Les Météores, hautes falaises de Thessalie et les monastères construits à leurs sommets.

Étymologie :
À propos de la météorologie

Dossier : La météorologie partie 1Magazine N°747 Septembre 2019
Par Pierre AVENAS (X65)

Le mot météo­ro­lo­gie est attes­té en 1547 dans Le Miroir du temps, autre­ment dit, Éphé­mé­rides per­pé­tuelles de l’air…, ouvrage d’un méde­cin et astro­logue fran­çais de la Renais­sance du nom d’Antoine Mizauld. Celui-ci se réfère lar­ge­ment dans son ouvrage à ce qu’il est conve­nu d’appeler les Météo­ro­lo­giques d’Aristote, trai­té par­ache­vé vers 334 avant J.-C., et où l’on trouve déjà le mot grec meteô­ro­lo­gia dési­gnant la science des phé­no­mènes obser­vables dans le ciel.

Une famille de mots grecs

Le point de départ est l’ad­jec­tif grec meteô­ros, déjà attes­té au Ve siècle avant J.-C. pour signi­fier tout sim­ple­ment « éle­vé au-des­sus du sol ». En effet, le mot meteô­ros est for­mé à par­tir du pré­fixe meta, indi­quant un chan­ge­ment, et d’un élé­ment déri­vé du verbe airein « lever, éle­ver, sou­le­ver » : meteô­ros est donc ce qu’on a chan­gé en le sou­le­vant, autre­ment dit « ce qui est en l’air ». À ce pro­pos, on peut pen­ser aux Météores, ces hautes falaises de Thes­sa­lie et les monas­tères construits à leurs sommets.

De meteô­ros vient le verbe meteô­ri­zein « lever en l’air », d’où meteô­ris­mos « action de sou­le­ver » qu’Hippocrate emploie en méde­cine pour dési­gner un gon­fle­ment, une enflure, terme emprun­té en fran­çais par Ambroise Paré en 1590, d’où aujourd’hui le météo­risme pour un gon­fle­ment patho­lo­gique du ventre.

La météorologie, ou l’étude des météores

Le grec meteô­ros dési­gnait donc aus­si les phé­no­mènes obser­vables dans le ciel, sur­tout dans l’atmosphère comme les nuages, la pluie, l’orage, la neige, les vents ou l’arc-en-ciel, ou encore le phé­no­mène lumi­neux pro­vo­qué par la chute d’un corps céleste, mais aus­si des objets astro­no­miques tels que les comètes ou la voie lac­tée, qu’Aristote inter­pré­tait comme des inflam­ma­tions de gaz remon­tant du sol. Et donc le mot meteô­ro­lo­gia dérive de meteô­ros avec l’élément -logia, de logos « discours ».

Le fran­çais a adop­té dès le XIIIe siècle le mot météore dans le même sens large qu’en grec, puis dans le sens res­treint aux phé­no­mènes stric­te­ment atmo­sphé­riques, y com­pris le phé­no­mène lumi­neux qui accom­pagne la chute d’un corps céleste, d’où aus­si le mot météo­rite (attes­té en 1822), avec le suf­fixe -ite d’un nom de miné­ral. Men­tion­nons aus­si la météo­ri­sa­tion des roches, qui est leur dégra­da­tion par l’activité météo­rique, en l’occurrence celle des météores tels que la pluie, le vent ou le gel.

Aujourd’hui la météo­ro­lo­gie, y com­pris son aspect pré­vi­sion­nel deve­nu très impor­tant, ne concerne que les phé­no­mènes situés dans l’atmosphère.

Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que…

Le sens des mots se res­treint ou s’élargit selon les cas. Ain­si, le grec atmos signi­fie « vapeur humide » et donc le mot atmo­sphère dési­gnait d’abord (au XVIIe siècle, selon Fure­tière) « la par­tie de l’air qui est char­gée de vapeurs, ou de nuages », avant de dési­gner toute la cou­ver­ture gazeuse de la Terre (puis éven­tuel­le­ment d’une autre pla­nète). On a un peu la même évo­lu­tion avec le grec aêr, aeros, qui désigne d’abord, comme chez Homère, le brouillard, la vapeur qui s’élève du sol. Par exten­sion, ce mot, par le latin aer, aeris, a pris le sens de l’air en géné­ral, le com­po­sant de l’atmosphère.

Épilogue

L’élargissement du sens des mots va sou­vent très loin dans l’abstraction. C’est ain­si que l’air est aus­si un cou­rant d’air, un souffle de vent, d’où un air de musique, et l’on parle de l’air d’une per­sonne, ou de l’air du temps, de l’atmosphère d’une réunion ou d’une situa­tion, sur laquelle par­fois les nuages s’amoncellent, ou au contraire le ciel s’éclaircit.

Retrou­vez toutes les chro­niques éty­mo­lo­giques de Pierre Ave­nas : https://www.lajauneetlarouge.com/category/dossier/etymologix/

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