Souvenirs sur le maréchal Joffre et le général de Castelnau

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°758 Octobre 2020Par : Général Léon Zeller (X 1887) Introduction du général d’armée Louis Zeller, Livre présenté et annoté par le colonel Claude FrancRédacteur : François Xavier Martin (63)Editeur : Economica, 2020

En réac­tion à la sor­tie en 1932 des Mémoires du maré­chal Joffre qu’il jugeait injus­te­ment sévères à l’égard de ses illustres subor­don­nés, le géné­ral Léon Zel­ler écri­vit entre 1933 et 1937 des Sou­ve­nirs des­ti­nés à être publiés, selon son fils André, au moins cin­quante ans plus tard. Ses petits-fils Ber­nard (X 1966) et Louis Zel­ler publièrent en 2018 la par­tie consa­crée à Foch et à Pétain (voir la recen­sion parue en février 2019 dans le n° 742 de la J&R). Ils viennent de sor­tir un nou­vel ouvrage conte­nant les cha­pitres consa­crés à Joffre et Cas­tel­nau, tou­jours pré­sen­tés et anno­tés par le colo­nel his­to­rien Claude Franc.

Zel­ler décrit Joffre et Cas­tel­nau en situa­tion, tels qu’il les a connus per­son­nel­le­ment. Il rend compte de leurs qua­li­tés, mais éga­le­ment de leurs défauts : Joffre, doué intel­lec­tuel­le­ment (il entra à l’X à dix-sept ans), volon­taire, ayant le goût du com­man­de­ment tout en sachant délé­guer, fai­sant preuve en toutes cir­cons­tances d’un sang-froid imper­tur­bable, mais soli­taire et peu doué pour la prise de parole et les contacts humains, ce qui ne l’empêchait pas de faire preuve d’un juge­ment excep­tion­nel­le­ment sûr quand il s’agissait de pro­mou­voir cer­tains offi­ciers supé­rieurs ou géné­raux et d’en « limo­ger » d’autres ; Cas­tel­nau, ayant a prio­ri toutes les qua­li­tés d’un grand chef mili­taire : intel­li­gent, culti­vé, brillant, éner­gique, tenace, métho­dique, rigou­reux, d’un cha­risme excep­tion­nel, aimé de ses subor­don­nés mal­gré son style de com­man­de­ment exi­geant, mais consi­dé­ré, peut-être à tort, comme trop pes­si­miste lorsque la guerre le mit dans des situa­tions extrêmes.

Pour conclure sur ces por­traits, une cita­tion apo­cryphe de l’époque que rap­porte Léon Zel­ler : « Met­tez Foch à la place de Joffre en 1914, et la par­tie se serait jouée « en vitesse », bien ou mal, mais avec de lourdes pertes… Met­tez Pétain, et nous aurions four­ni une superbe résis­tance… dans le Mas­sif cen­tral… »  

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