Pylône avec antenne GSM, au Chazelet.

Les télécommunications au XXIe siècle : une révolution en marche

Dossier : TélécommunicationsMagazine N°604 Avril 2005
Par Didier LOMBARD (62)

On assiste à des muta­tions tech­nologiques inces­santes et de plus en plus rapi­des. Les ser­vices et les usages se mul­ti­plient. D’un mono­ser­vice, le télé­phone, on est passé à une foi­son d’usages à par­tir d’un même réseau. Qui aurait pu penser, il y a encore très peu de temps, que la télévi­sion passerait par le réseau télé­phonique ? Les mobiles et l’In­ter­net sont main­tenant les out­ils de com­mu­ni­ca­tion au quo­ti­di­en pour un nom­bre sans cesse crois­sant de nos conci­toyens. Fin 2003 sont apparues les offres “triple play” com­bi­nant l’ac­cès à Inter­net haut-débit, la télé­phonie et les accès à des con­tenus audio­vi­suels, et les pre­mières offres de télé­phonie sur IP2. L’évo­lu­tion des tech­niques des réseaux pousse à la con­ver­gence des usages qui ren­con­tre les attentes des clients. Le mou­ve­ment n’est pas près de s’ar­rêter, les plus grands change­ments sont à l’év­i­dence devant nous. Nous sommes à l’aube d’une révolution. 

En Europe, et sin­gulière­ment en France, le secteur des télé­com­mu­ni­ca­tions n’obéit pas pleine­ment aux règles com­munes de l’é­conomie indus­trielle. Con­traire­ment à la plu­part des autres marchés ou indus­tries gou­vernées par l’of­fre et la demande, le secteur repose sur un jeu sin­guli­er impli­quant non pas deux mais trois acteurs : les pro­fes­sion­nels des télé­com­mu­ni­ca­tions, les clients et les pou­voirs publics, État et régulateurs. 

Ain­si, acteur clé des grandes muta­tions, la régle­men­ta­tion a joué un rôle essen­tiel et con­tin­ue de façon­ner le paysage des télé­com­mu­ni­ca­tions en fonc­tion des choix poli­tiques du moment : ouvrir à la con­cur­rence pour dévelop­per le marché, offrir davan­tage de ser­vices, faire baiss­er les prix, gér­er des ressources rares, garan­tir un ser­vice uni­versel, soutenir la poli­tique indus­trielle, financer une poli­tique publique… 

Pour dress­er le panora­ma des télé­com­mu­ni­ca­tions de ce début de xxie siè­cle et com­pren­dre la révo­lu­tion en marche, il nous faut nous arrêter un instant sur ses qua­tre prin­ci­paux ingré­di­ents : la régu­la­tion — ses forces et ses faib­less­es -, les évo­lu­tions économiques depuis les années qua­tre-vingt-dix, l’in­ci­dence des évo­lu­tions tech­nologiques sur la stratégie des acteurs, et les évo­lu­tions des modes d’u­til­i­sa­tion des moyens de com­mu­ni­ca­tion. Leur com­bi­nai­son des­sine le paysage de demain. Leur com­plex­ité et leur enchevêtrement augurent des per­spec­tives certes bouil­lon­nantes mais par­fois dif­fi­ciles qui s’annoncent. 

