Courbe de hausse des dépenses informatiques

Les nouvelles technologies bouleversent les conditions de travail

Dossier : RH et révolution digitaleMagazine N°727 Septembre 2017
Par Marco VUJASINOVIC (84)

Long­temps à l’é­cart des sytèmes d’in­for­ma­tion, la ges­tion des res­sources humaines entame sa révo­lu­tion avec des dépenses en sen­sible aug­men­ta­tion. . On passe d’une ges­tion pure­ment admi­nis­tra­tive, à une ges­tion per­son­na­li­sée des tâches et des per­sonnes. Et ceci tant pour pour le recru­te­ment externe que pour la mobi­li­té interne où la demande est forte. 

La ges­tion des res­sources humaines est res­tée long­temps à l’écart des sys­tèmes d’information. Ain­si, jusqu’à il y a une dizaine d’années, les grandes entre­prises du sec­teur ont été déve­lop­pées par des équipes ne com­pre­nant presque aucun ingé­nieur par­mi leurs dirigeants. 

De même, par­mi les direc­teurs ou direc­trices des RH, on trouve très peu d’ingénieurs : ces fonc­tions et cette indus­trie sont natu­rel­le­ment plus proches des sciences sociales et humaines que de l’informatique.

REPÈRES

Alors que la part des dépenses informatiques représentait en 2014 environ 9 % du chiffre d’affaires dans le secteur financier et les télécommunications 5 %, les entreprises du secteur des ressources humaines dépensaient à peine plus de 1 % de leur chiffre d’affaires en informatique.

UNE FORTE ACCÉLÉRATION DES DÉPENSES

Au sein des entre­prises, la ges­tion des res­sources humaines fait par­tie des fonc­tions les moins avan­cées en termes d’innovation et d’industrialisation. Si, depuis une quin­zaine d’années, les ETI et grandes entre­prises se sont équi­pées en sys­tèmes d’information pour la ges­tion des RH, ces sys­tèmes sont aujourd’hui uti­li­sés sur­tout dans une logique de ges­tion admi­nis­tra­tive, de base de don­nées sociales et de sto­ckage de docu­ments clés. 


Les dépenses en outils infor­ma­tiques des DRH vont aug­men­ter de plus de 50 % dans les pro­chaines années. © VEGE / FOTOLIA.COM

Ils sont adop­tés par les dépar­te­ments de res­sources humaines eux-mêmes, mais irriguent peu les orga­ni­sa­tions qui les per­çoivent comme une contrainte plu­tôt qu’une opportunité. 

C’est pour­quoi, dans la plu­part des grandes orga­ni­sa­tions, il y a beau­coup moins de don­nées sto­ckées sur les col­la­bo­ra­teurs dans les bases de don­nées des entre­prises que par exemple dans LinkedIn. 

Mais une nou­velle ère s’ouvre. Dans le domaine du recru­te­ment externe, la tech­no­lo­gie per­met désor­mais de mesu­rer la per­for­mance des dif­fé­rents canaux uti­li­sés et d’identifier de meilleures stra­té­gies de sour­cing (acqui­si­tion de CV), notam­ment en ana­ly­sant les pro­fils et les par­cours qui obtiennent les meilleurs suc­cès dans le poste à pour­voir, grâce au big data. 

Ces approches per­mettent de lever des a prio­ri et de modi­fier les pra­tiques de recrutement. 

“ La gestion des RH fait partie des fonctions les moins avancées en termes d’innovation ”

Elles per­mettent de la même façon de revoir les des­crip­tions de postes à pour­voir en les rap­pro­chant du mar­ché. Devant la com­plexi­té des para­mètres qui impactent les recru­te­ments (noto­rié­té de l’entreprise, attrac­ti­vi­té du poste, ten­sion du mar­ché, loca­li­sa­tion, rému­né­ra­tion, pério­di­ci­té, etc.), l’analyse se trouve consi­dé­ra­ble­ment enri­chie par le big data. 

C’est en croi­sant les cri­tères de sélec­tion avec les com­pé­tences des can­di­dats de façon auto­ma­tique, appre­nante et à grande échelle, que les tech­no­lo­gies de mat­ching et d’entretiens vidéos dif­fé­rés per­mettent aus­si de réduire les fric­tions qui jalonnent les phases de recrutement. 

Pour les grandes entre­prises, un enjeu majeur des cinq pro­chaines années sera d’accélérer le trai­te­ment des can­di­da­tures. Cette accé­lé­ra­tion pas­se­ra notam­ment par l’automatisation des tâches à faible valeur ajou­tée (publi­ca­tion d’annonces, dépouille­ment ini­tial de CV, etc.). 

