Versailles, du mécénat en faveur des PME et ETI

Le Roi-Soleil au service du rayonnement des ETI et PME

Dossier : ExpressionsMagazine N°745 Mai 2019
Par Jean-Marc Le ROUX (81)

Les grands groupes ont très vite com­pris com­ment tir­er par­ti du ray­on­nement inter­na­tion­al de Ver­sailles. Mais grâce aux dis­po­si­tions légales en faveur du mécé­nat et aux offres de la Société des Amis de Ver­sailles, les ETI et PME peu­vent elles aus­si béné­fici­er de cet extra­or­di­naire vecteur promotionnel.

Tour à tour pavil­lon de chas­se, rési­dence royale, musée de l’Histoire de France et palais de la République, le château de Ver­sailles con­stitue l’une des plus belles réal­i­sa­tions de l’art français aux XVIIe et XVIIIe siè­cles. Avec ses huit mil­lions de vis­i­teurs en 2018, le château et le domaine de Ver­sailles, inscrits au pat­ri­moine mon­di­al de l’humanité par l’Unesco depuis 1979, se classent au troisième rang des mon­u­ments les plus vis­ités en France. Qu’on l’aime pour son archi­tec­ture, pour le faste de ses apparte­ments roy­aux, pour ses jardins à la française ou pour l’intimité de ses bosquets, le château de Ver­sailles ne laisse aucun vis­i­teur indifférent.

En 2018, la Société des Amis de Ver­sailles a financé la restau­ra­tion des menuis­eries, des mar­bres, des bronzes et de deux tableaux de Coypel de la salle des Gardes de la Reine, grâce aux legs de Madame Fortin et de Mon­sieur Beaudet notam­ment. Cette inter­ven­tion com­plète la restau­ra­tion des pla­fonds de la salle des Gardes financée par les Amer­i­can Friends of Ver­sailles.
@ Chris­t­ian Milet

Développer l’« Entreprise France »

Grâce à son attrac­tiv­ité, Ver­sailles peut être un atout pour le développe­ment de l’« Entre­prise France » compte tenu de son ray­on­nement inter­na­tion­al. Le Prési­dent de la République l’a très bien com­pris, et l’utilise comme tel en y invi­tant les dirigeants de grands groupes internationaux.

Out­re la Prési­dence et les grands groupes, Ver­sailles peut aus­si être un fac­teur de développe­ment pour les PME et ETI français­es à tra­vers le mécé­nat. En effet, cette source impor­tante de finance­ment du château de Ver­sailles peut per­me­t­tre à une entre­prise de for­ti­fi­er ou fidélis­er ses rela­tions avec ses clients et prospects dans le cadre des con­trepar­ties per­mis­es par le mécénat.

En 2018, la Société des Amis de Ver­sailles a offert au château de Ver­sailles une com­mode insigne de Jean-Hen­ri Riesen­er, livrée en 1776 pour le cab­i­net de retraite de Madame Adélaïde, fille de Louis XV.
Cette com­mode a été acquise grâce aux legs de Mes­dames Simone Baraille, Miche­line Cav­al­lo et Monique Gen­neret.
© Château de Ver­sailles, Dist. RMN © Christophe Fouin

Mécénat d’entreprise et relations publiques

À titre d’exemple, une entre­prise peut faire un don à la Société des Amis de Ver­sailles qui œuvre depuis plus de cent ans pour la préser­va­tion du château et du domaine de Ver­sailles avec une triple mis­sion : con­tribuer aux efforts de restau­ra­tion du château et du domaine de Ver­sailles, enrichir les col­lec­tions par l’acquisition de pièces de mobili­er et d’œuvres d’art et faire ray­on­ner le château de Ver­sailles à tra­vers le monde. La Société des Amis de Ver­sailles a ain­si conçu un événe­ment alliant mécé­nat d’entreprise et rela­tions publiques au Château per­me­t­tant ain­si à l’entreprise mécène de créer des liens priv­ilégiés avec ses clients tout en sou­tenant des pro­jets con­crets pour le Château.

Il suf­fit qu’une entre­prise fasse un don de 20 000 euros à la Société des Amis de Ver­sailles, don qui est déductible à 60 % de l’impôt sur les sociétés, soit un coût réel de 8 000 euros pour les entre­pris­es. En con­trepar­tie, la Société des Amis de Ver­sailles peut organ­is­er pour l’entreprise une vis­ite privée pour un groupe d’une trentaine de per­son­nes (clients, prospects) des Grands Apparte­ments et de la galerie des Glaces en dehors des heures d’ouverture au pub­lic et met à dis­po­si­tion ses pro­pres salons de récep­tion pour l’organisation d’un cock­tail à l’issue de la visite.


Un événement dont on se souvient

Un chef d’entreprise d’une PME qui a organ­isé un tel événe­ment il y a un peu plus d’un an fai­sait remar­quer que quand il emme­nait ses clients dîn­er dans un grand restau­rant parisien, au bout d’un an ou deux, les­dits clients se sou­ve­naient où ils avaient dîné mais ne se sou­ve­naient plus de qui les avait invités. Depuis que ces mêmes clients se sont retrou­vés seuls dans la galerie des Glaces grâce à la con­trepar­tie du mécé­nat, ils ne par­lent plus que de leur vis­ite à Ver­sailles en asso­ciant ce moment excep­tion­nel à l’entreprise invitante !


