Une composante indispensable du mix énergétique

Dossier : L'électricité nucléaireMagazine N°643 Mars 2009
Par Paul RORIVE

Pour un four­nisseur d’én­ergie, le mix énergé­tique com­prenant l’én­ergie nucléaire, comme les éner­gies renou­ve­lables, est, dans un con­texte haute­ment incer­tain sur le prix des éner­gies fos­siles et du CO2, la meilleure solu­tion pour garan­tir avec con­stance la four­ni­ture d’élec­tric­ité à un prix com­péti­tif, et pour con­tribuer à la lim­i­ta­tion des rejets de gaz à effet de serre. Mais cette option est lourde de conséquences.

Trois défis majeurs
En matière d’énergie, le monde et l’Europe sont aujourd’hui con­fron­tés à des défis majeurs. Le pre­mier est de répon­dre à une demande glob­ale d’énergie qui aug­mentera dans les années futures, mal­gré les pro­grès qu’il faut atten­dre en matière d’économies d’énergie. Le deux­ième est d’atteindre l’objectif de réduc­tion des émis­sions de CO2 de 20 % à l’horizon 2020, défi­ni par l’Union européenne, et plus générale­ment de par­ticiper à la lutte con­tre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Le troisième est de fournir cette énergie à des prix qui ne pénalisent pas le développe­ment économique. Le tout dans un con­texte mar­qué par la néces­sité de renou­vel­er le parc de pro­duc­tion exis­tant, notam­ment en Europe, et donc de pren­dre des engage­ments pour plusieurs décen­nies, et par une ten­sion con­tin­ue sur les prix des hydro­car­bu­res et de l’énergie en général.

La pre­mière implique de dis­pos­er de fortes com­pé­tences dans un domaine où l’ac­qui­si­tion d’un savoir-faire recon­nu et d’une véri­ta­ble ” cul­ture ” requiert des années, voire des décen­nies. Car on imag­ine mal un gou­verne­ment autoris­er l’in­stal­la­tion ou la ges­tion de réac­teurs nucléaires à un indus­triel qui n’au­rait pas fait ses preuves. Les pio­nniers du nucléaire dis­posent d’un avan­tage cap­i­tal : une réelle crédi­bil­ité reposant sur de fortes com­pé­tences tant à l’a­mont (ingénierie, achat, exploita­tion, main­te­nance) qu’à l’aval (ges­tion des déchets, déman­tèle­ment) de cette fil­ière de production.

La sec­onde est de dis­pos­er de la sur­face finan­cière suff­isante pour sup­port­er des investisse­ments ayant une dou­ble car­ac­téris­tique : leur impor­tance et leur durée d’amortissement.

Autre con­séquence : dans de nom­breux cas, la con­struc­tion et la ges­tion de réac­teurs ou de parcs de réac­teurs impliquent des parte­nar­i­ats. Ceux-ci ont de mul­ti­ples avan­tages : partages des investisse­ments, apports en savoir-faire, attrac­tiv­ité des con­sor­tiums vis-à-vis des décideurs poli­tiques… Ce type d’al­liance n’est pos­si­ble que si le pro­duc­teur est un parte­naire présen­tant de forts atouts. Dans ce cas, il peut négoci­er des modal­ités lui per­me­t­tant de garan­tir ses marges de manoeu­vre ultérieures.

Enfin, dans un marché large­ment mon­di­al­isé, les opéra­teurs majeurs se doivent d’avoir une stratégie à l’échelle de la planète.

De grands besoins en personnel qualifié

Tout d’abord, il faut assur­er le rem­place­ment du per­son­nel qui a démar­ré les cen­trales, recruté mas­sive­ment il y a vingt-cinq ou trente ans, ain­si que la néces­saire trans­mis­sion des com­pé­tences. Ensuite, il faut recruter, for­mer et met­tre en place les équipes qui assureront le suivi des nou­veaux chantiers et celles qui assureront l’ex­ploita­tion des nou­velles tranch­es : il faut 200 per­son­nes pour suiv­re un pro­jet de 3e généra­tion et 500 pour l’exploiter.

