Les grands vins de la rive droite

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°606 Juin/Juillet 2005Rédacteur : Laurens DELPECH

Dans la vaste appel­la­tion Saint-Émi­lion (5 300 hec­tares), le mer­lot, qui confère aux vins leur tex­ture velou­tée et leur bou­quet sub­til, est le cépage le plus répan­du, com­plé­té par le caber­net franc, qui apporte aux vins sa finesse aro­ma­tique légè­re­ment épi­cée, sa fraî­cheur et une struc­ture tan­nique bien mar­quée. Dans cette région où les grandes pro­prié­tés sont rares, le sys­tème de clas­se­ment mis en place depuis 1958 est assez dif­fé­rent de celui du Médoc. L’appellation Saint-Émi­lion peut être reven­di­quée par tous les vins pro­duits sur la com­mune du même nom et huit com­munes envi­ron­nantes, dès lors qu’ils pos­sèdent un degré alcoo­lique natu­rel mini­mal et qu’ils satis­font aux exi­gences d’une com­mis­sion de dégus­ta­tion. Pour pré­tendre au titre de Saint-Émi­lion Grand Cru, le vin devra avoir un degré alcoo­lique supé­rieur, avoir subi un vieillis­se­ment de dix-huit mois et été mis en bou­teilles au châ­teau. Ces condi­tions étant rem­plies, un jury déter­mi­ne­ra s’il est apte à por­ter l’appellation Saint-Émi­lion Grand Cru. La notion de ter­roir – fon­da­men­tale dans le clas­se­ment de 1855, qui porte pour l’essentiel sur les vins du Médoc –, n’apparaît qu’au niveau de l’appellation Saint-Émi­lion Grand Cru clas­sé. 55 vins ont droit à cette appel­la­tion depuis la révi­sion du clas­se­ment inter­ve­nue en 1996. Enfin, l’appellation Saint-Émi­lion Pre­mier Grand Cru Clas­sé consacre les plus grands ter­roirs et ras­semble onze vins dont deux sont Pre­miers Grands Crus clas­sés A (Ausone et Che­val Blanc), les neuf autres étant Pre­miers Grands Crus clas­sés B. Conçu dès son ori­gine pour être révi­sé tous les dix ans, ce clas­se­ment a déjà fait l’objet d’une révi­sion en 1958, 1969, 1984 (effec­tive en 1986) et 1996. L’appellation est ain­si la seule en France à pro­cé­der au “ reclas­se­ment ” ou au “ déclas­se­ment ” de plu­sieurs vins. Le pro­chain clas­se­ment sera publié en 2006, il pour­rait réser­ver quelques surprises.

Meilleurs vins : Châ­teau Che­val Blanc (Le Petit Che­val), Châ­teau Ausone, Châ­teau Angé­lus (Le Carillon de l’Angélus), Châ­teau Figeac (Gran­ge­neuve de Figeac), Châ­teau Canon-La Gaf­fe­lière, Clos de l’Oratoire.

Pome­rol est, avec ses 730 hec­tares, la plus petite des grandes régions viti­coles du Bor­de­lais et n’a jamais connu de clas­se­ment, ce dont les prin­ci­paux pro­duc­teurs s’accommodent d’ailleurs fort bien, car il existe une clas­si­fi­ca­tion offi­cieuse fon­dée sur la qua­li­té, les réus­sites pas­sées et les prix, géné­ra­le­ment éle­vés, en rai­son de la rare­té et d’une forte demande. En fait, les vins de Pome­rol n’ont vrai­ment com­men­cé à connaître le suc­cès et la renom­mée qu’après la Deuxième Guerre mon­diale. Les prin­ci­pales pro­prié­tés ne comptent en géné­ral que quelques hec­tares, avec une faible pro­duc­tion de bou­teilles en com­pa­rai­son avec le Médoc ou même les Graves. La séduc­tion exer­cée par les vins de Pome­rol tient à leur carac­tère aimable, sen­suel, souple et frui­té, lar­ge­ment dû au cépage qui repré­sente au moins 75 % de leur pro­duc­tion, le mer­lot, lequel donne des vins très char­meurs, onc­tueux, des vins agréables jeunes mais qui vieillissent très bien.

Châ­teau Petrus est sans conteste le plus célèbre des Pome­rol dont il repré­sente bien l’archétype : c’est un vin séveux, rond et velou­té avec des arômes de cas­sis, de vio­lette et de truffe. Petrus, c’est l’histoire d’une pas­sion ou plu­tôt de deux pas­sions, celle de Mme Lou­bat d’abord, “ La grande dame de Pome­rol ” qui fut pro­prié­taire du châ­teau jusqu’à sa mort en 1961 et qui “ inven­ta ” Petrus. Celle de Jean-Pierre Moueix ensuite, qui rache­ta en 1965 les parts d’un héri­tier de Mme Lou­bat et sut main­te­nir et déve­lop­per la répu­ta­tion du domaine. Petrus est actuel­le­ment diri­gé par Jean-Fran­çois Moueix, le fils de Jean- Pierre Moueix, et vini­fié par Jean-Claude Ber­rouet. Les rai­sons de la qua­li­té excep­tion­nelle de Petrus sont au nombre de quatre : c’est le seul vignoble de Pome­rol entiè­re­ment consti­tué d’argile, y com­pris dans ses couches supé­rieures. Sa situa­tion sur le som­met du pla­teau de Pome­rol lui per­met de rece­voir les rayons du soleil pen­dant toute la jour­née. L’âge moyen des vignes est supé­rieur à 35 ans. L’encépagement est consti­tué à 95 % de mer­lot et 5 % de caber­net franc et il arrive très sou­vent qu’on n’utilise que les mer­lots pour faire Petrus. Petrus n’a qu’un défaut : la super­fi­cie limi­tée de la pro­prié­té (11,42 ha), l’âge éle­vé des vignes ne per­mettent de faire que 40000 bou­teilles par an de ce vin que le monde entier s’arrache…

Meilleurs vins : Châ­teau Petrus, La Fleur-Petrus, Châ­teau L’Évangile (Le Bla­son de l’Évangile), Vieux Châ­teau Cer­tan (La Gra­vette de Cer­tan), Châ­teau Gazin (L’Hospitalet de Gazin), Châ­teau Petit-Village

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