Le système bancaire en Israël

Dossier : IsraëlMagazine N°537 Septembre 1998
Par Charles REISMAN

Le secteur ban­caire en Israël est car­ac­térisé par les paramètres suivants :

La Banque d’Israël

1 - Le gou­verne­ment israélien a con­fié à la Banque Cen­trale (ou “La Banque d’Is­raël”) la régle­men­ta­tion et le con­trôle du secteur bancaire.

2 - La Banque d’Israël est totale­ment indépen­dante. Le gou­verneur de la Banque Cen­trale est élu pour une péri­ode déter­minée et ne peut être mem­bre du Gouvernement.

3 - La Banque Cen­trale con­trôle toutes les “ activ­ités ban­caires ” depuis le Bureau du directeur de la super­vi­sion ban­caire, M. Abeles. La BNP, seule grande banque com­mer­ciale européenne en Israël, en qual­ité de Bureau de représen­ta­tion, main­tient des con­tacts réguliers avec ce dernier.

4 - Les Bureaux de représen­ta­tion des ban­ques étrangères sont des bureaux de liai­son qui n’ac­cor­dent pas de prêt et n’ac­ceptent pas de dépôt du pub­lic. Ces bureaux ne sont pas soumis à la super­vi­sion de la Banque Cen­trale car la juri­dic­tion de cette dernière s’é­tend unique­ment aux activ­ités ban­caires (telles que définies par la Banque d’Is­raël) soit aux étab­lisse­ments qui “octroient des prêts et/ou pren­nent des dépôts”. La BNP de Tel-Aviv main­tient de son pro­pre gré des con­tacts réguliers avec la Banque Cen­trale afin d’être sûre que ses activ­ités ne sont pas asso­ciées avec les “activ­ités ban­caires” définies par le règlement.

Les banques israéliennes

Graphique 1Le secteur ban­caire est con­sti­tué prin­ci­pale­ment des ban­ques israéli­ennes, divisées en trois groupes distincts :

  • groupe 1 : les ban­ques com­mer­ciales agréées,
  • groupe 2 : les ban­ques hypothé­caires agréées,
  • groupe 3 : les ban­ques sec­to­rielles sous con­trôle gou­verne­men­tal (ex. : la Banque pour l’A­gri­cul­ture ou la Banque de développe­ment de l’Au­torité Locale).


Notre étude se con­cen­tre sur le groupe 1 qui con­trôle plus de 90 % du marché des activ­ités ban­caires en Israël. En out­re, le groupe 2 regroupe des ban­ques dont les activ­ités sont stricte­ment lim­itées au marché hypothé­caire. Une de ces ban­ques, la “Bank of Jerusalem”, a récem­ment demandé auprès de la Banque Cen­trale l’au­tori­sa­tion de devenir une banque com­mer­ciale agréée. Un tel proces­sus devra s’é­ten­dre sur quelques années. Le groupe 3 rassem­ble des ban­ques dont l’ac­tiv­ité se lim­ite au développe­ment d’in­dus­tries spécifiques.

Le secteur des ban­ques com­mer­ciales est car­ac­térisé par les paramètres suivants :

1 - Un envi­ron­nement très monop­o­lisé, où les cinq plus grandes ban­ques israéli­ennes con­trô­lent plus de 80 % des activ­ités du groupe 1 tant en ce qui con­cerne les dépôts, les act­ifs que les fonds pro­pres. Ces ban­ques sont :

  • Bank Hapoal­im : récem­ment pri­vatisée et actuelle­ment con­trôlée par un groupe d’in­vestis­seurs mené par M. Ari­son (USA), M. Dankn­er (Israël), M. Stein­hardt (USA)…
  • Bank Leu­mi : sera pri­vatisée fin 1998 lorsque le gou­verne­ment ven­dra la plu­part des 63,5 % qu’il détient aujourd’hui.
  • Israel Dis­count Bank : sera pri­vatisée début 1999 lorsque le gou­verne­ment ven­dra la plu­part des 51,5 % qu’il détient aujour­d’hui. La famille Reca­nati qui con­trôle le groupe Cial Indus­tries pos­sède 13,7 % de la banque.
  • Mizrahi Bank : pri­vatisée en 1997 et con­trôlée par deux indus­triels impor­tants. Le groupe Ofer et le groupe Fein­berg-Wertheim déti­en­nent 51 %. 46 % sont encore entre les mains de l’État.
  • First Inter­na­tion­al Bank : con­trôlée par les frères Safra du Brésil, qui pos­sè­dent égale­ment Repub­lic Nation­al Bank of New York.
Hapoalim Leumi Discount Mizrahi F.I.B.I.
Ratios financiers :
ren­de­ment sur le capital
ren­de­ment net sur le profit
opérationnel
revenus opérationnels/
dépens­es opérationnelles

12,50%
12,90%

66,30%
 


16,10%
10,10%

60,10%
 


4,60%
5,00%

41,60%
 


10,40%
10,70%

62,20%
 


10,50%
10,60%

60,10%
 

Marges brutes :
marge NIS
marge devise étrangère
marge totale brute

4,69%
1,71%
1,94%

4,40%
2,47%
2,57%

4,34%
1,97%
2,39%

4,15%
1,90%
1,95%

2,95%
1,57%
1,80%

 
2 -
Le mono­pole des ban­ques israéli­ennes devrait dis­paraître rapi­de­ment étant don­né les fac­teurs suivants :

  • la volon­té poli­tique du min­istère des Finances de libér­er le marché,
  • la recom­man­da­tion de la Banque Cen­trale pour un marché plus compétitif,
  • le désir de quelques ban­ques de s’élargir, par peur de la com­péti­tion inter­na­tionale. Des pour­par­lers se déroulent actuelle­ment (début 1998) con­cer­nant la fusion éventuelle de Mizrahi Bank avec First Inter­na­tion­al Bank et des rumeurs courent con­cer­nant la fusion Bank Hapoal­im-Bank Leumi.

