Le port du Havre

Dossier : Les portsMagazine N°601 Janvier 2005

Pre­mier port français pour le com­merce extérieur, pour le traf­ic de con­teneurs et cinquième port européen avec 72 mil­lions de tonnes de fret traitées, le Port autonome du Havre accueille aus­si des pas­sagers, en prove­nance ou à des­ti­na­tion de l’An­gleterre et fait tou­jours fonc­tion d’escale de croisières internationales.

Son espace por­tu­aire com­prend des aires directe­ment liées au traf­ic mar­itime, des espaces qui font par­tie de la réserve naturelle de l’es­tu­aire de la Seine et une vaste zone indus­trielle et de ser­vices desservie par un large canal mar­itime acces­si­ble aux navires transocéaniques, par un canal flu­vial relié à la Seine et par les réseaux autorouti­er, fer­rovi­aire et flu­vial à grand gabarit.

Si 10 % de son traf­ic total est du trans­bor­de­ment, la majorité du traf­ic est achem­inée soit par voie ter­restre, soit par pipe-lines.

“Plus qu’ailleurs peut-être, et para­doxale­ment en apparence, la bataille des ports se gag­n­era à terre” note Jean-Marc Lacave, directeur du Port autonome du Havre, reprenant à son compte une for­mule qui demeure plus que jamais d’actualité.

Le port est par déf­i­ni­tion un nœud où con­ver­gent un grand nom­bre d’in­ter­venants — manu­ten­tion­naires, arma­teurs, tran­si­taires qui organ­isent le trans­port pour leurs clients les chargeurs, trans­porteurs, au total, 250 entre­pris­es privées parte­naires du Port autonome qui a un rôle de coor­di­na­teur — à l’oc­ca­sion d’un change­ment de mode de marchan­dis­es arrivées du monde entier ou amenées là pour être exportées. 

La con­nex­ion à terre (autoroutes, rail, oléo­ducs) et avec la voie d’eau est fon­da­men­tale pour un amé­nageur comme le Port autonome du Havre car c’est là où les ser­vices de trans­ports offerts peu­vent gag­n­er ou per­dre des parts de marché.

Modes de transport et trafics

Vue aérienne du port du Havre.
Vue aéri­enne du port du Havre.
© PORT AUTONOME DU HAVRE

En dehors des marchan­dis­es réa­chem­inées par pipe-lines ou trans­bor­dées vers d’autres ports, les marchan­dis­es (toutes caté­gories con­fon­dues) débar­quées ou embar­quées au port du Havre sont trans­portées à 71 % par la route, 16 % par la voie fer­rovi­aire (3,9 Mt en 2003, dont 1,15 Mt de con­teneurs, soit près de 140 000 EVP1) et 13 % par la voie flu­viale (3,1 Mt, dont 0,66 Mt pour les con­teneurs). Soulignons à ce titre la forte pro­gres­sion de l’ensem­ble du traf­ic flu­vial de con­teneurs (+ 80% exprimé en EVP) entre Le Havre et son hinterland.

Plusieurs ser­vices flu­vi­aux de trans­port com­biné de con­teneurs relient le port du Havre aux plates-formes mul­ti­modales de Gen­nevil­liers, de Bon­neuil-sur-Marne (GIE Logi­seine) et Nogent-sur-Seine (SNTC-Car­line). Les con­teneurs achem­inés par voie fer­rée sont trans­portés vers quelque 21 ter­minaux français et européens par CNC, fil­iale de la SNCF, et Le Havre Shut­tles (LHS), com­pag­nie créée en 1998 à l’ini­tia­tive de la Com­mu­nauté por­tu­aire havraise qui opère des ser­vices de et vers Lille, Stras­bourg et Dijon.

Le trans­port com­biné par fer­routage, c’est-à-dire le trans­port de semi-remorques routières et de caiss­es mobiles par la voie fer­rovi­aire, est assuré par Nova­trans de et vers Novara (Milan) avec des con­nex­ions vers Rome, Naples et Patras en Grèce ; de l’autre côté cette liai­son fer­rovi­aire est con­nec­tée à Portsmouth par des ser­vices de car-fer­ry quo­ti­di­ens. L’ob­jec­tif du Port du Havre est de dou­bler la part du trans­port com­biné fer­rovi­aire d’i­ci 2010 par d’im­por­tants investisse­ments d’ores et déjà pro­gram­més en liai­son avec Port 2000.

Enfin, Le Havre est égale­ment un lieu d’ac­cueil pour le trans­port mar­itime à courte dis­tance (cab­o­tage) avec des navires de plus petite taille que ceux du mar­itime longue dis­tance. Au niveau du con­teneur, il existe ain­si 13 ser­vices réguliers entre Le Havre et 5 ports français, 9 ports nord-européens et 6 ports de la pénin­sule ibérique.

Port 2000 et liaison avec l’Europe du Nord

C’est dans le cadre d’une con­cur­rence exac­er­bée entre ports européens, que se situe Port 2000, Un des plus impor­tants pro­jets d’ex­ten­sion por­tu­aire d’Eu­rope qui doit per­me­t­tre, à terme, le triple­ment du traf­ic de con­teneurs qui pro­gresse de 8 à 10 % chaque année dans le monde selon Jean-Marc Lacave.

Sachant que, sur un total de fret traité au Havre de 72 mil­lions de tonnes (Mt), les vracs liq­uides — du pét­role surtout — représen­tent 62,4 % des marchan­dis­es traitées, les vracs solides 6,8 % et les marchan­dis­es divers­es 30,8 % dont les con­teneurs représen­tent à eux seuls près de 9/10e (soit env­i­ron 20 Mt). Pre­mière mise en ser­vice (par­tielle) : fin 2005.

Sur un investisse­ment total de 1 mil­liard d’eu­ros — dont 275 mil­lions d’eu­ros à charge des opéra­teurs privés pour les super­struc­tures — l’É­tat par­ticipe par une dota­tion de 91,47 mil­lions d’eu­ros au bud­get général et par une dota­tion en cap­i­tal de 68,60 mil­lions d’eu­ros. Un con­trat a d’ailleurs été signé entre PAH et l’É­tat à ce sujet por­tant sur l’in­vestisse­ment de 2001 à 2007 ; c’est une pre­mière en France pour une autorité portuaire.

Quant au pro­jet Seine-Nord-Europe, indique Jean-Marc Lacave, qui met­tra en com­mu­ni­ca­tion directe le bassin nord et les pays nord-européens avec le bassin Île-de-France, à nous, Port du Havre, de con­solid­er et d’amélior­er encore la fia­bil­ité des liaisons flu­viales exis­tantes avec tout notre hin­ter­land naturel (300 mil­lions d’habi­tants dont la région Île-de-France) et, face aux ports d’An­vers et de Rot­ter­dam, de dévelop­per notre activ­ité vers les autres régions du Nord et de l’Est.

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1.
 EVP : équiv­a­lent vingt pieds, mesure util­isée pour le traf­ic de con­teneurs d’o­rig­ine anglaise, Twen­ty foot equiv­a­lent uni (TEU).

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