Le Conseil européen de l’industrie chimique

Dossier : La chimie et les hommesMagazine N°576 Juin/Juillet 2002
Par Alain PERROY (67)

Le Cefic www.cefic.org

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Le Con­seil européen de l’in­dus­trie chim­ique (Cef­ic), établi à Brux­elles depuis 1972, rassem­ble les fédéra­tions chim­iques de 25 pays européens (les pays de l’U­nion européenne, la Norvège, la Suisse et les pays can­di­dats à l’U­nion européenne) et plus de trente grandes sociétés chim­iques mon­di­ales ayant en Europe leur siège ou des opéra­tions indus­trielles et com­mer­ciales importantes.

Le Cef­ic groupe égale­ment une bonne cen­taine de groupes sec­to­riels européens représen­tat­ifs des dif­férents domaines d’ac­tiv­ité de la chimie et indi­recte­ment, à tra­vers les fédéra­tions nationales, quelque 34 000 PME.

Le Cef­ic emploie 140 per­son­nes et coor­donne à tra­vers ses dix ” Pro­grammes ” les travaux de plus de 4 000 cadres ou experts délégués par ses membres.

Ain­si, le Cef­ic représente les intérêts de la chimie auprès des insti­tu­tions européennes et inter­na­tionales. Il ini­tie et gère les actions et pro­grammes d’in­térêt com­mun dans des domaines tels que la com­péti­tiv­ité, l’én­ergie, les trans­ports, la sécu­rité, l’en­vi­ron­nement, la recherche, la formation.

La chimie est un acteur important de l’économie européenne

Fait trop sou­vent mécon­nu, la chimie reste le secteur indus­triel où l’Eu­rope est restée en tête du pelo­ton depuis la révo­lu­tion indus­trielle du XIXe siè­cle ; avec un chiffre d’af­faires 2000 de près de 460 mil­liards d’eu­ros, la chimie européenne représente 31 % de la pro­duc­tion mon­di­ale, devant les USA (30 %, pour­cent­age qui s’est accru ces dernières années du fait notam­ment de la par­ité $/€) et le Japon (15 %).

Elle a con­tribué aux expor­ta­tions européennes pour 131 mil­liards d’eu­ros, et procuré à la bal­ance com­mer­ciale de l’U­nion européenne un sur­plus de € 57 mil­liards en 2000, le plus impor­tant de tous les secteurs indus­triels. Beau­coup des grands noms con­nus de la chimie sont européens (huit des treize sociétés réal­isant un chiffre d’af­faires supérieur à 10 mil­liards d’eu­ros) mais la chimie européenne c’est aus­si un ensem­ble de 34 000 entre­pris­es de taille moyenne qui con­tribuent à la dynamique du tis­su industriel.

L’in­dus­trie chim­ique emploie directe­ment 1,7 mil­lion de per­son­nes, aux­quels s’a­joute le mil­lion d’emplois qu’elle génère auprès des secteurs qui en dépendent.

L’im­por­tance de la chimie pour la san­té et la dynamique de l’é­conomie européenne se mesure aus­si, au-delà du poids direct de ce secteur dans le PIB, par sa con­tri­bu­tion à la vital­ité des secteurs clients. Par ses pro­duits et ses inno­va­tions, la chimie européenne sert pra­tique­ment tous les com­par­ti­ments de l’in­dus­trie, l’élec­tron­ique, la con­struc­tion aéro­nau­tique et spa­tiale, la san­té, les indus­tries du sport et des loisirs, le bâti­ment, la con­struc­tion auto­mo­bile, l’al­i­men­ta­tion, les indus­tries de l’en­vi­ron­nement, etc. Pour beau­coup, notam­ment les secteurs de haute tech­nolo­gie, la qual­ité et la per­for­mance des pro­duits chim­iques con­stituent une clef d’ac­cès aux innovations.

Il n’y a donc pas d’é­conomie européenne prospère sans une indus­trie chim­ique solide, capa­ble de faire face à la com­péti­tion mon­di­ale et dis­posant des ressources et des oppor­tu­nités néces­saires pour main­tenir son niveau de com­péti­tiv­ité et sa capac­ité d’in­no­va­tion et main­tenir une offre large de produits.

