Cérémonie de levée des couleurs du Maroc à l'École polytechnique

Le lien privilégié entre Polytechnique et le Maroc

Dossier : Mot du présidentMagazine N°788 Octobre 2023
Par Loïc ROCARD (X91)

C’est une triste coïn­ci­dence qui veut que ce numé­ro spé­cial de La Jaune et la Rouge ait été en train d’être com­po­sé au moment où le Maroc était frap­pé par un séisme qui rap­pelle les effroyables consé­quences de celui d’Agadir. Nous ne res­sen­tons que plus fort le lien avec nos amis marocains.

Ce lien pri­vi­lé­gié entre Poly­tech­nique et le Maroc n’a pas été tis­sé hier. Le royaume ché­ri­fien est depuis long­temps le pre­mier pour­voyeur d’élèves inter­na­tio­naux (EI), même s’il a été ponc­tuel­le­ment détrô­né par le pays du Milieu au début du XXIe siècle. Ces temps-ci il l’est si bien que, le 3 août der­nier, Le Matin (du Maroc) révé­lait non sans fier­té à ses lec­teurs que, sur 60 élèves non fran­çais admis à l’X par la voie des classes pré­pa­ra­toires, 41 étaient des natio­naux [Lire : École Poly­tech­nique Paris : Les étu­diants maro­cains raflent 70% des places du concours pour les étran­gers]

Cette pro­por­tion est sin­gu­lière, même si elle s’explique en par­tie par l’attachement au bilin­guisme. Elle est pro­ba­ble­ment exces­sive, d’autres contin­gents inter­na­tio­naux pour­raient ou devraient être plus gros que ce qu’ils sont. Il y a lieu dans ce numé­ro de s’en réjouir, car cette pro­por­tion dénote un atta­che­ment écla­tant à notre ins­ti­tu­tion et montre la puis­sance que peut avoir la marque Poly­tech­nique hors des fron­tières. Comme le sou­li­gnait encore le même Matin, c’est le signe que les talents scien­ti­fiques maro­cains s’exportent bien. C’est aus­si l’évidence que l’éducation sco­laire secon­daire maro­caine laisse une grande place à l’enseignement des sciences fondamentales.

“Les talents scientifiques marocains s’exportent bien.”

Car il faut noter que cette mois­son impres­sion­nante s’inscrit dans une dyna­mique natio­nale plus large. Le temps n’est plus, où la majo­ri­té des EI arri­vaient des pré­pas pari­siennes. Dans le cadre du « plan de réin­dus­tria­li­sa­tion » de 2009, de nou­velles classes pré­pa­ra­toires ont été ouvertes au Maroc pour ali­men­ter les filières pro­fes­sion­nelles en jeunes ingé­nieurs. Faut-il rap­pe­ler que, contrai­re­ment à ce qu’on laisse entendre dans un film sor­ti en France cet été, les classes pré­pa­ra­toires ne sont pas réser­vées à l’élite bour­geoise, ni un enfer, mais une voie d’exigence qui, à coup qua­si sûr, ouvre vers de belles études, de très bonnes écoles et un emploi utile et durable ? Tant mieux si les plus armés, en France ou au Maroc, conti­nuent de choi­sir l’X, mais ceci est une autre histoire.

Net­te­ment féconde, la fidé­li­té des Maro­cains pour notre École per­met aux autres élèves d’avoir un contact avec une culture qu’ils seraient peu nom­breux à décou­vrir sinon, elle ali­mente les corps tech­niques maro­cains en ingé­nieurs de Poly­tech­nique, contri­bue à cimen­ter les rela­tions entre la France, son pre­mier par­te­naire éco­no­mique, et le Maroc. C’est beau­coup, et pour que cela dure je for­mule le vœu que nos jeunes cama­rades maro­cains gardent de leur séjour à Palai­seau, à l’École poly­tech­nique, dans les mas­ters, dans les labo­ra­toires, un sou­ve­nir aus­si posi­ti­ve­ment mar­quant que celui des étu­diants fran­çais et de toutes les nationalités. 


En illus­tra­tion : Céré­mo­nie mar­quant la célé­bra­tion des fêtes natio­nales du Maroc et du Liban, le mar­di 05 novembre 2019 cour Vaneau. © École poly­tech­nique – J. Barande

Commentaire

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Pouillerépondre
7 octobre 2023 à 12 h 30 min

Mer­ci pour cet excellent dos­sier. Une ques­tion m’ef­fleure l’es­prit en le lisant. Le moment ne serait-il pas venu de fran­chir une étape sup­plé­men­taire dans le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal de l’E­cole, en ouvrant une EPNA : « Ecole Poly­tech­nique Nord Afri­caine », en s’ap­puyant sur le réseau des anciens, et l’ex­cel­lence de nom­breux élèves des lycées maro­cains en science.

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