Le Bulletin de la S.A.S. avait pris pour emblème la poule aux oeufs d’or, chère à Napoléon

Les publications polytechniciennes

Dossier : ExpressionsMagazine N°551 Janvier 2000
Par Jean DUQUESNE (52)

La première société polytechnicienne

Le Bureau de bien­fai­sance de la Caisse des élèves fut créé en 1806. Comme son nom l’indique il avait pour fonc­tion de venir en aide aux élèves néces­si­teux et peut-être aus­si à leur famille [2]. C’est l’ancêtre mod­este des sociétés poly­tech­ni­ci­ennes qui ont été insti­tuées par la suite, S.A.S., S.A.X., Groupe­ment 1900–1913 et enfin A.X.

La Société amicale de secours des anciens élèves de l’École polytechnique (S.A.S.)

La Société ami­cale de sec­ours des anciens élèves de l’É­cole poly­tech­nique (S.A.S.) a été fondée en 1865, son Assem­blée con­sti­tu­tive s’é­tant réu­nie le 26 novem­bre. Ce sont les pro­mo­tions 1863 et 1864, alors qu’elles étaient encore à l’É­cole, qui furent à l’o­rig­ine de cette créa­tion, avec pour objet “de venir en aide aux cama­rades mal­heureux et à leurs familles”. Cette société pre­nait le relais du Bureau de bien­fai­sance de la Caisse des élèves qu’on vient d’évoquer.

Dès le 23 sep­tem­bre 1867 la S.A.S. fut recon­nue d’u­til­ité publique par un décret de Napoléon III.


Le Bul­letin de la S.A.S. avait pris pour emblème
la poule aux œufs d’or, chère à Napoléon

Afin d’al­i­menter son bud­get de sol­i­dar­ité, un bal qui eut lieu désor­mais chaque année — sauf pen­dant les péri­odes de guerre — fut organ­isé en 1879. Cette man­i­fes­ta­tion existe tou­jours, comme cha­cun sait, et elle con­tin­ue à rassem­bler en divers lieux pres­tigieux toutes les généra­tions de cama­rades, autour d’un spec­ta­cle, d’un souper et du bal pro­pre­ment dit.

Le pre­mier Annu­aire édité par la S.A.S. vit le jour en 1867 sous la forme d’une annexe au compte ren­du de la réu­nion de l’Assem­blée générale. Cette pub­li­ca­tion annuelle subit quelques éclipses, mais, du fait de son évi­dente util­ité, est tou­jours en vigueur.

La S.A.S. se trans­for­ma en A.X., à la suite de l’Assem­blée générale du 12 mai 1962 et du décret du 28 jan­vi­er 1963. Cette trans­for­ma­tion fut approu­vée par l’Assem­blée générale extra­or­di­naire du 6 mars 1963 suiv­ie de l’Assem­blée générale con­sti­tu­tive de l’A.X.

La S.A.S. pub­lia à par­tir du 15 octo­bre 1927 un Bul­letin. 49 numéros de celui-ci parurent, le dernier le 15 décem­bre 1939. La guerre ne per­mit pas de con­tin­uer son édi­tion, qui ne fut pas reprise en 1945.

Le som­maire com­por­tait trois rubriques : “Les Antiques”, la vie à l’É­cole et les com­mu­ni­ca­tions du Comité. Les deux dernières, qui exis­tent tou­jours comme il se doit dans La Jaune et la Rouge, infor­maient nos cama­rades sur la vie de la société et de la “Boîte Car­va”. La pre­mière rel­e­vait de la tra­di­tion de pub­li­er des textes d’in­térêt général même si à l’o­rig­ine il s’agis­sait de ren­dre hom­mage aux grands Antiques (cf. le Bul­letin de la S.A.X.).

La Société des amis de l’École polytechnique (S.A.X.)

Cette société est née à la suite d’un appel daté du 18 mai 1908 et envoyé aux anciens élèves. Dès le 31 mai suiv­ant, une assem­blée con­sti­tu­tive désig­nait son prési­dent Louis Cuvinot (1855), séna­teur de l’Oise et inspecteur général des Ponts et Chaussées ain­si que les 39 autres mem­bres de son Con­seil. Celui-ci se réu­nit pour la pre­mière fois le 5 juin 1908.