Les évolutions réglementaires

La jus­ti­fi­ca­tion don­née à la régle­men­ta­tion résulte de principes économiques sim­ples : pour dévelop­per le marché et offrir des ser­vices au meilleur prix pour le citoyen, il faut per­me­t­tre à de nou­veaux acteurs d’en­tr­er sur le marché sachant que préex­iste un opéra­teur his­torique. La régle­men­ta­tion con­siste à pos­er des règles asymétriques en soumet­tant l’opéra­teur his­torique à des con­traintes fortes : ges­tion du ser­vice uni­versel, accès de son réseau aux autres opéra­teurs, con­trôle a pri­ori de sa poli­tique tar­i­faire, sépa­ra­tion des activ­ités… Les règles sont cen­sées s’as­sou­plir dès que la con­cur­rence devient effec­tive. À ce moment, le terme de régu­la­tion sem­ble plus adap­té aux objec­tifs que s’as­signe la régle­men­ta­tion. Il s’ag­it de s’as­sur­er que le marché fonc­tionne bien, d’en cor­riger les imper­fec­tions. La régu­la­tion sec­to­rielle est appelée à s’ef­fac­er au prof­it du droit con­cur­ren­tiel à mesure que les con­di­tions con­cur­ren­tielles devi­en­nent satisfaisantes. 

Chaque étape du pas­sage des monopoles de fait ou légaux vers la con­cur­rence a reçu son nom de bap­tême. Le mou­ve­ment est par­ti des États-Unis. On l’a nom­mé “déré­gle­men­ta­tion” pour qual­i­fi­er le pas­sage du mono­pole de fait à la con­cur­rence et la mod­i­fi­ca­tion des règles exis­tantes. Dans les années qua­tre-vingt, AT & T, opéra­teur totale­ment inté­gré issu de Bell Sys­tem, jouis­sait d’un mono­pole de fait sur les com­mu­ni­ca­tions et la fab­ri­ca­tion des équipements ; AT & T était accusé d’abus de posi­tion dom­i­nante. C’est une déci­sion de jus­tice, du juge Greene favor­able à un pro­gramme général de libéral­i­sa­tion et en oppo­si­tion à l’or­gane fédéral de régle­men­ta­tion, la FCC, qui en 1984 a con­duit au déman­tèle­ment d’AT & T en 23 sociétés (une société gérant les com­mu­ni­ca­tions longue dis­tance et 22 RBOC (Region­al Bell Oper­a­tor Com­pa­ny) restreintes à l’ex­ploita­tion des réseaux locaux, très régle­men­tées et béné­fi­ciant d’un mono­pole local). En con­trepar­tie AT & T était autorisé à inter­venir dans le secteur de l’informatique. 

En 1996, le “Telecom­mu­ni­ca­tions Act” instau­re un nou­v­el état régle­men­taire. Les RBOC sont autorisées à inter­venir sur la longue dis­tance si leur marché local est effec­tive­ment ouvert à la con­cur­rence. L’ap­pré­ci­a­tion de cette con­cur­rence est basée sur une liste de qua­torze con­di­tions à sat­is­faire ! AT & T, vingt ans après son déman­tèle­ment, est entré dans le secteur des mobiles puis du câble, s’est ensuite débar­rassé de ses nou­velles activ­ités pour se retrou­ver sur le seul seg­ment de la longue dis­tance en voie de dis­pari­tion. AT & T, tout comme MCI opéra­teur de longue dis­tance, sont en train d’être absorbés par d’autres acteurs des télé­com­mu­ni­ca­tions améri­cains, eux-mêmes issus de la con­sol­i­da­tion des RBOC. 

Avec la crise du secteur en 2000, les pou­voirs publics améri­cains ont été amenés à con­stater l’im­pact négatif des effets régle­men­taires sur l’in­vestisse­ment et l’emploi. Les mécan­ismes mis en place avaient favorisé des entrées inef­fi­caces, tout en met­tant en grande dif­fi­culté l’opéra­teur his­torique. Mal­gré des avan­tages con­sen­tis aux nou­veaux entrants, cer­tains n’ont pas réus­si à être viables. De plus, deman­der à cer­tains acteurs de pren­dre seuls des risques d’in­vestisse­ment et d’en partager ensuite les béné­fices éventuels, provoque inéluctable­ment des sit­u­a­tions de blocage. Les investisse­ments améri­cains sur la fibre optique ont pu démar­rer quand le régu­la­teur a don­né aux lead­ers du marché une vis­i­bil­ité sur leurs revenus futurs. 

