Une séance d'ombres en 1903, à l'école polytechnique

Les Ombres

Dossier : La Tradition et les Traditions de l'X des origines à nos joursMagazine N°331 Juin 1978
N° 331 Juin 1978
La tra­di­tion des Ombres remonte à 1818, année où le Générai Bouchu, com­man­dant de l’É­cole, déci­da de tolér­er le bahutage. Elle s’est per­due, comme beau­coup d’autres, en 1939.
La séance des Ombres avait lieu en févri­er, dans la grande salle de récréa­tion des élèves, puis, à par­tir de 1882, dans l’am­phithéâtre de physique. Le général, les autorités de l’É­cole, le corps enseignant et les deux pro­mo­tions y assistaient .

La tra­di­tion des Ombres remonte à 1818, année où le Générai Bouchu, com­man­dant de l’É­cole, déci­da de tolér­er le bahutage. Elle s’est per­due, comme beau­coup d’autres, en 1939.

La séance des Ombres avait lieu en févri­er, dans la grande salle de récréa­tion des élèves, puis, à par­tir de 1882, dans l’am­phithéâtre de physique. Le général, les autorités de l’É­cole, le corps enseignant et les deux pro­mo­tions y assistaient .

Au cours de cette séance, les élèves présen­taient, sur un écran, en ombres chi­nois­es, les car­i­ca­tures des officiers, des pro­fesseurs et des admin­is­tra­teurs de l’É­cole. Dans la bouche de chaque per­son­nage, ils plaçaient un dis­cours bur­lesque, pas­tichant son style habituel.

On voy­ait ain­si défil­er le géné, le colo, les pitaines, le directeur des études, les pro­fesseurs, les fauves (exam­i­na­teurs), dont l’ap­pari­tion déchaî­nait d’épou­vanta­bles hurlements, les médecins, puis les agents de l’É­cole dont la liste vari­ait évidem­ment selon les épo­ques et qui com­pre­nait dans les temps anciens les sœurs de l’in­firmerie, le maître de manège, le pitaine Print­emps (qui appor­tait les feuilles de cours), le pitaine Bil­lard, le colonel Ros­to (grand maître des éclairages), le pitaine Longchamp (le vidan­geur) etc.

La représen­ta­tion était coupée d’in­ter­mèdes musi­caux au cours desquels l’orchestre des élèves inter­pré­tait tan­tôt du clas­sique, ou du jazz, tan­tôt des chan­sons de l’École.

La satyre, rarement méchante, quelque­fois sévère, était le plus sou­vent bon enfant. Voici par exem­ple, un extrait du dis­cours attribué au général Bour­geois, pro­fesseur d’ astronomie de 1908 à 1929 :

« On applique la méth­ode des hau­teurs égales due à Gauss, à toutes les étoiles du cat­a­logue. C’est par elle que j’ai opéré moi-même pour mesur­er dans la Cordil­lère des Andes la méri­di­enne du Pérou.

Un jour les Indi­ens ont voulu piller notre camp et j’ai dû m’en­fuir sur un mulet avec mon cer­cle méri­di­en, mon astro­labe. et ma règle géodésique de qua­tre mètres.

Hen­ri Poin­caré ter­mi­nait tou­jours ses leçons par un mot d’e­sprit. Je regrette de ne pou­voir le faire car l’heure s’a­vance. Nous con­tin­uerons dans la prochaine leçon ».

Une séance d’om­bres en 1903

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