Lettres à mon mari disparu (1915−1917)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°698 Octobre 2014Par : Marguerite Cadier-Reuss Préface de Paul Reuss Jr (60)Rédacteur : François DELIVRÉ (67)Editeur : L’Harmattan – « Mémoires du XXe siècle », « Première Guerre mondiale » – 2014 – 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005

« Je vais peut-être faire quelque chose de très bête… Chaque soir, je veux copier dans ce cahier une de tes lettres… »

Après la mort de Paul, son mari tué en sep­tembre 1914, Mar­gue­rite com­mence un jour­nal per­son­nel qu’elle mêle avec leurs lettres d’avant-guerre. Celles-ci sont tendres, par­fois sen­suelles. L’écriture de la jeune épouse est char­mante, pri­me­sau­tière. Les lettres du mari sont plus graves.

La par­tie « jour­nal » est bou­le­ver­sante. La veuve de 27 ans, mère de trois enfants, se débat dans l’épreuve : « La réa­li­té est si hor­rible qu’elle m’écrase. »

Elle assure le dis­pa­ru que leur rela­tion reste vivante : « Tout le temps, je te parle inté­rieu­re­ment… » et fait preuve d’une impres­sion­nante luci­di­té exis­ten­tielle : « La mort est appa­rue et nous avons com­pris qu’elle est sou­vent moins redou­table que la vie… »

His­to­ri­que­ment, ce livre évoque la vie des veuves de guerre confron­tées à de grandes dif­fi­cul­tés per­son­nelles, sociales et économiques.

Psy­cho­lo­gi­que­ment, il témoigne du vécu de toutes les per­sonnes confron­tées au deuil d’un être cher, sur­tout un conjoint : révolte, détresse, dif­fi­cul­tés de se déta­cher du passé.

Exis­ten­tiel­le­ment, il pose la ques­tion de la « pré­sence » du dis­pa­ru sou­vent res­sen­tie par le sur­vi­vant. Comme si l’amour vécu autre­fois demeu­rait vivant dans l’épreuve.

Le livre com­prend une pré­face his­to­rique de Paul Reuss Jr, un petit-fils de Mar­gue­rite, et des lettres écrites du front par le mari au début de la Grande Guerre.

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