Le mat­ching peut en effet divi­ser par 4 les délais de recru­te­ment, en les rame­nant de 4–8 semaines à 1–2 semaines. 

LE RECRUTEMENT INTERNE ÉVOLUE LUI AUSSI

De la même manière, ces nou­velles tech­no­lo­gies trouvent leur appli­ca­tion au recru­te­ment interne, au moment où la mobi­li­té interne devient stra­té­gique pour la fidé­li­sa­tion des talents. 

“ Un enjeu majeur sera d’accélérer le traitement des candidatures ”

Nous consta­tons une prise de conscience très impor­tante de la néces­si­té de réflé­chir et d’engager des actions pour satis­faire la demande interne, de plus en plus pres­sante, d’évoluer.

Or, dans la plu­part des entre­prises, des pro­ces­sus anciens, conçus pour une géné­ra­tion de tra­vailleurs fidèles et loyaux, freinent consi­dé­ra­ble­ment la mobi­li­té interne. 

Le pro­blème est géné­ra­tion­nel, cultu­rel, orga­ni­sa­tion­nel et tech­nique. Une par­tie de la solu­tion est tech­no­lo­gique. À nou­veau, le mat­ching et la vidéo vont cas­ser les bar­rières d’employabilité et flui­di­fier les par­cours dans les grands groupes. 

Recrutement par video
La vidéo a flui­di­fié les par­cours de recrutement.
© PHOTOGRAPHEE.EU / FOTOLIA.COM

Enfin, la maî­trise du big data va amé­lio­rer la ges­tion pré­vi­sion­nelle de l’emploi et des car­rières, et le pas­sage d’une ges­tion pré­vi­sion­nelle macroé­co­no­mique, à une ges­tion véri­ta­ble­ment pré­dic­tive, intel­li­gente, per­son­na­li­sée, incluant les zones et métiers à risques et toutes les pos­si­bi­li­tés de reconversion. 

Cette mon­tée en puis­sance des outils numé­riques dans les RH est bien illus­trée par l’évolution des dépenses des entre­prises, qui vont aug­men­ter de plus de 50 % dans les pro­chaines années. 

Elle est aus­si reflé­tée depuis quatre ans par le nombre de plus en plus impor­tant de start-up dans le numé­rique au ser­vice des RH dans le monde. Et en un an, près de 400 start-up ont levé envi­ron 2 mil­liards d’euros de finan­ce­ment dans ce domaine. 

La ges­tion des RH devient un fac­teur déter­mi­nant de suc­cès des entre­prises. L’emploi des big data dans les RH ouvre de mul­tiples champs pour acqué­rir, gérer et fidé­li­ser les talents. 

Les entre­prises qui seront les pre­mières à uti­li­ser ces nou­velles tech­no­lo­gies seront par­mi les grandes gagnantes dans la guerre des talents. 

Les métiers du recru­te­ment ont déjà com­men­cé à chan­ger, plus numé­riques, mieux cen­trés sur l’expérience can­di­dat, plus près du collaborateur. 

WATS4U, UN SITE D’EMPLOI DE NOUVELLE GÉNÉRATION

Illus­tra­tion de la mise en œuvre de tech­no­lo­gies plus puis­santes dans les RH, le site WATs4U (qui a rem­pla­cé le site manageurs.com) fédère les offres d’emploi pour les 22 asso­cia­tions des diplô­més des plus grandes écoles d’ingénieurs et de com­merce, dont les anciens de l’X.

LUTTER CONTRE LA FUITE DES CERVEAUX

Dans un marché de l’emploi devenu plus fluide, les entreprises sont confrontées à la fuite des talents, de plus en plus exigeants et volatils. C’est d’autant plus vrai pour les grandes entreprises et ETI, pénalisées par des organisations plus lourdes, et une plus grande difficulté d’adaptation aux exigences du marché.

Ce site s’est enri­chi d’un sys­tème d’une fonc­tion de mat­ching, déve­lop­pée en par­te­na­riat avec Meteo­job. Désor­mais, chaque diplô­mé ins­crit sur WATs4U reçoit auto­ma­ti­que­ment par e‑mail des offres qui lui correspondent. 

Ce site pro­pose quo­ti­dien­ne­ment plus de 4 000 offres d’emploi des plus grands groupes fran­çais, mais éga­le­ment de socié­tés et start-up inno­vantes, dont cer­taines non pré­sentes sur les sites classiques. 

Il dis­pose déjà de plus de 25 000 pro­fils et compte tous les mois plus de 400 nou­veaux ins­crits. WATs4U est un canal pri­vi­lé­gié de dif­fu­sion d’offres d’emploi ciblant les diplô­més de grandes écoles.

Poster un commentaire