La chimie, un acteur engagé pour la protection de la santé, de la sécurité et de l’environnement

Usines chim­iques et pro­duits chim­iques sont pour beau­coup syn­onymes de risques et de pol­lu­tions. Il y a sans nul doute un héritage du passé en matière de com­porte­ment envi­ron­nemen­tal ; la mon­tée en puis­sance de la préoc­cu­pa­tion envi­ron­nemen­tale et la prise en compte de l’en­vi­ron­nement dans les poli­tiques publiques, donc l’émer­gence de régle­men­ta­tions, et dans les déci­sions d’in­vestisse­ment et les actes de man­age­ment datent des années soix­ante-dix, postérieure­ment au for­mi­da­ble développe­ment de l’in­dus­trie chim­ique en Europe après la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Un écart s’é­tait créé entre la réal­ité et les attentes nou­velles de pro­tec­tion ; les com­porte­ments n’ont sans doute pas tou­jours été exemplaires.

Par nature, ayant à manip­uler des pro­duits dan­gereux et à exploiter des procédés à risques, la chimie a dévelop­pé une cul­ture de sécu­rité forte, d’abord tournée vers l’hy­giène et la sécu­rité de son pro­pre personnel.

Ce n’est pas un fait du hasard si, en Europe comme dans tous les pays indus­tri­al­isés, la chimie peut se tar­guer d’af­fich­er la per­for­mance sécu­rité du tra­vail la plus élevée de tous les secteurs. Cepen­dant, nous avons tous en mémoire, dans notre indus­trie, les graves acci­dents indus­triels que nous avons con­nus ; l’ex­plo­sion de Toulouse est, hélas, venue nous rap­pel­er que nos usines pou­vaient encore être le théâtre d’événe­ments dramatiques.

Not­er que durant les cinquante dernières années le trib­ut payé par la société aux activ­ités chim­iques reste faible au regard des drames quo­ti­di­ens de la route et aux acci­dents du trans­port aérien et d’autres secteurs n’est cer­taine­ment pas man­quer de respect pour les vic­times ni de con­sid­éra­tion pour la douleur des familles. Sim­ple­ment ces acci­dents indus­triels sont inac­cept­a­bles et perçus comme tels.

Face à cette exigence, la chimie, en Europe et dans le monde, a développé une réponse originale : le programme ” Responsible Care “.

Respon­si­ble Care est un change­ment d’at­ti­tude, l’amélio­ra­tion con­tin­ue des per­for­mances rel­a­tives à l’en­vi­ron­nement et la sécu­rité, la communication.

Respon­si­ble Care est l’en­gage­ment de l’in­dus­trie chim­ique mon­di­ale à amélior­er les per­for­mances hygiène, sécu­rité et envi­ron­nement (HSE) de ses pro­duits et procédés d’une façon qui réponde aux ques­tions de tous les intéressés (stake­hold­ers) comme le pub­lic, les autorités, ses clients, son personnel.

Respon­si­ble Care est aus­si l’af­fir­ma­tion d’un change­ment d’at­ti­tude de l’in­dus­trie. Au-delà d’un sim­ple respect de la régle­men­ta­tion elle veut tenir compte des effets de ses procédés et de ses pro­duits tout au long de leur vie pour les amélior­er et en min­imiser l’impact.

C’est accepter le droit du pub­lic de savoir et donc avoir une atti­tude plus trans­par­ente en ce qui con­cerne les car­ac­téris­tiques de ses procédés, les pro­priétés de ses produits.

C’est com­mu­ni­quer pour amélior­er la per­cep­tion de l’in­dus­trie par toutes les par­ties prenantes, en pre­mier lieu le grand pub­lic et les autorités : c’est ain­si que nous voulons con­serv­er notre per­mis­sion de fonctionner.

Ce changement d’attitude est concrétisé au niveau national par des principes directeurs que les dirigeants de société doivent signer pour démontrer leur engagement et leur détermination à mettre en œuvre le Responsible Care.
Ces principes se trouvent sur les sites Internet des associations de producteurs de produits chimiques, par exemple www.uic.fr pour la France.

Actuelle­ment 46 pays où s’ef­fectue plus de 85 % de la pro­duc­tion chim­ique mon­di­ale en vol­ume par­ticipent à l’initiative.

