qui ont été de remar­quables gra­veurs, comme Char­let, litho­graphe, grand illus­tra­teur de la légende napo­léo­nienne au XIXe siècle, ou plus près de nous, Jacques Der­rey ou Jean Del­pech. Quelques élèves se sont éga­le­ment illus­trés dans cette discipline.

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