En Europe, c’est le Roy­aume-Uni qui a été le pre­mier pays à s’emparer du même dogme régle­men­taire, en instau­rant en 1984 un duo­p­o­le. La Com­mis­sion européenne a élaboré d’é­gale manière un mécan­isme d’ou­ver­ture à la con­cur­rence favorisant le partage du marché entre les acteurs et adap­té à la sit­u­a­tion locale, qui s’est avéré ana­logue aux doc­trines améri­caine et bri­tan­nique. Le cadre régle­men­taire européen, et français, a con­stru­it des con­traintes spé­ci­fiques pour les opéra­teurs his­toriques, appliquées avec plus ou moins de dureté par les autorités de régu­la­tion nationale. Le cas le plus notoire a été celui de British Tele­com qui a licen­cié mas­sive­ment et a dû renon­cer à être un acteur majeur dans les mobiles. 

La régle­men­ta­tion joue un rôle fon­da­men­tal dans l’é­conomie des télé­com­mu­ni­ca­tions. Aujour­d’hui, à la lumière des enseigne­ments récents, notam­ment améri­cain et bri­tan­nique, elle sait faire preuve de plus de prag­ma­tisme, en prenant en compte l’in­térêt du con­som­ma­teur et en priv­ilé­giant la bonne san­té du secteur. Ses objec­tifs doivent per­me­t­tre de stim­uler les opéra­teurs y com­pris les lead­ers en favorisant leurs investisse­ments, leur recherche et leur inno­va­tion pour qu’in fine le con­som­ma­teur en tire davan­tage prof­it. La France, qui a déjà mon­tré lors de l’at­tri­bu­tion des licences UMTS qu’elle pou­vait adopter des mesures plus raisonnables que d’autres pays européens, est large­ment engagée sur une voie béné­fique pour le secteur des télé­com­mu­ni­ca­tions, ses acteurs et ses clients. 

Les grandes évolutions économiques du secteur depuis les années quatre-vingt-dix, la crise 2000–2002

L’ou­ver­ture à la con­cur­rence et les antic­i­pa­tions irraison­nées dans le poten­tiel d’In­ter­net ont con­duit jusqu’en 2000 à une infla­tion exubérante des valeurs tech­nologiques. La foi dans le rôle moteur que pou­vaient jouer les nou­velles tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion dans l’é­conomie, soutenue par les poten­tial­ités tech­niques du Web, a fait naître une myr­i­ade d’ac­teurs de l’In­ter­net. C’est le temps de la Net économie au ser­vice de la nou­velle économie dont la ver­tu est d’as­sur­er la crois­sance sans reprise de l’in­fla­tion grâce à la dérégu­la­tion des ser­vices, la baisse des coûts dans l’in­dus­trie et les investisse­ments dans les NTIC. L’ar­gent devient facile, les valeurs mobil­ières grimpent à des niveaux jamais atteints. Les investisse­ments suiv­ent ; tous les regards se tour­nent vers les rentes dont serait por­teur ce nou­veau cycle économique. On n’achète plus une activ­ité mais des abon­nés poten­tiels. Les valeurs bour­sières sont gagées par ces rentes et galopent vers des som­mets vertigineux. 


Pylône avec antenne GSM, au Chazelet.
© PIERRE-FRANÇOIS GROSJEAN — FRANCE TÉLÉCOM