L’amélio­ra­tion des per­for­mances s’ob­tient par l’i­den­ti­fi­ca­tion, la pro­mo­tion des bonnes pra­tiques de man­age­ment et leur dif­fu­sion par le partage d’ex­péri­ence. On passe donc dans le domaine de l’en­vi­ron­nement de sociétés en com­péti­tion à des sociétés accep­tant de s’en­traider à tra­vers leurs asso­ci­a­tions. Les domaines générale­ment cou­verts par ces pra­tiques sont : la pré­pa­ra­tion aux sit­u­a­tions d’ur­gence, le dia­logue avec les com­mu­nautés locales, la ges­tion de l’en­vi­ron­nement, la sécu­rité des procédés, l’hy­giène et la sécu­rité au tra­vail, la sécu­rité de la dis­tri­b­u­tion et la ges­tion respon­s­able des pro­duits (Prod­uct Stew­ard­ship).

C’est ici que s’établit la liai­son avec les stan­dards de sys­tèmes de man­age­ment nor­mal­isés par l’ISO : ISO 900x et ISO 14001. Le Respon­si­ble Care recon­naît le droit à ses mem­bres de s’or­gan­is­er comme ils l’en­ten­dent pour sat­is­faire leurs engage­ments et il con­sid­ère que les sys­tèmes de man­age­ment dits ” ori­en­tés process “, c’est-à-dire util­isant le cycle de Dem­ing, sont d’ex­cel­lents out­ils à utilis­er pour y parvenir.

La com­mu­ni­ca­tion doit s’ef­fectuer à tous les niveaux ; local, nation­al, glob­al et sous la forme de dia­logue : il s’ag­it autant d’é­couter que d’émet­tre. Cette com­mu­ni­ca­tion doit être con­fortée par des don­nées con­crètes sur les per­for­mances réelles de l’in­dus­trie. La plu­part des sociétés chim­iques et leurs asso­ci­a­tions pub­lient régulière­ment des rap­ports inclu­ant des don­nées impor­tantes sur les per­for­mances sécu­rité et envi­ron­nement. Ces rap­ports font état de réduc­tions dras­tiques des pol­lu­tions tra­di­tion­nelles, émis­sions dans l’air, rejets dans l’eau, pro­duc­tion de déchets.

Un autre exem­ple est la con­tri­bu­tion de l’in­dus­trie chim­ique européenne aux objec­tifs de Kyoto sur le change­ment de cli­mat : notre prévi­sion est que, de 1990 à 2010, les rejets de gaz à effet de serre de la chimie européenne auront dimin­ué de 30 % en valeur, soit 100 mil­lions de tonnes équiv­a­lent CO2, cette con­tri­bu­tion représen­tant à elle seule un tiers de l’ob­jec­tif que l’Eu­rope s’est don­né à Kyoto.

L’ICCA (l’In­ter­na­tion­al Coun­cil of Chem­i­cal Asso­ci­a­tions) est respon­s­able de la ” gov­er­nance ” de Respon­si­ble Care. Un groupe mon­di­al, en charge du pro­gramme, a iden­ti­fié et décrit huit car­ac­téris­tiques fon­da­men­tales du Respon­si­ble Care qui doivent se retrou­ver dans les ini­tia­tives des sociétés et des asso­ci­a­tions. Ces huit principes cou­vrent la stratégie générale du Respon­si­ble Care qui est la mise en place d’un com­porte­ment et de pra­tiques de man­age­ment qui per­me­t­tent d’amélior­er de façon con­tin­ue les per­for­mances envi­ron­nemen­tales, de com­mu­ni­quer sur ces per­for­mances en répon­dant aux inquié­tudes du pub­lic et donc de main­tenir pour l’in­dus­trie chim­ique son autori­sa­tion d’opérer.

Ces huit principes fon­da­men­taux sont les suivants :

  • sig­na­ture de principes directeurs,
  • encour­age­ment à la par­tic­i­pa­tion de tous,
  • bonnes pra­tiques (codes et guides),
  • partage d’expérience,
  • communication,
  • mar­que et logo,
  • indi­ca­teurs de performance,
  • véri­fi­ca­tion de la mise en place des bonnes pra­tiques de management.

Perception et réalité

La pro­duc­tion et l’in­no­va­tion de l’in­dus­trie chim­ique ont forte­ment con­tribué à la solu­tion de la plu­part des besoins humains tels que la nour­ri­t­ure, l’ha­bille­ment, la con­struc­tion, le trans­port, la san­té et par­tant, au pro­longe­ment de notre espérance de vie, l’in­for­ma­tique, les loisirs et même l’esthé­tique et l’art.

