L’eau, vers une économie de l’efficacité

Dossier : Dossier FFEMagazine N°698 Octobre 2014
Par David COLON (93)

Après un parcours de plus de 15 ans dans les métiers de l’environnement, quel regard portez-vous sur l’évolution du secteur de la gestion de l’eau et de l’assainissement ?

C’est tout d’abord le con­texte mon­di­al et les écarts d’enjeux qui me frap­pent le plus :

D’un côté, l’accès à une eau potable reste tou­jours un des prin­ci­paux enjeux pour 800 mil­lions de per­son­nes dans le monde qui n’y ont pas accès.

De l’autre côté, dans les pays très dévelop­pés, des niveaux de tech­nolo­gies de plus en plus sophis­tiqués sont mis au point pour répon­dre à la néces­sité de traite­ment de pol­lu­tions nou­velles comme les per­tur­ba­teurs endocriniens, les pes­ti­cides ou encore cer­tains résidus pharmaceutiques.

Pensez-vous que cela ait changé le métier des distributeurs d’eau et des gestionnaires d’assainissement ?

Ces métiers sont en pleine muta­tion car ils ont inté­gré depuis une dizaine d’années de nou­veaux paramètres socié­taux et envi­ron­nemen­taux, qui étaient absents avant la prise de con­science col­lec­tive du défi cli­ma­tique avec la con­férence de Rio en 1992 puis le pro­to­cole de Kyoto en 1997 :

  • La prise de con­science de la rareté de la ressource en eau et de son car­ac­tère pré­cieux, qui place aujourd’hui la préser­va­tion de cette ressource au cœur des enjeux de nos métiers, et des préoc­cu­pa­tions des pou­voirs publics ;
  • La crise économique avec laque­lle nous com­mençons à appren­dre à fonc­tion­ner, et qui nous invite à trou­ver des solu­tions de sol­i­dar­ité pour per­me­t­tre aux plus dému­nis d’accéder à l’eau avec une équa­tion économique acceptable ;
  • La décar­bon­a­tion pro­gres­sive de nos économies qui a stim­ulé nos recherch­es d’efficacité énergé­tique dans les solu­tions tech­nologiques que nous proposons.

Est-ce que ces facteurs que vous citez sont des contraintes pour les gestionnaires d’eau et d’assainissement ?

Au con­traire, je crois que ce sont des oppor­tu­nités pour remet­tre en cause nos mod­èles tech­niques et économiques.

D’un point de vue tech­nique, les nou­velles tech­nolo­gies de l’information et le « big data » sont entrés dans nos métiers grâce à la col­lecte en temps réel de don­nées d’exploitation et de con­som­ma­tion d’eau, qui nous per­me­t­tent in fine d’optimiser la ges­tion des instal­la­tions, et de lim­iter les gaspillages.

De plus, nous glis­sons depuis 10 ans d’une économie du vol­ume vers une économie de l’efficacité et de la préser­va­tion de la ressource. Ceci a mod­i­fié en pro­fondeur les attentes des citoyens, des col­lec­tiv­ités locales, mais aus­si des grands indus­triels en matière de ges­tion de leurs ser­vices d’eau.

Chez les indus­triels, aucune nou­velle implan­ta­tion ne voit le jour aujourd’hui si elle n’apporte pas toutes les garanties en matière de préser­va­tion de la ressource et en matière de respect envi­ron­nemen­tal. Cette exi­gence per­met de fonder des parte­nar­i­ats de long terme, dans une rela­tion « gagnant/gagnant », portée par l’efficacité environnementale.

Une nou­velle ges­tion qui se retrou­ve dans les ser­vices d’eaux munic­i­paux. A New York, pour ne citer que celui-ci, la rémunéra­tion de Veo­lia est directe­ment indexée sur l’efficience du ser­vice et sur les économies. Ce nou­veau mod­èle per­met à la ville de New York d’économiser 100 à 200 mil­lions de dol­lars par an.

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