Les États sont pris dans l’e­uphorie ambiante. Dans leur rôle de col­lecteurs d’im­pôts, ils y voient une manne sub­stantielle. L’at­tri­bu­tion des licences de télé­phonie mobile de la 3e généra­tion (UMTS) est pour eux l’op­por­tu­nité d’or­gan­is­er des ponc­tions. Alors qu’il a fal­lu douze ans pour organ­is­er au niveau européen le développe­ment des 45 réseaux GSM, la Com­mis­sion européenne poussée par les indus­triels décide qu’au moins 50 réseaux UMTS doivent être ouverts à par­tir du 1er jan­vi­er 2002. Chaque État mem­bre est respon­s­able de la déter­mi­na­tion du mécan­isme d’at­tri­bu­tion du spec­tre et de la déf­i­ni­tion des con­di­tions d’oc­troi des licences applic­a­bles sur leur ter­ri­toire. Le Roy­aume-Uni vend les fréquences aux enchères puis l’Alle­magne. La France finit par adopter la procé­dure de sélec­tion com­par­a­tive, moins onéreuse pour les opéra­teurs. Au total 112 mil­liards d’eu­ros en Europe sont prélevés ain­si sur les béné­fices futurs. 

C’est la pre­mière taxe de l’his­toire qui s’ap­puie sur un pro­duit futur, non encore con­nu. Les opéra­teurs devront de plus faire face à des coûts au moins com­pa­ra­bles pour le déploiement de nou­veaux réseaux et pour la com­mer­cial­i­sa­tion de nou­veaux ser­vices de 3e généra­tion. Le secteur est donc con­fron­té à des dépens­es ini­tiales très élevées. 

Les opéra­teurs s’en­det­tent, des fusions et rachats d’en­tre­pris­es s’opèrent, la plu­part par échanges de mon­naie de papi­er. Gare à ceux qui sont oblig­és de sor­tir du cash ! La con­fi­ance s’érode, l’ar­gent se raré­fie, la rentabil­ité immé­di­ate est main­tenant réclamée. Et tous les fac­teurs qui ont joué à la hausse se met­tent à jouer à la baisse dans des pro­por­tions aus­si fortes. L’é­clate­ment de la bulle spécu­la­tive provoque un désas­tre économique. Les béné­fices atten­dus de la 3e généra­tion n’ar­rivent pas aus­si vite qu’ils étaient atten­dus, les opéra­teurs ratio­nalisent leurs investisse­ments ; les com­man­des indus­trielles dimin­u­ent. Les entre­pris­es, qui cèdent des act­ifs après les avoir chère­ment acquis, le font à des valeurs dérisoires. 

L’am­pleur de la crise a été très forte sur le secteur aujour­d’hui encore en con­va­les­cence. 250 000 emplois ont été per­dus en Europe après l’é­clate­ment de la bulle tech­nologique. Les con­struc­teurs ont par­ti­c­ulière­ment été touchés ; les opéra­teurs, certes endet­tés, dis­posent de revenus plus récur­rents et sont en passe de revenir à des sit­u­a­tions finan­cières saines, aus­si vite que la régle­men­ta­tion le leur permet. 

À côté de ces phénomènes essen­tielle­ment con­jonc­turels se déroule une muta­tion struc­turelle : l’of­fre et la demande dans le secteur des télé­com­mu­ni­ca­tions sont en pro­fonde restructuration. 

Les évolutions technologiques suscitent de nouvelles stratégies

Le développe­ment de la capac­ité des réseaux con­duit à la crois­sance très sig­ni­fica­tive des usages et à de sub­stantielles baiss­es de prix. On entre dans l’ère des com­mu­ni­ca­tions abon­dantes, ren­due pos­si­ble par la capac­ité qua­si illim­itée des réseaux d’in­ter­con­nex­ion (back­bone) : le nom­bre de réseaux de fibres optiques est partout impor­tant, et les sys­tèmes de trans­mis­sion offrent des capac­ités de plus en plus grandes. Tous les dif­férents types d’ac­cès voient égale­ment leurs pos­si­bil­ités s’ac­croître avec l’UMTS, l’AD­SL puis le VDSL, Wi-Fi, Wi-Max… 

Les per­for­mances de tous les ter­minaux fix­es et mobiles con­tin­u­ent de s’ac­croître. Ils vont pou­voir à la fois stock­er de grandes quan­tités d’in­for­ma­tion (don­nées, plans, images ani­mées, sons, pro­grammes) et traiter locale­ment des appli­ca­tions lour­des avec des sys­tèmes d’ex­ploita­tion résidents. 

