Météorage

Météorage : La mitigation du risque de foudre et d’orage

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°747 Septembre 2019
Par Dominique Lapeyre de Chavardès

La ges­tion des risques pour les indus­triels passe aus­si par la capac­ité à prévenir effi­cace­ment le risque d’orage et de foudre. C’est le méti­er de la PME française Météor­age qui opère aus­si bien en France qu’en Europe et dans le reste du monde.
Entre­tien avec Dominique Lapeyre de Chavardès, son Président.

Météorage propose aux entreprises des services pour prévenir le risque foudre. Dites-nous-en plus sur votre cœur de métier.

Météor­age a un seul méti­er : fournir des ser­vices d’information afin de prévenir et de réduire le risque lié aux orages. Con­traire­ment à d’autres acteurs de ce marché, nous avons fait le choix de nous posi­tion­ner exclu­sive­ment sur cette activ­ité avec une véri­ta­ble ambi­tion d’excellence. Nous sommes basés à Pau et dis­posons d’une équipe de 22 per­son­nes. En 2019, nous allons génér­er un chiffre d’affaires de l’ordre de 4 mil­lions d’euros, con­tre env­i­ron 1 mil­lion en 2001, démon­trant une crois­sance soutenue et auto-financée.

Concrètement, comment fonctionnent vos services et quelle est leur valeur ajoutée ?

Ils reposent sur un réseau de détec­tion des impacts de foudre, par tri­an­gu­la­tion de sig­naux élec­tro-mag­né­tiques. Nous con­cen­trons à Pau env­i­ron 150 cap­teurs qui nous per­me­t­tent de cou­vrir l’ensemble de l’Europe. Chaque impact y est car­ac­térisé, notam­ment sa local­i­sa­tion avec une pré­ci­sion de 100 m en moyenne. Cette infor­ma­tion est traitée en temps réel, ce qui est unique dans le domaine de la météo : il se passe moins de 10 sec­on­des entre l’impact de foudre et sa vis­i­bil­ité sur l’écran de l’utilisateur de notre système.

Aujourd’hui, nous four­nissons 4 grands ser­vices autour de la ges­tion du risque qui vont cou­vrir l’avant, le pen­dant et l’après :

  • L’évaluation et la quan­tifi­ca­tion de l’exposition au risque afin de dimen­sion­ner les pro­tec­tions et de prévoir les procé­dures de mise en sécurité ;
  • L’alerte, avec un préavis jusqu’à une heure, ce qui per­met la mise en œuvre des mesures prévues pour sécuris­er le per­son­nel et les équipements ;
  • La visu­al­i­sa­tion de l’évolution du phénomène en temps réel pour suiv­re l’imminence de la sur­ve­nance de l’orage, et désor­mais sa sévérité, ou met­tre en évi­dence une cor­réla­tion entre un inci­dent et la foudre détectée ;
  • La con­fir­ma­tion post-événe­ment qu’un inci­dent a bien été causé par la foudre notam­ment sur le plan assur­an­ciel ou pour répon­dre à des impérat­ifs de véri­fi­ca­tion comme pour les sites classés ICPE.

Grâce aux don­nées de notre parte­naire et action­naire minori­taire Vaisala, égale­ment con­cen­trées en temps réel à Pau, nous pro­posons exacte­ment les mêmes presta­tions sur le reste du monde avec le même niveau de per­for­mance sur l’Amérique du Nord, et un niveau légère­ment inférieur ailleurs. Ain­si, nous pou­vons fournir à de grands groupes européens des ser­vices iden­tiques sur tous leurs sites dans le monde.

Qui sont les principaux utilisateurs de vos services ?

De manière générale, il s’agit de tous les acteurs sen­si­bles au risque d’orage avec en pre­mier lieu les ges­tion­naires de réseaux, élec­trique (trans­port et dis­tri­b­u­tion), de gaz, télé­com, de radiod­if­fu­sion ou fer­rovi­aire. Tous les sites indus­triels sont égale­ment con­cernés, ain­si que les plate­formes por­tu­aires et aéroportuaires.

S’y ajoutent les entre­pris­es qui ont des activ­ités en plein air et qui doivent être en mesure de pro­téger leur per­son­nel du risque d’orage, en par­ti­c­uli­er les fer­mes éoli­ennes. Tou­jours dans les activ­ités out­door, on retrou­ve aus­si les parcs d’attractions, les camp­ings, les ges­tion­naires d’équipements sportifs, les fes­ti­vals, qui doivent pou­voir met­tre en sécu­rité leurs clients. Le point com­mun entre ces dif­férentes caté­gories d’acteurs reste leur volon­té de mit­i­ga­tion des divers risques que génèrent les orages.

Dans votre secteur d’activité, quelle place occupent la R&D et l’innovation ?

Nous y con­sacrons plus de 15% de notre chiffre d’affaires. Inter­venant sur un marché de niche, nous avons dû dévelop­per l’intégralité de nos out­ils logi­ciels de traite­ment du sig­nal et de généra­tion de ser­vices. Cette plate­forme logi­cielle est d’ailleurs ren­due disponible, ain­si que l’ingénierie de réseau de détec­tion de la foudre, dans le cadre de pro­jets de mod­erni­sa­tion de ser­vices météorologiques con­duits par notre société sœur Météo France Inter­na­tion­al, comme récem­ment en Indonésie et en ce moment en Ango­la. Sur le plan de l’innovation, nos travaux s’articulent autour de :

  • L’optimisation de la prévis­i­bil­ité de l’orage sur un site en tra­vail­lant sur la tra­jec­toire des cel­lules orageuses ;
  • La com­bi­nai­son entre nos ser­vices d’alerte et de prévis­i­bil­ité sur le court terme du risque d’orage avec les prévi­sions immé­di­ates que Météo France peut fournir.

Qu’en est-il de la complémentarité de vos services avec la météo ? Comment cela se traduit-il ?

La foudre est avant tout un phénomène météorologique qui car­ac­térise l’orage. D’ailleurs, nous comp­tons par­mi nos clients plusieurs ser­vices de météo européens (Météo France, et ses équiv­a­lents hol­landais, irlandais et suisse) qui s’appuient sur notre ser­vice d’informations pour rem­plir leurs mis­sions régali­ennes et aéro­nau­tiques. En par­al­lèle, nos util­isa­teurs fin­aux sont aus­si sou­vent deman­deurs d’informations météorologiques, pas lim­itées au risque d’orage. Ce qui nous amène tout naturelle­ment à com­bin­er des presta­tions de météo et de foudre. En France c’est plutôt la branche com­mer­ciale de Météo France qui porte ces offres com­binées, comme dans le con­trat récem­ment signé avec la SNCF qui intè­gre des presta­tions assurées par Météor­age. À l’inverse en Europe, c’est Météor­age qui pro­pose ces presta­tions com­binées, en s’appuyant sur les capac­ités de Météo France.

Vos ambitions sur ce marché ?

À force de per­sévérance Météor­age a été créée il y a plus de 30 ans le marché français a atteint un stade de matu­rité unique au monde, ren­du pos­si­ble par une cul­ture du risque très dévelop­pée. Pour autant, il con­tin­ue à pro­gress­er chaque année, prin­ci­pale­ment grâce aux util­isa­teurs actuels, non seule­ment fidèles à plus de 98 %, mais qui con­va­in­quent leurs homo­logues que la mit­i­ga­tion de ce risque est un avan­tage économique et socié­tal. Notre ambi­tion est claire­ment de repro­duire ce sché­ma dans l’ensemble de l’Europe, et les résul­tats déjà obtenus mon­trent que l’on est sur la bonne voie.

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