Bulletin de la SAXLors de sa troisième réu­nion (3 décem­bre) il déci­da la pub­li­ca­tion d’un Bul­letin dont le pre­mier numéro parut en avril 1909. 102 numéros furent pub­liés, le dernier étant daté d’oc­to­bre 1945. Bien enten­du, comme on peut s’en douter, la guerre de 1914–1918 per­tur­ba la paru­tion du bul­letin. Après juil­let 1914, il fal­lut atten­dre novem­bre 1917 et octo­bre 1919 pour revenir à une édi­tion nor­male. De même la péri­ode allant d’avril 1940 (n° 98) à jan­vi­er 1945 (n° 99) cor­re­spon­dit à la sus­pen­sion de la pub­li­ca­tion de la revue.

Cepen­dant le Con­seil d’ad­min­is­tra­tion avait con­tin­ué de se réu­nir dis­crète­ment, mal­gré l’in­ter­dic­tion alle­mande du 24 jan­vi­er 1942.

La S.A.X. avait été recon­nue d’u­til­ité publique par décret du 26 juin 1911.

Bulletin X-InformationÀ la suite de l’Assem­blée générale du 12 mai 1962 la S.A.X. fut déclarée dis­soute par le décret du 28 jan­vi­er 1963, cette dis­so­lu­tion ayant été entérinée par l’Assem­blée générale du 16 mars 1963. L’A.X. reprit alors son pat­ri­moine et ses activités.

Le Bul­letin de la S.A.X. débu­ta évidem­ment par des com­mu­ni­ca­tions trai­tant de la mise en place de la nou­velle asso­ci­a­tion, puis de sa vie quo­ti­di­enne. On notera l’ap­pari­tion dès le n° 4 d’une rubrique d’of­fres d’emploi et dès le n° 6 de celle des deman­des d’emploi : le même numéro accueil­lit une chronique bibliographique.

Dans le n° 7, à l’oc­ca­sion de la mort d’Hen­ri Poin­caré, fut créée une dernière par­tie “trai­tant soit des ques­tions sci­en­tifiques, soit des ques­tions intéres­sant l’É­cole”. Elle com­pre­nait un arti­cle de Jean Bosler (1898) sur Poin­caré, un arti­cle du com­man­dant Spilleux inti­t­ulé “L’É­cole poly­tech­nique et les human­ités”, ain­si que la bib­li­ogra­phie déjà citée.

Le Groupement 1900–1913

Après la vic­toire de 1918, jugeant prob­a­ble­ment que la S.A.S. et la S.A.X. man­quaient de dynamisme, des cama­rades des pro­mo­tions 1900 à 1913 créèrent une nou­velle entité inti­t­ulée “Groupe­ment 1900–1913”. Celui-ci édi­ta dès avril 1920 un bul­letin men­su­el, qui à par­tir de son n° 5 (octo­bre 1920) parut sous le titre X‑Information — Bul­letin men­su­el poly­tech­ni­cien. Ce péri­odique dont le n° 1 n’avait que qua­tre pages in-quar­to s’étof­fa bien­tôt pour attein­dre, par exem­ple, 24 pages en juin 1938.

Le dernier numéro parut le 25 avril 1940 et le bul­letin ne survé­cut pas à la guerre, non plus sem­ble-t-il que le Groupe­ment sous sa forme ini­tiale. Cepen­dant on peut se deman­der si le G.P.X. ne peut pas être con­sid­éré au moins dans une cer­taine mesure comme son héri­ti­er. Cette ques­tion serait à appro­fondir. Du point de vue rédac­tion­nel on enreg­istre dès le n° 2 le car­net poly­tech­ni­cien, des offres d’emploi et une rubrique bib­li­ographique, ain­si que des con­tri­bu­tions sur des ques­tions économiques et sociales.

Bulletin de l'AXElle fut créée le 26 mai 1945 à l’oc­ca­sion de l’en­trée des deux sociétés — la S.A.S. et la S.A.X. — à la Fédéra­tion des asso­ci­a­tions et sociétés français­es d’ingénieurs (FASFI)1.

Le n° 5 intro­duit des ques­tions sci­en­tifiques (le principe de rel­a­tiv­ité : déjà !) et un arti­cle sur le mou­ve­ment des idées. Cepen­dant on peut not­er que les arti­cles sur les sujets d’in­térêt général sont assez brefs et moins élaborés que ceux du Bul­letin de la S.A.X.

L’Association des anciens élèves (A.X.)

L’A.X. était alors une société à struc­ture légère ayant pour rôle de coor­don­ner la S.A.S. et la S.A.X. Son prési­dent et son vice-prési­dent étaient alter­na­tive­ment les prési­dents des deux sociétés fondatrices.