Tous les indi­vidus et entre­pris­es seront con­nec­tés aux réseaux. Les accès au haut-débit se généralisent, la péné­tra­tion des mobiles con­tin­ue d’aug­menter. Tous les accès seront pro­gres­sive­ment mul­ti­mé­dias après le déploiement des réseaux mobiles UMTS, de l’équipement en xDSL du réseau filaire ou de la numéri­sa­tion des réseaux câblés. Chaque réseau pour­ra trans­porter de la voix, des don­nées, de l’im­age. Et, alors que les com­mu­ni­ca­tions télé­phoniques étaient très majori­taire­ment véhiculées de bout en bout par un seul réseau, les nou­veaux modes de com­mu­ni­ca­tions fer­ont appel à des chaînes com­plex­es de réseaux ou élé­ments de réseaux divers, qui coopéreront ensem­ble pour délivr­er le ser­vice au client. 

La très forte péné­tra­tion des équipements numériques chez les par­ti­c­uliers et dans les entre­pris­es va con­duire à la mise en réseau des proces­sus d’ac­cès à l’in­for­ma­tion, de pro­duc­tion et de com­merce : de nom­breuses activ­ités de la vie quo­ti­di­enne seront con­duites sur les réseaux, ou assistées par des ser­vices four­nis par les réseaux. Les entre­pris­es s’in­ter­con­necteront avec leurs clients et leurs parte­naires. Le monde de la pro­duc­tion et des échanges en sera pro­gres­sive­ment transformé. 

Ces ten­dances mod­i­fient le jeu des acteurs. La con­ver­gence infor­ma­tique- télé­com­mu­ni­ca­tions-audio­vi­suel présente à la fois dans les réseaux et les ser­vices accentue la diver­sité et la mul­ti­pli­ca­tion des acteurs, issus des trois mon­des, et sus­cite de nou­velles straté­gies d’en­tre­pris­es, de spé­cial­i­sa­tion, de diver­si­fi­ca­tion, d’in­té­gra­tion : qui offre des accès, qui offre les ser­vices d’in­ter­mé­di­a­tion, qui offre les ser­vices ? Faut-il inter­venir sur une, ou plusieurs des trois strates, pour pro­pos­er au client une offre groupée, par exem­ple une offre d’ac­cès et une offre de ser­vices ? À l’in­térieur de chaque strate faut-il se spé­cialis­er par exem­ple sur tout ou par­tie des accès, ce qui per­met de répli­quer sur des secteurs voisins les com­pé­tences-clés de l’en­tre­prise ? De mul­ti­ples ten­ta­tives d’in­té­gra­tion, hor­i­zon­tale ou ver­ti­cale, de mul­ti­ples formes de parte­nar­i­ats sont ten­tées, pour per­me­t­tre l’assem­blage d’of­fres com­plex­es, ou pour exploiter les act­ifs pro­pres des dif­férentes entre­pris­es : réseaux d’ac­cès, mar­ques, droit des con­tenus, savoir-faire métiers… 

D’autres straté­gies se cen­trent sur la gamme des ser­vices per­me­t­tant ou facil­i­tant la mise en réseau des proces­sus d’en­tre­pris­es : héberge­ment de sites, dis­tri­b­u­tions d’in­for­ma­tions, héberge­ment d’ap­pli­ca­tions, offre de progi­ciels en réseau. Le busi­ness mod­el peut aller de la presta­tion du type inté­gra­tion de réseaux ou de sys­tèmes, tra­di­tion­nelle­ment pra­tiqué par les SSII, jusqu’à la four­ni­ture de ser­vices clés en main inclu­ant les presta­tions d’héberge­ment et le trans­port, par exemple. 