Les besoins en per­son­nel cou­vrent aus­si l’ac­tiv­ité recherche et développe­ment. Il est vrai que, pour un exploitant, la recherche fon­da­men­tale n’en­tre pas dans son cœur de méti­er. Ses activ­ités de recherche sont liées à des appli­ca­tions rel­a­tive­ment immé­di­ates et motivées par l’amélio­ra­tion con­tin­ue de la sûreté et de la per­for­mance en exploita­tion. Elles inclu­ent en par­ti­c­uli­er le développe­ment et l’im­plan­ta­tion de nou­veaux out­ils méthodologiques ou de simulation.

Concertation et transparence

Les mots clés vis-à-vis du pub­lic : dia­logue, écoute et transparence

Une con­di­tion essen­tielle du main­tien et du développe­ment de l’én­ergie nucléaire est son accep­ta­tion. C’est égale­ment le cas de nom­breuses autres tech­nolo­gies et des équipements comme l’éolien, le char­bon ou les lignes élec­triques haute ten­sion. Dans ce con­texte, une impor­tance toute par­ti­c­ulière doit être don­née au débat par­tic­i­patif en infor­mant large­ment le pub­lic sur l’én­ergie en général et le nucléaire en par­ti­c­uli­er. Les mots clés de cette atti­tude sont : dia­logue, écoute et trans­parence. Enfin, aucune déci­sion d’im­plan­ta­tion d’une nou­velle instal­la­tion nucléaire ne peut être prise sans con­cer­ta­tion avec les dif­férents acteurs nationaux et locaux con­cernés et sans une large infor­ma­tion de la pop­u­la­tion, notam­ment par sa par­tic­i­pa­tion aux débats publics.

GDF SUEZ, acteur du nucléaire
 
Le mix de pro­duc­tion élec­trique du Groupe en Europe : 20,5 % de nucléaire, 20 % d’én­er­gies renou­ve­lables, 24,3 % pour les tur­bines gaz-vapeur et 21,8 % pour les cen­trales ther­miques clas­siques. Le parc de pro­duc­tion mon­di­al de GDF SUEZ est de 60 000 MW avec quelque 265 TWh pro­duits annuellement.
 
GDF SUEZ pos­sède et exploite sept unités nucléaires en Bel­gique et dis­pose de par­tic­i­pa­tions dans les cen­trales nucléaires français­es de Chooz et Tri­c­as­tin à hau­teur de 1 209 MW, soit l’équiv­a­lent d’une tranche nucléaire. Des pro­jets pour de nou­veaux investisse­ments sont en négo­ci­a­tion, le plus générale­ment en parte­nar­i­at : France, Roumanie, Roy­aume-Uni, Abu Dhabi… Plus glob­ale­ment, GDF SUEZ souhaite dévelop­per sa présence et ses capac­ités de pro­duc­tion nucléaire d’élec­tric­ité dans les régions du monde où le Groupe est déjà forte­ment présent. L’ob­jec­tif est de détenir et d’ex­ploiter hors d’Eu­rope une capac­ité nucléaire sig­ni­fica­tive à l’échéance 2020, dans des pays s’en­gageant à dévelop­per une éthique et un cadre de respon­s­abil­ité en matière de sûreté.
 
Depuis 2007, GDF SUEZ est engagé, par ailleurs, dans des accords de recherche sur les activ­ités nucléaires avec le Com­mis­sari­at à l’én­ergie atom­ique français (CEA) et le SCK-CEN belge.
Attir­er et retenir les tal­ents humains con­stituent un enjeu pri­mor­dial. Pour ce faire, GDF SUEZ a lancé en 2006 le ” Nuclear Trainees Pro­gram ” (NTP), une démarche orig­i­nale de recrute­ment et de for­ma­tion d’un an qui per­met aux ingénieurs juniors embauchés de devenir des général­istes du nucléaire, tout en se créant un solide réseau en interne et en dévelop­pant com­pé­tences tech­niques et com­porte­men­tales. La com­bi­nai­son entre for­ma­tion pra­tique et stages sur dif­férents sites per­met d’embrasser large­ment les métiers du nucléaire.

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