 
3 -
Même si ces fusions se réalisent, elles vont suiv­re l’ef­fon­drement ” for­cé ” des con­glomérats ban­caires, tel celui de la Bank Hapoal­im. Par exem­ple, le groupe Bank Hapoal­im con­trôle directe­ment plusieurs ban­ques com­mer­ciales et hypothé­caires telles que :

  • Bank Hapoal­im Ltd,
  • Amer­i­can Israel Bank,
  • Con­ti­nen­tal Bank,
  • Mishkan Mortage Bank,
  • Hotzar Ahay­al Bank.

 
4 - Les cinq plus grandes ban­ques domi­nent le marché au point que les petites ban­ques com­mer­ciales seront for­cées de fusion­ner et/ou les ban­ques hypothé­caires devien­dront des ban­ques com­mer­ciales à part entière.

Par exemple :

  • la Bank Carmel, une banque hypothé­caire, a ten­té de fusion­ner avec la Mar­itime Bank, une petite banque commerciale,
  • la Bank of Jerusalem, une banque hypothé­caire, a déposé sa demande pour devenir une banque commerciale.

 
5 -
Le secteur ban­caire est prof­itable. Les ratios financiers suiv­ants le con­fir­ment (voir tableau ci-dessous).

6 - Des ana­lystes étrangers présen­tent cinq raisons pour jus­ti­fi­er la force du secteur ban­caire en Israël :

1) Qual­ité des porte­feuilles de prêt
ING Bar­ings con­sid­ère que le pour­cent­age des prêts dou­teux détenus par les ban­ques israéli­ennes répond aux normes européennes.

2) Valeur ajoutée supérieure
Le proces­sus de pri­vati­sa­tion a per­mis de chang­er de pri­or­ité par le pas­sage du principe “le plus grand est meilleur” à la pri­or­ité de max­imiser le revenu de l’actionnaire.

SBC War­burg note que l’ac­cent est mis par les ban­ques sur :

  • la réduc­tion sup­plé­men­taire des prêts douteux,
  • une poli­tique plus agres­sive d’u­til­i­sa­tion des fonds propres,
  • une effi­cac­ité opéra­tionnelle plus soutenue.

Hôtel sur la mer Morte
Hôtel sur la mer Morte © ONIT

 
3) Struc­ture du cap­i­tal plus agressive

Les ban­ques israéli­ennes pos­sè­dent d’im­por­tants sur­plus de cap­i­taux non utilisés.
On prévoit que les ban­ques réduiront leur cap­i­tal en aug­men­tant la dis­tri­b­u­tion de div­i­den­des et fer­ont plus con­fi­ance aux cap­i­taux étrangers par l’in­ter­mé­di­aire d’of­fres sur le marché sec­ondaire. Cette dépen­dance liée aux cap­i­taux étrangers va per­me­t­tre aux ban­ques d’aug­menter le ren­de­ment des fonds pro­pres con­for­mé­ment aux normes européennes et américaines.

4) Risques faibles
ING Bar­ings con­sid­ère que les ban­ques israéli­ennes devraient être com­parées, en ter­mes de risque, aux ban­ques européennes plutôt qu’aux nou­velles économies de l’Eu­rope de l’Est et de l’Afrique du Sud.

5) GAAP
(normes compt­a­bles — normes d’audit)
ING Bar­ings con­sid­ère que le pub­lic israélien a toute liber­té d’ac­cès aux infor­ma­tions finan­cières et que les sys­tèmes de compt­abil­ité des ban­ques israéli­ennes sont sim­i­laires aux normes occi­den­tales. L’indépen­dance de la Banque Cen­trale four­nit une struc­ture régle­men­taire égale à celle des normes des États-Unis et de l’Eu­rope de l’Ouest.

Conclusion

Le secteur ban­caire a la même struc­ture que celle des pays indus­tri­al­isés. L’ef­fet com­biné de la libéral­i­sa­tion, de l’indépen­dance de la Banque Cen­trale et de l’en­trée des ban­ques étrangères en Israël mèn­era vers une plus grande ratio­nal­i­sa­tion du secteur ban­caire en met­tant l’ac­cent sur la max­imi­sa­tion de la rentabil­ité, une notion qui était jusqu’i­ci assez méconnue.

Charles Reis­man est directeur du bureau de représen­ta­tion de la Banque Nationale de Paris en Israël. Aupar­a­vant il a été directeur de la Poal­im Finan­cial Ltd à Zurich. M. Reis­man est Con­seiller du Com­merce extérieur de la France.

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