Le secteur est déjà le siège de grandes ten­sions qui résul­tent de l’ef­face­ment des fron­tières entre les trois couch­es (accès, mise en réseau, ser­vices) que per­met la tech­nolo­gie, et des déplace­ments que cherchent à met­tre en œuvre les acteurs pour amélior­er leur crois­sance ou leur rentabil­ité. En arrière-plan se déroule la bataille des normes logi­cielles qui con­di­tion­nent l’in­teropéra­bil­ité des sys­tèmes par le déploiement de sys­tèmes d’in­for­ma­tion ouverts. 

Mettre les outils de communication au service du client

La diver­si­fi­ca­tion des pra­tiques de com­mu­ni­ca­tion liée aux nou­veaux modes de vie génère des échanges qua­si per­ma­nents et plus rich­es (pho­tos, images, vidéo, mes­sagerie…). La pop­u­la­tion se con­necte égale­ment pour assur­er sa sécu­rité (assis­tance san­té, anti-intru­sion, ser­vices de prox­im­ité, assis­tance à domi­cile). La com­mu­ni­ca­tion s’é­tend de la mise en rela­tion de per­son­nes à la con­nex­ion à des sites, à des con­nex­ions machine à machine ; elle englobe la voix, les don­nées de téléac­tion, don­nées de con­tenu, échanges d’im­ages. Le mul­ti­équipement domes­tique (plusieurs micro-ordi­na­teurs, téléviseurs, télé­phones filaires ou mobiles) se généralise ; l’in­stal­la­tion domes­tique devient com­plexe. L’ac­cès vers les réseaux externes doit être organ­isé pour offrir le max­i­mum de gain, de temps et de confort. 

Jusqu’i­ci, le fixe, le mobile, l’In­ter­net avaient cha­cun leurs réseaux, leurs plate­formes, leurs forces de vente, leurs fac­tures. Ces métiers ne se par­laient pas beau­coup entre eux et c’é­tait aux clients de s’arranger pour com­bin­er ces offres au mieux de leurs besoins. 

Avec la général­i­sa­tion du pro­to­cole Inter­net, avec les ser­vices mobiles tou­jours plus nom­breux et utiles, l’in­tel­li­gence omniprésente dans le réseau et la démoc­ra­ti­sa­tion d’In­ter­net, les clients vont pou­voir être joints partout, sur le ter­mi­nal de leur choix, à tra­vers la meilleure infra­struc­ture pos­si­ble, en toute trans­parence pour eux. Sim­pli­fi­ca­tion d’usage, qual­ité de ser­vice, gain de temps et con­fort d’u­til­i­sa­tion sont les deman­des fon­da­men­tales des clients. La com­plex­ité liée à la tech­nique, à la mul­ti­plic­ité des fonc­tion­nal­ités et à la diver­sité des ser­vices n’a pas à être gérée par le client. 

Les clients seront en quelque sorte le cœur de leur pro­pre réseau de télé­com­mu­ni­ca­tions. Cet univers de com­mu­ni­ca­tion inté­gré est indépen­dant du réseau qu’ils emprun­tent. Les clients atten­dent des ser­vices unifiés et totale­ment inté­grés qui soient sim­ples à utilis­er mal­gré leur com­plex­ité intrin­sèque, comme le car­net unique d’adress­es ou la mes­sagerie unique quel que soit le ter­mi­nal pour y accéder, ou bien encore des solu­tions de paiement sim­ples et sécurisées. En quelque sorte, les tech­nolo­gies se met­tent au ser­vice du client, au lieu que le client soit con­traint de se for­mer aux nou­veaux outils. 

