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Le directeur financier, d’une fonction corporate vers une fonction stratégique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°735 Mai 2018
Par Marc HENRY (78)

En plus de 35 ans de carrière au sein du groupe Michelin, vous avez occupé diverses fonctions. Quels en sont les moments charnières qui ont modelé votre carrière au sein du groupe ?

Ma car­rière, au sein de Miche­lin, a débu­té par une phase tech­nique qui a duré une quin­zaine d’années. J’ai ain­si occu­pé dif­fé­rentes fonc­tions au sein de l’organisation tech­nique de l’entreprise notam­ment en tant que res­pon­sable du déve­lop­pe­ment des gammes de pro­duits pour les poids-lourds. 

Durant cette période, j’ai éga­le­ment pas­sé trois ans aux États-Unis. Cette pre­mière expé­rience m’a per­mis d’avoir une cer­taine visi­bi­li­té sur les mar­chés inter­na­tio­naux du groupe. 

“Au-delà de cet aspect social, c’est une formation d’excellence qui valorise la rigueur et l’effort que l’on retrouve d’ailleurs dans le volet militaire et sportif de la formation.”

Pen­dant les sept années sui­vantes, j’ai rejoint la direc­tion de la divi­sion pneu­ma­tique pour poids-lourds et occu­pé le poste de res­pon­sable du mar­ke­ting stra­té­gique. Au bout de 3 ans, j’ai pris la tête de cette divi­sion pour la zone Asie dans les années 2000. 

Cela m’a conduit à une seconde expa­tria­tion à Sin­ga­pour, alors que le groupe enta­mait son implan­ta­tion en Chine, en Thaï­lande, au Japon et en Inde

De retour en France, à Cler­mont-Fer­rand, j’ai repris la res­pon­sa­bi­li­té du contrôle de ges­tion au niveau du groupe. En 2007, lors de l’arrivée de Jean-Domi­nique Senard à la cogé­rance de Miche­lin, j’ai été nom­mé Direc­teur finan­cier du groupe. 

Mon par­cours a été mar­qué par deux étapes struc­tu­rantes, en lien avec mes goûts et mon inté­rêt à décou­vrir de nou­veaux hori­zons qui ont don­né un virage déci­sif à ma car­rière au sein de Michelin. 

La pre­mière a été ma déci­sion de quit­ter la direc­tion tech­nique au bout de 15 ans et donc de sor­tir de ma zone de confort afin de m’ouvrir à de nou­veaux domaines (mana­ge­ment, finance…). 

Et la seconde a été mon arri­vée au contrôle de ges­tion, une fonc­tion qui m’intéressait plus particulièrement. 

Pen­dant 3 ans, en plus d’assurer mes fonc­tions de direc­tion finan­cière, j’ai pris la charge d’une des divi­sions opé­ra­tion­nelles du groupe dédiée aux pro­duits de spé­cia­li­té. Depuis jan­vier 2018 suite à la réor­ga­ni­sa­tion du groupe, j’ai lâché la par­tie opé­ra­tion­nelle au pro­fit des ser­vices propres au fonc­tion­ne­ment interne de l’entreprise (les grands pro­jets des sys­tèmes d’informations…). De nou­velles acti­vi­tés à découvrir ! 

Aujourd’hui, en tant que Directeur Financier et membre du Comité Exécutif du groupe Michelin, quels sont les principaux sujets qui vous mobilisent aujourd’hui ?

Parce que nous évo­luons dans un contexte éco­no­mique très vola­tile, le pilo­tage de nos acti­vi­tés est un sujet cen­tral au sein de la direc­tion finan­cière. L’enjeu est de faire preuve d’agilité et de res­ter en veille per­ma­nente pour accom­pa­gner nos dif­fé­rentes filiales et enti­tés busi­ness à tra­vers le monde. 

En paral­lèle, nous venons de modi­fier notre orga­ni­sa­tion afin de pas­ser d’une orga­ni­sa­tion rela­ti­ve­ment hié­rar­chi­sée à une orga­ni­sa­tion qui favo­rise la coopé­ra­tion entre les dif­fé­rentes enti­tés. Cette évo­lu­tion va notam­ment per­mettre d’optimiser la prise de déci­sion et de la rendre plus réac­tive ; de déployer une matrice plus inter­dé­pen­dante en créant des régions com­mer­ciales, des enti­tés mon­diales, comme la R&D ou l’industrie, et des enti­tés busi­ness axées sur le pilo­tage tac­tique et stratégique. 