Restauration et embellissement

Les entre­pris­es dev­enues mécènes peu­vent en out­re être fières de par­ticiper à tra­vers la Société des Amis de Ver­sailles à des restau­ra­tions d’envergure, comme la salle des Gardes de la Reine ou à la restau­ra­tion de stat­ues ou de bustes.

Le ray­on­nement du Château passe aus­si par l’embellissement avec l’achat de mobili­er et d’objets qui étaient à Ver­sailles avant la Révo­lu­tion. C’est ain­si que la Société des Amis de Ver­sailles a acquis, grâce à trois legs, une com­mode remar­quable com­mandée à Jean-Hen­ri Riesen­er, un des plus grands ébénistes du XVIIIe siè­cle, et livrée à Ver­sailles en 1776 à Madame Adélaïde. Cette com­mode a été acquise et offerte au Château par la Société des Amis de Ver­sailles pour un mon­tant de 3,5 mil­lions d’euros et a retrou­vé son emplace­ment originel.

La Société des Amis de Ver­sailles, asso­ci­a­tion recon­nue d’utilité publique depuis 1913, est habil­itée à recevoir des legs qui per­me­t­tront de financer le Château dans ses acqui­si­tions et restau­ra­tions en béné­fi­ciant d’une exonéra­tion totale des droits de muta­tion. Ain­si, si une per­son­ne choisit de léguer tout ou par­tie de son pat­ri­moine à la Société des Amis de Ver­sailles, elle aura la cer­ti­tude que cent pour cent du pat­ri­moine légué revien­dra à l’association.

Un dispositif mal connu des particuliers

Alors que les legs aux asso­ci­a­tions font l’objet de com­mu­ni­ca­tions grand pub­lic régulières, le dis­posi­tif du legs avec charge reste, lui, assez mécon­nu. Il s’avère pour­tant judi­cieux lorsqu’il s’agit de trans­met­tre son pat­ri­moine à un tiers.

En effet, les biens trans­mis à un héri­ti­er indi­rect sont soumis à des droits de suc­ces­sion pou­vant attein­dre jusqu’à soix­ante pour cent du mon­tant de la suc­ces­sion. Pour éviter à son héri­ti­er de s’acquitter de droits de suc­ces­sion élevés, il est pos­si­ble de désign­er la Société des Amis de Ver­sailles comme légataire uni­verselle, à charge pour elle de délivr­er un legs net de frais et de droits à l’héritier. Dans ce cas, c’est l’association qui acquit­tera, pour le compte de l’héritier indi­rect, le mon­tant de ses droits de suc­ces­sion. La Société des Amis de Ver­sailles, exonérée des droits de muta­tion, ne sera imposée que sur la part de l’héritage revenant à l’héritier indi­rect ; elle pour­ra ain­si utilis­er le sol­de pour ses pro­jets en faveur du Château.

“Qu’il soit individuel
ou d’entreprise, le mécénat
est une tradition ancienne
au château de Versailles”

Par exem­ple, si une per­son­ne sans héri­ti­er direct désire léguer 100 000 euros à un neveu, ce dernier devra vers­er 55 % de droits de suc­ces­sion, il lui restera alors 45 000 euros nets. Si cette per­son­ne lègue 100 000 euros à la Société des Amis de Ver­sailles, à charge à l’association de vers­er 45 000 euros au neveu, la société des Amis de Ver­sailles pay­era 55 % de droits de muta­tion sur les 45 000 euros ver­sés au neveu, soit 24 750 euros (24,75 % de la somme léguée), et gardera 30 250 euros (30,25 % de la somme totale) pour financer des acqui­si­tions, des restau­ra­tions et faire ray­on­ner le pat­ri­moine. Le legs avec charge per­met donc de fléch­er une par­tie des droits de suc­ces­sion sans lés­er ses héri­tiers indi­rects qui ont la garantie de recevoir les mêmes montants.

Un tel dis­posi­tif joue aus­si en faveur de la Fon­da­tion de l’École poly­tech­nique et nos anciens sans héri­tiers directs devraient y penser.

Grâce au legs de Madame Simone Baraille, la Société des Amis de Ver­sailles a acquis en sep­tem­bre 2017, lors d’une vente publique chez Sotheby’s, une paire de chenets en bronze ciselé et doré livrés par Pitoin en 1778 pour Madame Élis­a­beth .
© Château de Ver­sailles, Dist. RMN © Christophe Fouin

Perpétuer le rayonnement de Versailles

Qu’il soit indi­vidu­el ou d’entreprise, le mécé­nat est une tra­di­tion anci­enne au château de Ver­sailles. Il est devenu indis­pens­able à la con­ser­va­tion et à la trans­mis­sion de cet incroy­able pat­ri­moine. Le prochain grand défi de la Société des Amis de Ver­sailles sera donc de for­mer les généra­tions de mécènes de demain, afin que le château de Ver­sailles et son domaine con­tin­u­ent de ray­on­ner à tra­vers le monde.

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