Par con­tre les pub­li­ca­tions de ces deux entités furent sup­primées au prof­it du Bul­letin de l’As­so­ci­a­tion des anciens élèves de l’É­cole poly­tech­nique (A.X.) dont le pre­mier numéro parut en jan­vi­er 1946. La pub­li­ca­tion de ce bul­letin bimestriel ces­sa après le numéro 72 de jan­vi­er 1958.

Out­re les clas­siques nou­velles des asso­ci­a­tions (A.X., S.A.S., S.A.X., groupes X) ce bul­letin ouvrit ses colonnes à de nom­breux arti­cles sur des sujets d’in­térêt général.

Entre-temps un cahi­er men­su­el de liai­son appelé La Rouge et la Jaune avait vu le jour le 10 jan­vi­er 1948.

Les premiers numéros de laJaune et la RougeC’est la revue qui sub­siste aujour­d’hui avec une pag­i­na­tion beau­coup plus étof­fée, sous le nom de La Jaune et la Rouge. En effet, il avait été prévu à l’o­rig­ine que la revue paraî­trait sous le pre­mier titre les années paires et sous le sec­ond les années impaires.

Cette dis­po­si­tion orig­i­nale et unique en son genre, dans notre pays au moins, ne put se per­pétuer, à cause des prob­lèmes admin­is­trat­ifs qu’elle ne man­qua pas de soulever vis-à-vis du dépôt légal.
La Rouge et la Jaune ne parut donc qu’en 1948, 1950 et 1952. La Jaune et la Rouge avait quant à elle été éditée en 1949 et 1951. C’est ce titre qui survé­cut depuis le n° 57 de jan­vi­er 1953. Pub­liée depuis 1948 dans le for­mat 14 x 23, une nou­velle for­mule vit le jour en avril 1974 sous une présen­ta­tion qui se pro­longera avec quelques mod­i­fi­ca­tions de détail jusqu’en décem­bre 1997. Une maque­tte mod­ernisée a été créée en 1998.


Comme on l’a vu et comme il était logique, S.A.S. et S.A.X. dis­parurent en 1963 pour for­mer l’A.X. nou­velle for­mule. Alors que les sociétés poly­tech­ni­ci­ennes avaient coex­isté pais­i­ble­ment depuis leur fon­da­tion, de vio­lentes dis­cus­sions apparurent entre par­ti­sans et adver­saires du trans­fert de l’É­cole à Palaiseau. Mais ceci est une autre histoire…

Bibliographie

Cette bib­li­ogra­phie est volon­taire­ment som­maire. Pour un recense­ment détail­lé des ouvrages parus sur notre École, on se reportera à l’His­toire de l’É­cole poly­tech­nique de A. Four­cy rééditée avec de très rich­es com­plé­ments par Jean Dhom­bres (62) à l’oc­ca­sion du Bicen­te­naire de la Révo­lu­tion, cf. [12].

[1] Emmanuel Gri­son (37), Mar­cel Rama (41), “L’An­nu­aire de l’X : miroir de la com­mu­nauté des anciens élèves”. Bul­letin de la Société des Amis de la Bib­lio­thèque de l’É­cole poly­tech­nique (SABIX), décem­bre 1995, p. 24 à 40.

Principales publications relatives à l’École polytechnique et à ses anciens élèves éditées en dehors des sociétés polytechniciennes.

[2] A. J. de Man­cy, Mon­u­ment his­torique dédié à tous les élèves de l’É­cole poly­tech­nique depuis sa fon­da­tion jusqu’à nos jours. Paris, 1827.
[3] Four­cy (Ambroise), His­toire de l’É­cole poly­tech­nique, Paris. (Chez l’au­teur), 1828.
[4] Annu­aire de l’É­cole royale poly­tech­nique paru en 1833 (et 13 édi­tions jusqu’à 1846).
[5] Marielle (Charles-Philippe), Réper­toire de l’É­cole impéri­ale poly­tech­nique, ou ren­seigne­ments sur les élèves qui ont fait par­tie de l’in­sti­tu­tion depuis l’époque de sa créa­tion en 1794 jusqu’en 1853 exclu­sive­ment, avec plusieurs tableaux et résumés sta­tis­tiques. Paris, Mal­let-Bache­li­er, 1855.
[6] Lep­rieur (P.), Réper­toire de l’É­cole impéri­ale poly­tech­nique (pro­mo­tions 1854 à 1863). Paris, Gau­thi­er-Vil­lars, 1867.
[7] Pinet (Gas­ton), His­toire de l’É­cole poly­tech­nique. Paris, Baudry, 1887.
[8] Albert-Lévy et Pinet (G.), L’ar­got de l’X. Paris, Émile Tes­tard, 1894.
[9] Annu­aire de l’É­cole poly­tech­nique. Lavauzelle. 1894. 1895. 1896.
[10] Smet (Roger), Le nou­v­el argot de l’X. Paris, Gau­thi­er-Vil­lars, 1936.
[11] Cal­lot (Jean-Pierre), His­toire de l’É­cole poly­tech­nique. Paris, Les Press­es mod­ernes, 1958.
[12] Four­cy (Ambroise), His­toire de l’É­cole poly­tech­nique. Réim­pres­sion de l’édi­tion de 1828, com­plétée par Dhom­bres (Jean) (62). ” L’É­cole poly­tech­nique et ses his­to­riens “, 69 p. ; Annexe (notes, chronolo­gie, bib­li­ogra­phie, biogra­phies, index) 128 p. Paris, Belin, 1987.
[13] Bel­hoste (Bruno), Mas­son (Françoise), Picon (Antoine), Le Paris des poly­tech­ni­ciens. Des ingénieurs dans la ville. In‑4°. Paris, Délé­ga­tion à l’ac­tion artis­tique de la ville de Paris, 1994.
[14] Miquel (Pierre), Les poly­tech­ni­ciens. Paris, Plon, 1994.