Toute­fois, des enquêtes d’im­age récentes con­fir­ment que la chimie con­tin­ue à souf­frir d’une image néga­tive. En somme, la chimie n’a pas la sym­pa­thie du pub­lic et pour­tant, dans notre quo­ti­di­en, et le plus sou­vent sans s’en ren­dre compte, cha­cun utilise une mul­ti­tude de pro­duits qui, sans la chimie, n’ex­is­teraient pas. Il y a, en effet, une dif­férence énorme entre la per­cep­tion et la réalité.

En effet, les pro­duits chim­iques sus­ci­tent des inquié­tudes par­mi le pub­lic : les effets à plus ou moins long terme des pro­duits sur la san­té ani­male et humaine, aller­gies, can­cers, per­tur­ba­tion du sys­tème endocrinien, développe­ment de l’embryon, expo­si­tion de pop­u­la­tions sen­si­bles (les enfants) sont régulière­ment évo­qués, pas tou­jours sur des bases sci­en­tifiques solides et sans que l’on mette en regard les pro­grès incon­testa­bles d’hy­giène, de pro­preté, d’é­tat san­i­taire de la pop­u­la­tion et d’al­longe­ment de l’e­spérance de vie ren­dus pos­si­bles par les pro­duits et syn­thès­es chimiques.

Les crises récentes — vache folle, fièvre aph­teuse — ne ras­surent pas le pub­lic sur la capac­ité de déci­sion à temps des respon­s­ables poli­tiques et la dimen­sion forte­ment émo­tion­nelle des ques­tions de san­té publique ajoutée aux incer­ti­tudes pro­pres à l’analyse de tout phénomène de long ou très long terme pousse cer­tains à des approches rad­i­cales et à une inter­pré­ta­tion exten­sive voire abu­sive du principe de précaution.

Ces préoc­cu­pa­tions exis­tent et l’in­dus­trie chim­ique se doit d’y répon­dre. C’est l’ob­jet d’un volet impor­tant du pro­gramme Respon­si­ble Care ; la ges­tion respon­s­able des pro­duits (Prod­uct Stew­ard­ship en anglais) a deux aspects fon­da­men­taux : la trans­mis­sion des infor­ma­tions per­me­t­tant d’u­tilis­er les pro­duits en toute sécu­rité à toutes les étapes de leur vie (stock­age, trans­port, util­i­sa­tion, recy­clage, fin de vie) est une respon­s­abil­ité envi­ron­nemen­tale tan­dis que le développe­ment de pro­duits plus effi­caces, ayant moins d’im­pact sur l’en­vi­ron­nement et de risques pour la san­té tout au long de leur cycle de vie, est une respon­s­abil­ité sociale. C’est aus­si le sens de notre par­tic­i­pa­tion au débat lancé par la Com­mis­sion européenne sur la stratégie pour les pro­duits chimiques.

Le ” Livre blanc ” ou la future politique européenne dans le domaine des substances chimiques

Lancé en févri­er 2001, le ” Livre blanc ” de la Com­mis­sion européenne a jeté les bases d’une nou­velle régle­men­ta­tion visant à assur­er un niveau de pro­tec­tion plus élevé de la san­té et de l’en­vi­ron­nement tout en gar­dant un fonc­tion­nement effi­cace du marché intérieur, et en stim­u­lant l’in­no­va­tion et en assur­ant une indus­trie chim­ique compétitive.

Toute­fois, au départ, les propo­si­tions s’at­tachent prin­ci­pale­ment au dan­ger intrin­sèque de la sub­stance sans tenir compte du poten­tiel de maîtrise du dan­ger, en d’autres mots, sans l’im­pli­ca­tion de la notion de ” ges­tion du risque “.

Le nou­veau dis­posi­tif régle­men­taire est basé sur le sys­tème REACH (Reg­is­tra­tion — Eval­u­a­tion — Autho­ri­sa­tion of Chem­i­cals) par lequel chaque sub­stance chim­ique, nou­velle ou exis­tante, est soumise à une procé­dure régle­men­taire en trois étapes : enreg­istrement, éval­u­a­tion et autori­sa­tion d’usage pour cer­taines sub­stances présen­tant des risques élevés.

