Les polytechniciens d’Île-de-France viennent en aide aux Sahéliens

Dossier : ExpressionsMagazine N°567 Septembre 2001

Lors d’un récent voy­age au Mali et Burk­i­na Faso, le Groupe parisien des X a vis­ité les pro­jets de SOS-Sahel Inter­na­tion­al. La diver­sité des actions présen­tées a per­mis d’apprécier le tra­vail réal­isé et d’avoir une approche réal­iste de l’aide au développe­ment. Les X ont égale­ment vis­ité Noo­go, et ren­con­tré les vil­la­geois. Une pre­mière con­créti­sa­tion va être apportée par une aide finan­cière du GPX. Ce don représente pour l’Association le pre­mier stade d’une col­lab­o­ra­tion, que nous espérons longue et fructueuse avec les polytechniciens.

Le con­stat que SOS-Sahel Inter­na­tion­al a réal­isé en 1987 autour de Sil­ia était alar­mant : un manque cru­cial d’eau, et l’apparition de mal­nu­tri­tion. Lass­es de cette sit­u­a­tion, les com­mu­nautés rurales ont ini­tié avec les parte­naires sahéliens un pro­jet d’envergure pluri­an­nuel. Il com­pre­nait un bar­rage avec deux périmètres maraîch­ers ; une pépinière de reboise­ment, une mangueraie ; un cen­tre de san­té com­prenant dis­pen­saire, mater­nité, phar­ma­cie ; un cen­tre nutri­tion­nel, et un volet d’apiculture.

Le pro­jet inté­gré de Sil­ia est une réus­site car depuis quelques années une nette amélio­ra­tion de la qual­ité de vie se fait ressentir.

Les projets futurs

Noo­go présente les mêmes symp­tômes que Sil­ia. C’est un vil­lage isolé, de 4 000 habi­tants soumis à de fréquentes sécher­ess­es, une large déforesta­tion, et une éro­sion éoli­enne et hydrique impor­tante. Après la mis­sion de recon­nais­sance de cet été, le diag­nos­tic a déter­miné les besoins suiv­ants : la retenue d’eau. Elle est une solu­tion pour le vil­lage car beau­coup de points d’eau taris­sent et l’impossibilité de faire abreuver les trou­peaux et de faire de la cul­ture de con­tre-sai­son entraî­nent une migra­tion des hommes.

Le cen­tre de san­té est la sec­onde préoc­cu­pa­tion. Pour sat­is­faire la demande, il devra com­pren­dre dis­pen­saire, mater­nité, phar­ma­cie, loge­ment de fonc­tion, et for­age. Ensuite vien­dront le recrute­ment du per­son­nel, l’équipement en matériel et en médica­ments et enfin la for­ma­tion. Les poly­tech­ni­ciens, Ingénieurs sans Fron­tières, SOS-SAHEL Inter­na­tion­al France et Burk­i­na Faso vont main­tenant tout entre­pren­dre pour ren­dre pos­si­ble ce projet.

Quand deux étudiants de Polytechnique (X 98) rencontrent les villageois de Noogo

Pour nous, comme pour eux, ce fut une pre­mière. Nous n’étions jamais allés en Afrique, ils n’avaient jamais hébergé de Blancs. Pour­tant, nous avons vécu ensem­ble pen­dant un mois. Dans le cadre de notre sco­lar­ité à l’École poly­tech­nique, nous devions effectuer un stage de con­tacts humains l’été dernier.

Grâce au Groupe­ment parisien des X, SOS-SAHEL Inter­na­tion­al France a choisi de nous envoy­er dans le vil­lage de Noo­go, au nord du Burk­i­na Faso, pour une mis­sion de recon­nais­sance. Notre arrivée fut saluée par de nom­breux présents : bols d’arachides, poulets, et nous nous sommes même vus offrir cha­cun une chèvre par deux chefs de quartiers peuhls ! Quelle leçon d’hospitalité lorsque l’on voit le nom­bre de familles au vil­lage qui ne pos­sè­dent pas une bête…

Notre mis­sion était le référence­ment des pri­or­ités de développe­ment du vil­lage. Nous avons com­mencé par organ­is­er des réu­nions col­lec­tives, touchant dif­férents groupes soci­aux, ensuite nous avons élaboré un ques­tion­naire, per­me­t­tant d’interroger plus de 140 per­son­nes de familles dif­férentes. À par­tir de ces don­nées, un avant-pro­jet a été présen­té à SOS-SAHEL Inter­na­tion­al France, met­tant en évi­dence : la con­struc­tion d’un cen­tre de san­té et la réal­i­sa­tion d’un microbarrage.

Une chose est sûre : la portée de ce séjour dépasse large­ment le cadre du stage effec­tué pour l’École poly­tech­nique. Nous avons pu décou­vrir une nou­velle cul­ture, et surtout être directe­ment sen­si­bil­isés à des prob­lèmes trop sou­vent passés sous silence dans les pays du Nord. Il n’y a pas meilleur voy­age ini­ti­a­tique que celui-ci : s’intégrer dans un vil­lage, partager la fran­chise, la gen­til­lesse, et com­pren­dre la pauvreté.

Éric MALLARD (98)
et Math­ieu BONNOT (98)

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