Chic à la jôsne à l'école polytechnique

Le Disque

Dossier : La Tradition et les Traditions de l'X des origines à nos joursMagazine N°331 Juin 1978
N° 331 Juin 1978
Sur une chem­inée de la face nord de l’am­phi de physique, autre­fois, un disque était peint. Il avait été noir à l’o­rig­ine et ser­vait aux manip­u­lat­lons d’As­tronomie. Les élèves prirent vite l’habi­tude de rem­plac­er le noir par la couleur de leur pro­mo­tion. Celle des anciens naturellement.
Mais la tra­di­tion voulait que, dans le mois de la ren­trée, un con­scrit allât sub­stituer à cette couleur celle de sa pro­pre promotion.

Sur une chem­inée de la face nord de l’am­phi de physique, autre­fois, un disque était peint. Il avait été noir à l’o­rig­ine et ser­vait aux manip­u­lat­lons d’As­tronomie. Les élèves prirent vite l’habi­tude de rem­plac­er le noir par la couleur de leur pro­mo­tion. Celle des anciens naturellement.

Mais la tra­di­tion voulait que, dans le mois de la ren­trée, un con­scrit allât sub­stituer à cette couleur celle de sa pro­pre promotion.

L’opéra­tion avait lieu la nuit. Au petit matin, la nou­velle se répandait dans l’É­cole : le disque a été peint ! Les 2 pro­mo­tions de pré­cip­i­taient aux fenêtres de la face sud du Jof­fre, et tout le jour on dis­cu­tait de l’événe­ment1.

Le lende­main, grâce à la Kom­miss, le disque avait repris sa couleur ini­tiale. Nou­v­el émoi !

Attach­er tant d’im­por­tance à la couleur d’un cer­cle pas beau­coup plus grand qu’un plat à gâteaux peut paraître puéril. Mais il faut savoir que l’opéra­tion était pleine d’embûches.

Exé­cuter un tra­vail de pein­ture sur le fron­ton ver­ti­cal et nu de l’am­phi de phy, à vingt mètres du sol, n’al­lait ni sans dif­fi­cultés ni sans dan­ger. De plus, à par­tir de 1928, cette pra­tique fut rigoureuse­ment inter­dite. Le général Alvin qui avait pris cette déci­sion parce que l’opéra­tion était périlleuse, peut-être aus­si pour com­pli­quer le jeu, avait fait pein­dre le disque d’une couleur neu­tre, le gris.

Un poste avait été instal­lé face à l’am­phi, où les basoffs se relayaient jour et nuit pen­dant la péri­ode cru­ciale. L’ac­cès au disque deve­nait, dans ces con­di­tions, un véri­ta­ble tour de force. Les travaux de pein­ture des pro­mo­tions suc­ces­sives n’en con­tin­uèrent pas moins jusqu’en 1937.

chic à la rouge à l'école polytechnique

A ce fameux disque, A. Bas­cou, de la pro­mo­tion 1909, con­sacra une ballade :

Tous à la Strass faisant la nique
veu­lent y avoir mis la main.
Et cha­cun d’en­tre nous se pique
de le mon­tr­er rouge demain.
Mais pour mon­ter là-haut on tique
il est Jaune le lendemain.
Et rieur il nous fait la njque
Jaune aujour­d’hui, Rouge demain.
Enfin une nuit, c’est pratique
la lune dort jusqu’à demain.
Droit sur un toit un chat étique
miaule d’amour ou bien de faim.
Allons, c’est l’in­stant fatidique
Oignons-le de bon ripolin.
Vois il sourit, philosophique.
Jaune aujour­d’hui, Rouge demain.
Sur le grand toit de la physique
immuable tel un romain
se dresse notre bon vieux disque
de tant de pro­mos le parrain.
Il vit au-dessus de la clique
des chem­inées et des humains.
Il passe par les points cycliques
Jaune aujour­d’hui, Rouge demain.
Envoi :

Mais, ô doux espoir chimérique
Quel est le poly­tec hnicien
Qui pein­dra les deux points cycliques ?
Jaune aujour­d’hui, Rouge demain.

Après 1937, le disque fut oublié. Mais la gent poly­tech­ni­ci­enne, qui aime la couleur et les toits, con­tin­ua jusqu’au trans­fert, et en divers­es occa­sions, à bar­i­ol­er de jaune et de rouge les chem­inées du Gay-Lussac.

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1. Le con­scrit ayant peint le Disque était automa­tique­ment Krypté.

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