D’emblée, l’in­dus­trie chim­ique, à tra­vers le Cef­ic, s’est mon­trée favor­able aux objec­tifs du Livre blanc pour autant que la nou­velle lég­is­la­tion reste gérable et ne crée pas une bureau­cratie excessive.

L’in­dus­trie a elle-même défi­ni un pro­jet pour la mise en œuvre du sys­tème REACH et a réal­isé un test pilote en vraie grandeur sur une dizaine de pro­duits. Trois pays et dix sociétés y ont par­ticipé. Ce test per­met de faire des sug­ges­tions con­crètes afin d’amélior­er l’ef­fi­cac­ité et de réduire les coûts de REACH. Nous avons com­mu­niqué les résul­tats à la Com­mis­sion européenne.

Cette ini­tia­tive est une illus­tra­tion de la volon­té de l’in­dus­trie chim­ique de con­tribuer d’une façon con­struc­tive à l’élab­o­ra­tion d’une régle­men­ta­tion effi­cace et gérable. Elle est le pro­longe­ment d’autres ini­tia­tives de l’in­dus­trie, tel le finance­ment d’un pro­gramme de recherche sur les mécan­ismes d’im­pact des sub­stances chim­iques sur la san­té et l’en­vi­ron­nement (pro­gramme Long range Research Ini­tia­tive, mené en coopéra­tion par le Cef­ic pour l’Eu­rope, l’Amer­i­can Chem­istry Coun­cil pour les USA et le Japan­ese Chem­i­cal Indus­try Asso­ci­a­tion pour le Japon) ou la déci­sion de réé­val­uer volon­taire­ment les car­ac­téris­tiques et dan­gers de 1 000 sub­stances représen­tant plus de 90 % de la pro­duc­tion chim­ique mon­di­ale (pro­gramme HPV mené égale­ment en coopéra­tion entre les trois grandes asso­ci­a­tions chim­iques d’Eu­rope, des USA et du Japon).

La chimie et les hommes

Con­sciente de son rôle incon­tourn­able pour une société plus pro­pre et plus sûre et pour une économie européenne qui reste prospère et atteigne l’ob­jec­tif fixé par les chefs d’É­tat à Lis­bonne — ” créer en Europe l’é­conomie fondée sur la con­nais­sance la plus inno­vante et la plus com­péti­tive au monde ” — la chimie européenne est égale­ment forte­ment con­sciente des attentes du pub­lic et déter­minée à assumer ses responsabilités.

Tout le monde se sou­vient du prob­lème soulevé par Malthus en 1798 lorsqu’il pub­lia son Essai sur la pop­u­la­tion, dû à la dif­férence de vitesse de crois­sance entre la pop­u­la­tion et les ressources ali­men­taires et de la solu­tion poli­tique­ment incor­recte qu’il pro­po­sait : empêch­er les class­es pau­vres de pro­créer. Moins de gens se rap­pel­lent que l’in­dus­trie chim­ique a apporté la solu­tion en recon­nais­sant que le prob­lème était essen­tielle­ment l’in­suff­i­sance des mécan­ismes naturels à fournir une source d’a­zote assim­i­l­able par l’or­gan­isme humain pour syn­thé­tis­er les acides aminés qui sont à la base de tous les phénomènes vitaux.

Haber et Bosch ont ensuite dévelop­pé le procédé per­me­t­tant de bris­er la solide triple liai­son du dia­zote atmo­sphérique disponible en quan­tités qua­si illim­itées pour en faire la matière pre­mière de la syn­thèse de l’am­mo­ni­ac qui don­nait accès aux engrais azotés syn­thé­tiques et per­me­t­tait de rem­plac­er le guano dont les gise­ments s’épui­saient. Ceci n’est qu’un exem­ple par­mi bien d’autres…

L’in­dus­trie chim­ique doit amélior­er sa per­cep­tion par le pub­lic et les autorités et obtenir un cadre régle­men­taire qui ne com­pro­mette pas son développe­ment. Par sa capac­ité d’in­no­va­tion, sa com­pé­tence sci­en­tifique et tech­nique, son impor­tance économique (11 mil­lions d’emplois directs dans le monde), son exten­sion mon­di­ale, cette indus­trie est l’un des acteurs clés qui peu­vent et doivent con­tribuer à la con­créti­sa­tion du développe­ment durable. 

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