Le développe­ment de ces nou­veaux ser­vices per­me­t­tra de pass­er d’un univers frag­men­té à un univers cen­tré sur le client. Cela néces­site de décloi­son­ner les réseaux pour sim­pli­fi­er et har­monis­er l’usage des ser­vices des­tinés à la mai­son, aux besoins de com­mu­ni­ca­tion per­son­nels et à ceux des entre­pris­es. En même temps devra être assurée une vraie coopéra­tion des réseaux fixe, mobile, Inter­net au béné­fice des util­isa­teurs. Les attentes des clients, notam­ment en matière d’in­ter­fonc­tion­nement des ser­vices et d’of­fres de ser­vices con­ver­gents oblig­ent les four­nisseurs de con­tenus ou de ser­vices à déclin­er leurs offres pour de mul­ti­ples canaux. 

Vers un nouveau modèle économique de l’opérateur, basé sur l’innovation

Le méti­er de l’opéra­teur est en train de se trans­former, d’un méti­er de four­nisseur d’in­fra­struc­ture, où l’on investit mas­sive­ment sur un pro­duit unique qu’on amor­tit sur quinze ans, en un méti­er de ser­vices où la crois­sance vient d’un renou­velle­ment con­tinu d’in­no­va­tions et de la mul­ti­pli­ca­tion de ser­vices tou­jours nou­veaux. Chaque inno­va­tion don­nera un avan­tage com­péti­tif tem­po­raire à son ini­ti­a­teur, lui per­me­t­tant d’ac­croître son chiffre d’af­faires et sa marge, jusqu’à ce qu’il soit rat­trapé par ses com­péti­teurs. L’opéra­teur sera alors amené à lancer une nou­velle inno­va­tion qui dopera à nou­veau revenu et prof­it. L’opéra­teur gag­nant sera celui qui saura innover sans relâche, en réus­sis­sant plus sou­vent que les autres. 

Toutes ces évo­lu­tions s’ap­puient sur une très forte capac­ité de recherche et d’in­no­va­tion et sur les syn­er­gies de tous les acteurs : opéra­teurs, con­struc­teurs, four­nisseurs de ser­vices, SSII, four­nisseurs de con­tenus, d’ac­cès… Ceux qui mis­eront sur la R & D, qui apporteront toute la sim­plic­ité atten­due par le client, qui sauront gér­er toute la com­plex­ité du réseau et inven­teront de nou­veaux usages, seront les grands gag­nants de la révo­lu­tion en marche. 

Cette révo­lu­tion va trans­former la vie de nos conci­toyens et le paysage indus­triel français. Cette lutte indus­trielle et com­mer­ciale n’est pas qu’un affron­te­ment entre grands et petits pro­fes­sion­nels du secteur du télé­phone en France, c’est aus­si le com­bat entre acteurs majeurs mon­di­aux des télé­coms, de l’in­for­ma­tique, de l’au­dio­vi­suel, de l’élec­tron­ique grand pub­lic. Le marché français des tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion par son taux de crois­sance annuel estimé à près de 8 %3 jusqu’en 2007, et sa capac­ité à don­ner les moyens à tous les secteurs d’ac­tiv­ité d’amélior­er leur com­péti­tiv­ité, tire forte­ment l’é­conomie vers le haut. Il est cru­cial que l’Eu­rope et la France met­tent tout en œuvre pour garder leur place dans l’é­conomie mon­di­ale et prof­i­tent des for­mi­da­bles muta­tions en cours dans ce secteur pour y acquérir une place de choix. 

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1. PDA : Per­son­al Dig­i­tal Assis­tant, ordi­na­teur de poche.
2. IP : Inter­net Pro­to­col, pro­to­cole de base util­isé sur Inter­net pour la trans­mis­sion des don­nées. Il définit la façon d’or­gan­is­er les paque­ts d’in­for­ma­tion pour pou­voir les trans­met­tre sur le Web.
3. Chiffre de l’ob­ser­va­toire des TIC, ce marché recou­vre les équipements et ser­vices de télé­com­mu­ni­ca­tions, infor­ma­tique, élec­tron­ique grand pub­lic et con­tenus (TV, radio, ciné­ma, presse, jeux et logi­ciels de loisir, musique).

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