Publications non périodiques éditées par les sociétés polytechniciennes

[15] École poly­tech­nique — Le Livre du Cen­te­naire, 1794–1894. 3 vol­umes. Paris, Gau­thi­er-Vil­lars, 1895–1899.
[16] L’É­cole poly­tech­nique. Paris, Gau­thi­er-Vil­lars, 1932.
[17] Cal­lot (sous la direc­tion de Jean-Pierre), Réper­toire général des anciens élèves de l’É­cole poly­tech­nique. 4 vol. in‑8° à l’i­tal­i­enne. A.X.,1980.
[18] Cal­lot (Jean-Pierre), Camus (Michel), Esam­bert (Bernard), Bouttes (Jacques), His­toire et prospec­tive de l’É­cole poly­tech­nique. Paris, Charles Lavauzelle, 1993.
[19] Lesourne (sous la direc­tion de Jacques), Les poly­tech­ni­ciens dans le siè­cle, 1894–1994. Le livre du Bicen­te­naire. Paris, Dun­od, 1994.
[20] Bel­hoste (Bruno), Dahan-Dalmédi­co (Amy), Picon (Antoine), La for­ma­tion poly­tech­ni­ci­enne (1794–1994). Paris, Dun­od, 1994.
[21] Mat­ta­tia (Fab­rice), Dic­tio­n­naire d’ar­got de l’X. Paris, SABIX, 1994.
[22] Picon (Antoine), Les poly­tech­ni­ciens saint-simoniens au XIXe siè­cle. Notes de la Fon­da­tion Saint-Simon, juil­let 1994.

Périodiques

[P 1] S.A.S.
Comptes ren­dus annuels 1865–1906.
Annu­aires 1907–1999.
Les comptes ren­dus de 1865 à 1894 ne don­nent que la liste des anciens élèves mem­bres de la S.A.S. La liste com­plète appa­raît au compte ren­du de 1895. Les annu­aires de 1916, 1917, 1918, 1919, 1922, 1941, 1942, 1943, 1944, 1945, 1946, 1947 n’ont pas paru.
[P 2] Fas­ci­cule quin­quen­nal édité par la Société ami­cale des anciens élèves de l’É­cole poly­tech­nique à utilis­er en com­plé­ment de l’An­nu­aire pen­dant les années 1968 à 1972. 1968.
Même pub­li­ca­tion pour les années 1973 à 1977. 1973. Ces fas­ci­cules n’ont pas été réédités depuis.
[P 3] Bul­letin de la S.A.X. 102 numéros d’avril 1909 à octo­bre 1945.
[P 4] X‑Information. 239 numéros d’avril 1920 à avril 1940.
[P 5] Bul­letin de la S.A.S. 49 numéros d’oc­to­bre 1927 à décem­bre 1939.
[P 6] Bul­letin de l’A.X. 72 numéros de jan­vi­er 1946 à mars 1958.
[P 7] La Jaune et la Rouge. 551 numéros de jan­vi­er 1948 à jan­vi­er 2000. Les années 1948, 1950 et 1952 ont paru sous le titre La Rouge et la Jaune.

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1. La FASFI devint par la suite FASFID (Fédéra­tion des asso­ci­a­tions et sociétés français­es d’ingénieurs diplômés) et sa fusion avec les ISF (Ingénieurs et sci­en­tifiques de France) et le CNIF (Con­seil nation­al des ingénieurs français) don­na nais­sance au CNISF actuel.

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