Le monde de l’assurance, enjeux et opportunités

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°756 Juin 2020
Par Florence LUSTMAN (80)

Avec plus de 280 mem­bres, soit plus de 99% du marché de l’assurance en France, la Fédéra­tion Française de l’Assurance accom­pa­gne les acteurs de ce secteur face aux dif­férents enjeux aux­quels ils sont con­fron­tés : dig­i­tal­i­sa­tion, règle­men­ta­tion, per­son­nal­i­sa­tion de l’offre… Le point avec la Prési­dente de la FFA, Flo­rence Lustman.

Le monde de l’assurance est l’un des secteurs qui a été le plus largement touché par la digitalisation. Quels sont ses enjeux dans ce cadre ? 

L’assurance, c’est avant tout le méti­er de la don­née. Nous sommes les pre­miers « data min­ers » de l’histoire puisque nous traitons les don­nées de nos clients pour les pro­téger depuis très longtemps sans qu’il n’y ait jamais eu de prob­lème. Aujourd’hui, il est donc logique que nous soyons en pre­mière ligne de la digitalisation. 

Nos enjeux sont nom­breux : opti­mi­sa­tion des coûts et de la ges­tion, ren­force­ment du con­seil aux assurés et de la préven­tion, adap­ta­tion des pro­duits aux besoins de nos clients, amélio­ra­tion des process de lutte con­tre la fraude… Les nou­velles tech­nolo­gies ouvrent des oppor­tu­nités for­mi­da­bles mais impliquent aus­si que les entre­pris­es d’assurance adaptent leurs sys­tèmes d’information et for­ment leurs col­lab­o­ra­teurs pour bien les intégrer. 

D’ailleurs, la crise actuelle a mis à l’épreuve l’agilité de nos sys­tèmes d’information : nos assureurs ont dû met­tre en place le télé­tra­vail pour 150 000 col­lab­o­ra­teurs en à peine 48 heures ! Durant le con­fine­ment, l’assurance a aus­si util­isé mas­sive­ment le dig­i­tal pour gér­er les sin­istres à dis­tance. Nous sommes totale­ment plongés dans le numérique et cette crise le prouve.

Quelles sont les technologies qui vous intéressent ?

Toutes les tech­nolo­gies qui nous per­me­t­tent de col­lecter, analyser, stock­er, partager et surtout sécuris­er les don­nées qui sont au cœur de nos métiers : Big Data, IA, IoT, Blockchain… Par exem­ple, l’IA nous per­met d’automatiser cer­tains process répéti­tifs ou d’améliorer les sys­tèmes d’assistance aux clients. La recon­nais­sance d’images per­met de traiter automa­tique­ment les petits sin­istres auto­mo­bile ou habi­ta­tion, alors que la Blockchain per­me­t­tra d’optimiser l’échange d’informations en temps réel.

Quelques mots sur votre Hub et la deuxième sélection de start-ups de ce programme ?

Avec cette ini­tia­tive, nous voulions attir­er en France des Fin­techs, des Assurtechs et toutes les start-ups pro­posant des appli­ca­tions intéres­santes pour notre méti­er. Lors de la 1ère pro­mo­tion, en octo­bre 2018, nous avions accueil­li 6 start-ups qui ont con­nu par la suite de beaux suc­cès, comme SEYNA, qui a reçu son agré­ment d’assureur et qui se spé­cialise dans l’assurance de niche sur des risques spécifiques. 

Cette année, nous accueil­lons 10 start-ups de matu­rité dif­férente, dont 4 inter­na­tionales, avec des pro­jets promet­teurs autour de la dépen­dance, la préven­tion, l’expertise 2.0…

À cause de la crise, nous avons sus­pendu tem­po­raire­ment le HUB mais ces start-ups pour­ront évidem­ment con­tin­uer à compter sur notre sou­tien dans les prochains mois. Elles sont une vraie richesse pour tout l’écosystème de l’assurance.

Un accompagnement toujours plus personnalisé des bénéficiaires reste un axe stratégique pour le monde de l’assurance. Qu’en est-il ?

Notre cœur de méti­er est de con­seiller et d’aider les assurés en fonc­tion de leur sit­u­a­tion tout au long de la vie de ce con­trat. Nous devons être en mesure de pro­pos­er à nos clients des ser­vices tou­jours plus per­son­nal­isés pour mieux les pro­téger et lim­iter les impacts des sin­istres : alerte météo via l’envoi de mes­sage, main­te­nance pré­dic­tive pour les véhicules, sys­tèmes d’alarme pour main­tenir les per­son­nes dépen­dantes plus longtemps à leur domicile… 

Sur le plan tar­i­faire et de l’assurabilité, une per­son­nal­i­sa­tion poussée peut men­er toute­fois à des impass­es, voire remet­tre en cause la mutu­al­i­sa­tion qui est au cœur de l’ADN de l’assurance.

En par­al­lèle, l’émergence d’acteurs dig­i­taux et le développe­ment de la con­cur­rence risquent de con­duire à un appau­vrisse­ment du marché avec une stan­dard­i­s­a­tion des pro­duits qui serait in fine défa­vor­able à l’assuré. Dans ce cadre, la pro­tec­tion du con­som­ma­teur va revêtir une impor­tance par­ti­c­ulière pour s’assurer que les clients restent bien – et col­lec­tive­ment ! – les gag­nants de cette révo­lu­tion indus­trielle et technologique.

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