Le virage asiatique de BASF

Dossier : L'industrie chimique, un renouveauMagazine N°664 Avril 2011Par : Pierre LASZLO

REPÈRES
Badis­che Anilin und Soda Fab­rik (BASF) est le pre­mier chimiste mon­di­al, devançant des géants améri­cans comme Dow Chem­i­cal ou Du Pont de Nemours. Avec 105000 employés, six divi­sions et 385 sites de pro­duc­tion, cette société est présente dans le monde entier.

La firme de Lud­wigshafen s’im­plante vigoureuse­ment en Asie. Fin 2009, 15000 employés y tra­vail­laient dans l’ensem­ble de la région Asie-Paci­fique. La société alle­mande prévoit, d’i­ci à 2020, d’y aug­menter ses investisse­ments chaque année à deux points de plus que la crois­sance du marché local. BASF prévoit d’aug­menter l’ef­fec­tif de ses chercheurs R&D local­isés dans cette région, son objec­tif 2020 est de 800 per­son­nes. Deux mil­liards d’eu­ros seront déjà investis dans la région, entre 2009 et 2013. Quelques exem­ples suivent.

Deux mil­liards d’eu­ros investis en Asie de 2009 à 2013

BASF aban­donne le créneau des azu­rants optiques du papi­er en Europe. Par con­tre, elle trans­fère sa fab­ri­ca­tion des col­orants pour papi­er de Gren­zach, en Bade-Wurtem­berg, à Anklesh­war, en Inde, dans l’É­tat du Gujarat. BASF vient de con­tracter un accord avec le pétrochimiste malais Petronas, prévoy­ant la con­struc­tion d’un com­plexe pétrochim­ique, d’un coût de 1,3 mil­liard de dol­lars, qui pro­duira des spé­cial­ités. Cette unité viendrait s’a­jouter à l’u­nité exis­tante BASF-Petronas, à Kuan­tan, Malaisie, fab­ri­quant depuis une dizaine d’an­nées l’acide acrylique, des alcools oxo, le butane‑1,4‑diol et ses dérivés, ain­si que des agents plas­ti­fi­ants de type phtalate.

BASF use de la même for­mule du parte­nar­i­at en Chine. Ain­si, BASF et Chi­na Petro­le­um and Chem­i­cal Cor­po­ra­tion (Sinopec) investis­sent 1,4 mil­liard de dol­lars à l’aug­men­ta­tion de capac­ité de leur unité de craquage à Nan­jing, portée à 740 kt/an. Les dix nou­velles usines que BASF et Sinopec con­stru­isent aus­si à Nan­jing pro­duiront entre autres des amines, du poly­isobutène, des ten­sioac­t­ifs non ion­iques, du 2‑propylheptanol.

Pierre Laszlo

Le basculement asiatrope de l’industrie chimique

Au niveau mon­di­al, on observe une inver­sion des pôles : l’in­dus­trie chim­ique bas­cule vers l’Asie qui représente aujour­d’hui près de 40% du marché mon­di­al avec des crois­sances à deux chiffres. Dans les années qua­tre-vingt, les Occi­den­taux expor­tent vers l’Asie ; en 1990, ils impor­tent ; en 2000, ils s’y implantent.

La région com­prend trois pôles prin­ci­paux : Japon et Corée ; Chine ; Inde. Les acteurs tra­di­tion­nels, Japon et Corée (un tiers de la région), se diver­si­fient vers les pro­duits à forte valeur ajoutée ; leurs enjeux sont la pro­duc­tiv­ité (donc la con­sol­i­da­tion) et l’in­ter­na­tion­al­i­sa­tion. La Chine (la moitié de la région) offre des économies d’échelle et pro­pose des infra­struc­tures. Der­rière les géants éta­tiques (Sinopec est le 4e groupe chim­ique mon­di­al) qui investis­sent pour répon­dre à une demande crois­sante en pro­duits de base, des ini­tia­tives privées pré­par­ent une diver­si­fi­ca­tion vers les spé­cial­ités pour sat­is­faire des con­som­ma­teurs devenant plus sophis­tiqués. Enfin, l’Inde (moins du dix­ième de la région), avec des groupes surtout famil­i­aux, attire les étrangers plutôt sur les pro­duits de spécialité.

Alain Butler (86)

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