LES 100 MOTS DE LA CRISE FINANCIÈRE

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°652 Février 2010Par : Bertrand Jacquillat et Vivien Levy-Garboua (67)Rédacteur : Jacques Hamon, professeur de l’université Paris-DauphineEditeur : Presses Universitaires de France - PUF : 6, avenue Reille, 75014 Paris.

Couverture du livre : Les 100 mots de la crise financière128 pages sans un graphique, sans une for­mule math­é­ma­tique, sans un tableau de chiffres, sans note en bas de page (ou presque on en a vu trois) pour décrire la finance, la crise finan­cière dans ses aspects bour­siers, moné­taires, ban­caires, ain­si que les car­ac­téris­tiques des titres financiers impliqués. Le défi est dif­fi­cile. Et bril­lam­ment relevé par B. Jacquil­lat et V. Levy-Gar­boua. Ce Que sais-je ? n’est pas unique­ment réservé aux débu­tants. On peut pari­er que très peu de lecteurs n’apprendraient rien à sa lecture.

Une lec­ture non linéaire est pos­si­ble, de manière clas­sique via un index en fin d’ouvrage, mais égale­ment en suiv­ant les ren­vois en cours de texte qui diri­gent vers d’autres mots. Il est ain­si immé­di­at d’obtenir une déf­i­ni­tion des ter­mes apparus dans la presse à l’occasion de la crise finan­cière récente : mono­lines, con­duits, ABS, CDO, covenants, Cred­it Default Swap par exemple.

Le Que sais-je ? com­porte 100 entrées mais le vocab­u­laire financier util­isé et défi­ni dans l’ouvrage est beau­coup plus riche. Une entrée pro­pose et définit sou­vent plusieurs mots. Ain­si l’entrée Sub­primes intro­duit et explique très claire­ment notam­ment les NINJA, Jum­bo, Prime, Alt‑A, le ratio loan to val­ue, les for­mules de rémunéra­tion dites two-twen­ty eight et three-twen­ty sev­en ou la reset peri­od.

Ce Que sais-je ? est mieux qu’un lex­ique car le range­ment des entrées n’est pas alphabé­tique mais struc­turé en neuf thèmes prin­ci­paux : Les acteurs de la crise ; Ban­ques et marchés ; La crise du sub­prime ; Le crédit : inno­va­tion et risque ; Liq­uid­ité ; Val­ori­sa­tion et cap­i­tal ; Le cycle financier ; Les remèdes ; Et l’avenir ?

Le rôle des ban­ques et des insti­tu­tions finan­cières appa­raît directe­ment dans le deux­ième volet (Ban­ques et marchés : la finance éclatée) mais est net­te­ment présent tout au long de l’ouvrage. Le rôle des États est égale­ment dis­cuté (de manière directe via leur endet­te­ment, leur rôle quant au façon­nage et au con­trôle des insti­tu­tions finan­cières, le posi­tion­nement du curseur entre le laiss­er-faire et les inter­ven­tions de l’État dans l’économie : cf. too big to fail, Keynes, struc­ture de défai­sance). Le rôle des marchés appa­raît davan­tage du côté des solutions.

L’articulation avec les thèmes de la théorie finan­cière (diver­si­fi­ca­tion, prime de risque, courbe des taux, effi­cience infor­ma­tion­nelle) et ceux de l’analyse économique (cycles économiques, trappe de liq­uid­ité) per­met une mise en per­spec­tive et un appro­fondisse­ment sur le risque, les inci­ta­tions, les com­porte­ments (aléa moral), les con­flits d’intérêts, l’asymétrie d’information.

Les préreq­uis à une com­préhen­sion com­plète ne sont pas nég­lige­ables. Le lecteur débu­tant en finance devra prob­a­ble­ment égale­ment lire Les 100 mots de la finance (de B. Jacquil­lat) et Les 100 mots des marchés dérivés de D. Lau­ti­er et Y. Simon, dans la même col­lec­tion, pour une maîtrise plus complète.

Le dernier arti­cle (n° 100 donc) s’intitule Finance, et plaide pour davan­tage de finance, pour une démoc­ra­tie finan­cière et le développe­ment d’infrastructures pour le plus grand nom­bre dont le micro­crédit et l’accession à la pro­priété. Cet arti­cle cite M. Yunus, M. Nowak et H. de Soto ce qui con­stitue d’excellentes recom­man­da­tions de lectures.

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