Ces chan­ge­ments impliquent une cer­taine res­pon­sa­bi­li­sa­tion des dif­fé­rentes par­ties pre­nantes, des nou­veaux modes d’interactions afin de gagner en agi­li­té et de boos­ter notre développement. 

À l’occasion de ce fort chan­ge­ment, je me dois d’assurer que chaque enti­té a bien com­pris son rôle et par­ti­cipe de façon agile au pilo­tage du Groupe. 

Depuis déjà de nombreuses années, le directeur financier est de plus en plus un Business Partner au sein des organisations.
Qu’en est-il ?

Cette évo­lu­tion est une évi­dence ! J’ai démar­ré en tant que contrô­leur de ges­tion, mais mon péri­mètre de res­pon­sa­bi­li­té a évo­lué pour cou­vrir une dimen­sion plus stra­té­gique qui me per­met aujourd’hui de me posi­tion­ner comme un Busi­ness Partner. 

Le direc­teur finan­cier a, en effet, un cer­tain recul sur les évé­ne­ments. Même si je ne suis pas en charge des dif­fé­rentes busi­ness units, j’en ai une très bonne connais­sance qui me per­met d’identifier les points de focus ou de sou­li­gner les ten­dances business. 

Il faut ajou­ter que ce pilo­tage per­met de valo­ri­ser l’entreprise aux yeux de ses action­naires, ses employés et l’ensemble de son éco­sys­tème tout en conser­vant une cer­taine indé­pen­dance. Enfin, il y a éga­le­ment le pilo­tage des pro­jets de crois­sance externe. Pour cela, le direc­teur finan­cier doit pou­voir s’appuyer sur des pré­vi­sions pré­cises et pertinentes. 

Camaraderie, rigueur, discipline…
Au-delà de ces valeurs, que retenez-vous de votre passage à Polytechnique ?

EN BREF

Activités : Le groupe Michelin, dont le siège est à Clermont-Ferrand (France), est présent dans 171 pays, emploie 114 070 personnes dans le monde et dispose de 70 sites de production implantés dans 17 pays difffférents. Michelin possède un centre de technologie en charge de la recherche, du développement et de l’industrialisation implanté en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.
 
Compétences : Michelin a pour ambition d’améliorer la mobilité de ses clients, durablement. Leader dans le secteur des pneumatiques, Michelin conçoit, fabrique et distribue les pneumatiques les plus adaptés à leurs besoins et à leurs usages ainsi que des services et des solutions pour améliorer l’effifficacité de la mobilité. Michelin propose également des offffres qui font vivre à ses clients des moments uniques au cours de leurs voyages et de leurs déplacements. Michelin développe aussi des matériaux de haute technologie destinés aux industriels de la mobilité.

J’en garde de très bons sou­ve­nirs ! J’ai conser­vé de très forts liens d’amitié avec plu­sieurs de mes cama­rades. Au-delà de cet aspect social, c’est une for­ma­tion d’excellence qui valo­rise la rigueur et l’effort que l’on retrouve d’ailleurs dans le volet mili­taire et spor­tif de la formation. 

Poly­tech­nique, c’est éga­le­ment la qua­li­té du corps pro­fes­so­ral et des ensei­gne­ments qui nous pousse aigui­ser notre curio­si­té et à aller de l’avant pour nous dépasser. 

Autant de valeurs clés qui m’ont per­mis de pro­gres­ser et de réus­sir dans ma vie professionnelle. 

Un dernier mot à adresser à notre lectorat ?

Une car­rière est tri­bu­taire de dif­fé­rents élé­ments. D’abord des choix d’orientation : si je n’ai pas chan­gé d’entreprise, j’ai néan­moins chan­gé de métiers. 

Il est essen­tiel de se poser les bonnes ques­tions et de se remettre en ques­tion pour choi­sir vrai­ment ce que nous aimons et ce qui nous intéresse.
 

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