Jaffa vue de Tel Aviv

L’explosion du capital-risque en Israël

Dossier : IsraëlMagazine N°537 Septembre 1998Par : Trois questions à Édouard Cuckierman

1. Pourquoi parler d’une explosion du capital-risque en Israël ?

Quelques chiffres illus­trent ce phénomène :

  • trois fonds de capi­tal-risque exis­taient en Israël en 1993 ; aujourd’­hui il y en a plus de 70 ;
  • les fonds totaux dis­po­nibles pour s’in­ves­tir dans des socié­tés pri­vées sont de l’ordre de 700 mil­lions de USD ;
  • 800 socié­tés à base tech­no­lo­gique se sont créées en 1997 ;
  • les fonds détiennent des par­ti­ci­pa­tions dans plus de 200 socié­tés en démar­rage et ont inves­ti plus de 1 mil­liard de USD en capital ;
  • en 1997 plus de 800 mil­lions de USD ont été levés à tra­vers des intro­duc­tions en Bourse et des tours com­plé­men­taires de finan­ce­ment pro­ve­nant des fonds de capital-risque.

2. Quels sont les facteurs qui ont permis ce développement ?

Avant tout le sen­ti­ment lar­ge­ment par­ta­gé que la prin­ci­pale res­source du pays est sa matière grise ; ce que tra­duisent la richesse et la qua­li­té de ses centres de recherches et ins­ti­tuts d’é­du­ca­tion supé­rieure, qui font qu’en Israël un ratio de 135 per­sonnes sur 10 000 sont employés dans la R&D, contre 70 aux États-Unis et 30 au Royaume-Uni.

Les aides gou­ver­ne­men­tales à la recherche et déve­lop­pe­ment, accor­dées par le « Chief Scien­tist » du minis­tère de l’In­dus­trie sont impor­tantes, notam­ment à tra­vers les incu­ba­teurs, pépi­nières d’en­tre­prises et le fonds d’in­ves­tis­se­ment YOZMA (de 100 mil­lions de USD), éta­bli par le gou­ver­ne­ment en 1991, pour inves­tir conjoin­te­ment avec des inves­tis­seurs étrangers.

Enfin le pays a su tirer par­ti de contraintes externes : recon­ver­sion des indus­tries d’ar­me­ment, immi­gra­tion mas­sive pro­ve­nant de l’ex-URSS dis­po­sant d’un bon niveau scien­ti­fique et tech­nique (55 % avait plus de treize années d’éducation).

3. Quelles sont les perspectives de sortie pour les investisseurs ?

Soit l’in­tro­duc­tion des socié­tés sur les dif­fé­rentes bourses, et par­ti­cu­liè­re­ment le NASDAQ amé­ri­cain, soit la ces­sion de l’en­tre­prise à une grande socié­té étrangère.

Quelques exemples :

  • quatre-vingts socié­tés israé­liennes sont cotées aux États-Unis, ce qui repré­sente la deuxième ori­gine étran­gère après le Canada ;
  • dix-neuf socié­tés ont été intro­duites au NASDAQ dans la seule année 1996, levant ain­si 570 mil­lions de USD, et vingt socié­tés en 1997 ;
  • entre 1995 et 1997, sept socié­tés israé­liennes ont été intro­duites sur les dif­fé­rents mar­chés bour­siers de Londres ;
  • en décembre 1997, le hol­ding ASTRA, qui détient des par­ti­ci­pa­tions dans huit socié­tés tech­no­lo­giques israé­liennes en démar­rage (start-up), a été intro­duit sur le Nou­veau Mar­ché et consti­tue la pre­mière socié­té israé­lienne cotée sur la Bourse de Paris.


En ce qui concerne les acqui­si­tions, citons les noms de 3‑Com, Intel, Sie­mens, Bos­ton Scien­ti­fic, Med­tro­nic, US Robo­tics, Micro­soft, John­son & John­son, Nor­thern Tele­com, AOL qui ont depuis 1994 ache­té ou pris des par­ti­ci­pa­tions signi­fi­ca­tives dans des socié­tés tech­no­lo­giques israé­liennes. Et men­tion­nons Deutsche Tele­com qui a débour­sé 48 mil­lions USD pour prendre une par­ti­ci­pa­tion de 21 % dans le lea­der de la télé­pho­nie par Inter­net Vocaltech.


Jaf­fa vue de Tel Aviv © ONIT

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