Le Groupe des écoles de télécommunications devient l’Institut Télécom

Dossier : La communauté polytechnicienne et InternetMagazine N°631 Janvier 2008
Par Jean-Claude JEANNERET (74)

Un des points faibles de la France est qu’elle ne tire pas tout le prof­it qu’elle le pour­rait des tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion (TIC), puis­sant fac­teur de com­péti­tiv­ité et de crois­sance. Leur marché touche tous les secteurs économiques, qu’ils soient directe­ment pro­duc­teurs de l’in­dus­trie et des ser­vices, ou qu’ils soient util­isa­teurs. Ce marché est créa­teur d’emplois bruts nou­veaux, mais leur local­i­sa­tion n’est pas figée, et le béné­fice que la France en tir­era dépend de la vigueur avec laque­lle elle saura les attir­er. L’in­no­va­tion en pro­duits et ser­vices TIC s’opère dans un cadre mon­di­al­isé. Son dynamisme extrême motive égale­ment les pays en fort développe­ment. Com­ment la France peut-elle tir­er son épin­gle du jeu dans cette bataille mon­di­ale des com­pé­tences ? En aug­men­tant ses capac­ités de for­ma­tion, de recrute­ment d’é­tu­di­ants étrangers, de recherche de pointe. Dans ce con­texte, le mod­èle mixte d’étab­lisse­ments asso­ciant enseigne­ment supérieur et recherche, tel que le Groupe des écoles de Télé­com­mu­ni­ca­tions1, qui vient de fêter ses dix ans, trou­ve une nou­velle jus­ti­fi­ca­tion et définit ses ori­en­ta­tions stratégiques pour les cinq années à venir.

Le GET béné­fi­cie d’une bonne recon­nais­sance, mar­quée notam­ment par l’obtention du label Carnot attribué en 2006 par le min­istère de la recherche pour la qual­ité et la quan­tité de sa recherche parte­nar­i­ale avec les entre­pris­es, le prix Mar­coni décerné en 2005 pour l’invention des tur­bocodes à Claude Berrou (ENST Bre­tagne), reçu récem­ment à l’Académie des sci­ences, mais égale­ment par les places d’honneur régulière­ment attribuées à ses écoles dans les classe­ments de grandes écoles.

Huit cents ingénieurs par an

Étab­lisse­ment pub­lic d’en­seigne­ment supérieur et recherche créé au 1er jan­vi­er 1997, mais héri­ti­er d’une fil­ière de for­ma­tion qui remonte au milieu du XIXe siè­cle, le Groupe des écoles de télé­com­mu­ni­ca­tions (GET) forme dans ses écoles (Télé­com Paris, ENST Bre­tagne, Télé­com INT et INT Man­age­ment) env­i­ron 4 700 étu­di­ants dont 700 doc­tor­ants, diplôme chaque année 800 ingénieurs et 150 man­agers et accom­pa­gne de nom­breux cadres dans la mise à jour de leurs con­nais­sances.
Ses parte­nar­i­ats avec les entre­pris­es se traduisent par des con­trats de recherche ou des trans­ferts tech­nologiques d’un mon­tant de plus de 17 mil­lions d’eu­ros, et on dénom­bre plus de deux cents start-ups accom­pa­g­nées dans ses incu­ba­teurs depuis 2000.

Un réseau de coopération

Une iden­tité plus mar­quée
Le GET et ses écoles changent d’identité en 2008. GET devient Insti­tut Télé­com, tan­dis que Télé­com Paris, ENST Bre­tagne, Télé­com INT et INT Man­age­ment (regroupées sur le cam­pus de l’INT) vont respec­tive­ment devenir Télé­com Paris­Tech, Télé­com Bre­tagne, Télé­com Sud Paris et Télé­com École de Man­age­ment (regroupées au sein de Télé­com & Man­age­ment Sud Paris).

Le GET, qui asso­cie enseigne­ment supérieur et recherche dans le domaine des sci­ences et tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et de la com­mu­ni­ca­tion, cou­vrant l’ensem­ble de la thé­ma­tique, des proces­sus physiques de base aux enjeux socio-économiques des usages des TIC, con­stitue une masse cri­tique de com­pé­tences, insérée dans un réseau plus vaste de coopéra­tions, notam­ment au tra­vers de parte­nar­i­ats réus­sis avec l’U­ni­ver­sité (la fil­iale Télé­com Lille 1 est une col­lab­o­ra­tion de plus de quinze ans avec l’u­ni­ver­sité des sci­ences et tech­nolo­gies de Lille), les acteurs académiques locaux (le GET par­ticipe par l’in­ter­mé­di­aire de ses écoles à 3 PRES créés en 2007, Paris­Tech, Uni­ver­sité européenne de Bre­tagne, Uni­ver­Sud Paris) et les entre­pris­es (parte­nar­i­ats ren­for­cés au tra­vers des pôles de compétitivité).

Cinq orientations majeures

Cinq ori­en­ta­tions majeures ont été retenues dans le cadre de la stratégie 2008–2012.
Le GET pour­suiv­ra, seul ou dans le cadre des parte­nar­i­ats régionaux qu’il con­tin­uera à dévelop­per (PRES, pôles de com­péti­tiv­ité), le développe­ment de l’in­ter­na­tion­al­i­sa­tion de ses for­ma­tions, accroî­tra forte­ment l’in­ter­na­tion­al­i­sa­tion de son corps d’en­seignants-chercheurs, struc­tur­era des parte­nar­i­ats avec les zones du monde les plus dynamiques.
La mise en place de nou­veaux parte­nar­i­ats struc­turants dans de nou­velles régions du ter­ri­toire nation­al, sous forme de fil­iales ou écoles asso­ciées, est égale­ment envis­agée.
En matière d’en­seigne­ment, le GET dévelop­pera son offre de for­ma­tion pour répon­dre à des besoins crois­sants de com­pé­tences sci­en­tifiques et man­agéri­ales aux meilleurs niveaux.
Un effort par­ti­c­uli­er sera fait, notam­ment dans le cadre de Paris­Tech, pour val­oris­er à l’in­ter­na­tion­al les spé­ci­ficités dis­tinc­tives des fil­ières « Grande École », par­ti­c­ulière­ment sélec­tives et diversifiées.

En matière de recherche, le GET struc­tur­era et con­solid­era sa base de recherche amont autour de quelques dis­ci­plines clefs (physique des com­mu­ni­ca­tions, réseaux et infor­ma­tique, traite­ment des infor­ma­tions et de la con­nais­sance, sci­ences de l’homme, de la société et du man­age­ment) et s’en­gagera pour la dif­fu­sion des com­pé­tences tech­nologiques dans les domaines appli­cat­ifs tels que la san­té, la défense, la cul­ture, l’en­vi­ron­nement, le trans­port ou l’é­d­u­ca­tion. Il éten­dra son réseau de parte­naires asso­ciés pour ren­forcer et com­pléter son spec­tre de com­pé­tences.
Enfin, et on a vu que les objec­tifs précé­dents y con­courent, le GET cherchera à favoris­er le développe­ment économique et l’in­no­va­tion. Il pour­suiv­ra et dévelop­pera en par­ti­c­uli­er sa poli­tique d’in­cu­ba­tion et de sou­tien des start-ups, notam­ment en ren­forçant la for­ma­tion à l’en­tre­pre­neuri­at des élèves doc­tor­ants ain­si que la coopéra­tion entre ses lab­o­ra­toires de recherche et les jeunes entre­pris­es incubées.
 
1. Le mot « télé­com­mu­ni­ca­tion » a été inven­té en 1904 par Édouard Estau­nié (X 1882).

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