Le journal de Fanny - Couverture

LE JOURNAL DE FANNY

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°668 Octobre 2011Par : Alain RouetRédacteur : Michel Renard (52)Editeur : Paris – L’Harmattan 5-7, rue de L’École-Polytechnique, 75005 Paris

On peut par­cou­rir ce roman rapi­de­ment, car le style est alerte et concis, et les péri­pé­ties ne manquent pas ! On peut aus­si le savou­rer plus len­te­ment, res­sen­tant des impres­sions et sus­ci­tant des réflexions. L’histoire aus­si est duale : on peut y voir la vie de l’héroïne, Fan­ny, deve­nue P‑DG d’un groupe inter­na­tio­nal avec l’appui de deux fonds de pen­sion amé­ri­cains (15 % des actions), avec en toile de fond sa lutte quo­ti­dienne pour gar­der le pouvoir.

Au contraire, ces luttes sont le sujet même du roman, la vie de Fan­ny n’étant qu’un lien, néces­saire à l’intrigue. Fan­ny est intel­li­gente, culti­vée, bar­dée de diplômes, et très arri­viste. Les pro­blèmes posés par sa vie de femme, et par­ti­cu­liè­re­ment de mère, dans le cadre de son métier, sont évo­qués. Ils auraient sans doute méri­té plus de place, mais l’auteur s’est beau­coup plus appe­san­ti sur son évo­lu­tion psy­cho­lo­gique, pas­sant d’un arri­visme for­ce­né, à une morale plus clas­sique, non par idéo­lo­gie, mais par contact avec la réa­li­té des usines : morale huma­niste, lui fai­sant tra­hir les fonds de pen­sion, ce qui amè­ne­ra sa perte.

La finan­cia­ri­sa­tion à outrance est pré­sente dans tout le livre, avec des idées chocs, comme sur le rôle des stock-options, ou la façon dont 15% d’actionnaires peuvent en gru­ger 85 %, dans une assem­blée par ailleurs démo­cra­tique. Dans les pas­sages consa­crés à ce mal bien actuel, le style est plus proche du vitriol que de l’aigre-doux.

L’auteur a beau­coup voya­gé et ses des­crip­tions de villes comme Ana­gni, Séoul, Lis­bonne évoquent bien leurs charmes propres.

Bref, la lec­ture de cet ouvrage reste un passe-temps fort agréable, même si, en grat­tant quelque peu, il va bien au-delà de son modèle, l’exceptionnelle Fanny.

Poster un commentaire