L’entrepreneur dans le commerce mondial

Dossier : La France a besoin d'entrepreneursMagazine N°549 Novembre 1999
Par Jacques DONDOUX (51)

Au moment de la grande ren­con­tre pré­parée par l’Or­gan­i­sa­tion mon­di­ale du com­merce à Seat­tle, La Jaune et la Rouge s’in­ter­roge sur l’avenir des entre­pre­neurs de tous niveaux dans le con­texte mon­di­al et par­ti­c­ulière­ment le com­merce international.

Les expor­ta­tions sont en effet une activ­ité impor­tante pour notre pays, puisqu’elles cor­re­spon­dent à un chiffre d’af­faires d’en­v­i­ron 1 800 mil­liards de francs par an, à com­par­er à un pro­duit intérieur brut (PIB) voisin de 8 000 mil­liards de francs. Presque un Français sur qua­tre a son emploi rémunéré par les exportations.

Si l’on tient compte des secteurs non marchands dans le PIB, comme l’ar­mée, l’en­seigne­ment, et plus générale­ment les Fonc­tions et ser­vices publics, on remar­que que la France est un pays très large­ment ouvert à l’international.

Plus de la moitié de notre pro­duc­tion indus­trielle est exportée.

Ceci mon­tre que nos entre­pris­es sont large­ment com­péti­tives. Ce n’est certes pas grâce à une sous-éval­u­a­tion de notre mon­naie. La suré­val­u­a­tion du franc durant les années 1990 a au con­traire con­duit nos entre­pris­es à des gains inces­sants de pro­duc­tiv­ité dont elles recueil­lent aujour­d’hui les fruits.

Est-ce à dire que tout va bien en France dans le domaine du com­merce international ?
Pas tout à fait.

Tout d’abord, nous n’avons pas su aider nos PME comme les Ital­iens ou les Allemands.
Nos ban­ques sont trop parisiennes.
Les aides publiques s’ori­en­tent trop sou­vent vers les seules grandes entreprises.
Les expo­si­tions com­mer­ciales français­es à l’é­tranger béné­fi­cient enfin de crédits insuffisants.

Mais le grand enjeu de Seat­tle est ailleurs.

Doit-on intro­duire des normes sociales et envi­ron­nemen­tales dans les échanges internationaux ?

Cela per­me­t­trait de met­tre nos indus­tries tra­di­tion­nelles (tex­tile, élec­tron­ique grand pub­lic, etc.) dans des con­di­tions plus objec­tives de compétition.

Les pays en voie de développe­ment y sont bien sûr opposés.

Mais les Européens et notam­ment les Alle­mands, comme les Améri­cains du Nord, y sont très favorables.

C’est là le grand pari de Seattle.
Il mérite que nous ne nous oppo­sions pas trop aux Améri­cains sur l’a­gri­cul­ture, qui cor­re­spond en France à 4 % de l’ac­tiv­ité pro­fes­sion­nelle, voire sur l’ex­cep­tion culturelle.

Dans ces deux domaines si sen­si­bles, nous devons mod­erniser notre action et sub­ven­tion­ner les acteurs plutôt que les produits.

Ensuite, l’ou­ver­ture du cap­i­tal des ser­vices publics français pose à terme un prob­lème de fond.

La dic­tature des marchés financiers con­duit, en effet, à une forte rentabil­ité à court terme et à financer beau­coup moins d’é­tudes et de développements.
La numéri­sa­tion des télé­com­mu­ni­ca­tions, le développe­ment de trains à grande vitesse, d’avions civils de trans­port, de cen­trales nucléaires élec­triques auraient-ils été pos­si­bles dans le nou­veau con­texte français ?

Ceci rend d’au­tant plus néces­saire de rééquili­br­er les expor­ta­tions français­es entre les grandes sociétés et les PME.

Par une action au plan financier, nous l’avons dit, mais aus­si au plan humain. Avons-nous, dans les ser­vices français du com­merce extérieur, assez de tech­ni­ciens aptes à dia­loguer avec les entre­pre­neurs de for­ma­tion scientifique ?

Enfin, la France mécon­naît grave­ment les entrav­es au com­merce mon­di­al dues aux normes techniques.

C’est sans doute de peu d’im­por­tance quand on con­sid­ère les pris­es élec­triques non nor­mal­isées au sein de la seule Union européenne. On y a renon­cé semble-t-il…

Le prob­lème est plus préoc­cu­pant pour les normes dans le domaine des nou­velles tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion. Pen­sons à l’im­broglio créé dans le domaine des porta­bles par les Américains.

Nos négo­ci­a­teurs doivent en pren­dre con­science et ne plus hésiter désor­mais, d’une part à se réor­gan­is­er afin d’in­tro­duire cette dimen­sion dans leurs argu­men­ta­tions et d’autre part à atta­quer devant l’OMC les mesures tech­niques anticoncurrentielles.

Poster un commentaire