Questionnements d’un océanographe

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°706 Juin/Juillet 2015Par : Thierry PICHEVIN (87)Rédacteur : Gérard BLANC (68)Editeur : Paris — L'Harmattan — 2014 — 5-7, rue de l'École- Polytechnique, 75005 Paris.

L’au­teur a sui­vi un par­cours clas­sique pour un X dési­rant faire de la recherche : doc­to­rat au Centre mili­taire d’o­céa­no­gra­phie. Sa dis­ci­pline n’é­tait pas a prio­ri une de celles qui posent de grandes ques­tions à la société.

Mais ses tra­vaux sus­ci­tèrent des ques­tion­ne­ments per­son­nels aux­quels il répon­dit par une for­ma­tion doc­to­rale en éthique. Il se place net­te­ment dans le cadre des réflexions contem­po­raines, l’é­thique de Paul Ricœur, l’é­pis­té­mo­lo­gie de Tho­mas Kuhn, Karl Pop­per et Paul Feye­ra­bend, la socio­lo­gie des sciences d’Ed­gar Morin.

Des ques­tions d’ordre éthique se posent au cher­cheur au cours des trois stades de son tra­vail : la déter­mi­na­tion du sujet de recherche, la conduite de celle-ci (éla­bo­ra­tion théo­rique, confron­ta­tion de la théo­rie aux obser­va­tions, sim­pli­fi­ca­tions de la réa­li­té) et le deve­nir des résul­tats (appli­ca­tions, dif­fu­sion, impli­ca­tions et sens don­né à la connais­sance que l’on en tire). Elles concernent prin­ci­pa­le­ment sa liber­té et sa responsabilité.

Les réflexions éthiques deviennent de plus en plus néces­saires en rai­son de la part crois­sante des aspects tech­niques dans les déci­sions à prendre. Mais le scien­ti­fique n’y est pas for­cé­ment pré­pa­ré : d’une part la science cherche des lois géné­rales alors que l’é­thique ne traite que de cas par­ti­cu­liers, d’autre part le rôle de la sub­jec­ti­vi­té et des émo­tions dans sa réflexion est sou­vent plus ou moins volon­tai­re­ment mécon­nu ou négligé.

Son cha­pitre de conclu­sion sug­gère quelques élé­ments qui pour­raient être appor­tés à l’en­sei­gne­ment de l’É­cole : prendre conscience des élé­ments que le scien­ti­fique ignore par­fois et qui mêlés à ses cri­tères ration­nels restreignent sa liber­té, prendre du recul par rap­port à une situa­tion afin d’en voir les dif­fé­rentes facettes, décloi­son­ner la connais­sance scien­ti­fique et don­ner le goût de « lais­ser la place à d’autres formes de connais­sance qui peuvent com­plé­ter les apports de la science ».

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