Forum des stages polytechniciens en formation humaine

Le complément essentiel de la formation académique

Dossier : Formation humaine et militaire à l’XMagazine N°708 Octobre 2015
Par Jean-Marie GONTIER

C’est l’école qui prend en charge la recherche des stages. Elle apporte le plus grand soin à choisir les étab­lisse­ments capa­bles d’organiser ces stages et à définir ce qu’elle en attend. Cela amène à un proces­sus de sélec­tion qui tient large­ment compte des retours d’expérience acquis au fil des ans.

La base de cette sélec­tion est l’idée selon laque­lle le stage doit être attrac­t­if et enrichissant humaine­ment pour l’élève et apporter égale­ment un plus aux étab­lisse­ments d’accueil.

REPÈRES

Le cursus actuel des élèves de l’X en première année comprend une semaine d’incorporation, trois semaines de formation militaire au camp de La Courtine, puis un stage de six mois au titre de la formation humaine et militaire, stage effectué par les élèves français et les élèves internationaux maîtrisant bien le français.
Environ 320 stages militaires et 120 stages civils sont ainsi organisés chaque année.

Des stages civils axés sur le social et l’enseignement

L’École choisit des stages tournés vers l’enseignement, par exem­ple dans un lycée ou une prison, ou vers l’accompagnement social, par exem­ple dans une mairie ou une asso­ci­a­tion caritative.

“ Les élèves doivent être en exposition permanente face aux réalités ”

Les élèves doivent être en expo­si­tion per­ma­nente face aux réal­ités : les stages se font sur le ter­rain et idéale­ment assez loin des bureaux.

Cela per­met de créer une rela­tion gag­nant-gag­nant entre l’établissement d’accueil et l’École : le pre­mier béné­fi­cie de l’apport d’un jeune plein d’enthousiasme ; la sec­onde peut con­fron­ter les élèves à des réal­ités sou­vent dures, loin de leur « zone de confort ».

Les étab­lisse­ments sont tenus de désign­er un tuteur qui suiv­ra le sta­giaire pen­dant les six mois qu’il y passera. Celui-ci aura, par ailleurs, un réfèrent à l’École.

Des offres en grand nombre

Beau­coup d’établissements sont deman­deurs de sta­giaires poly­tech­ni­ciens, car la durée du stage per­met un véri­ta­ble apport de la part du sta­giaire, et le cadre fixé par l’École con­stitue une assur­ance d’efficacité. Le nom­bre d’offres excède les besoins, ce qui per­met de faire un choix guidé par trois types de critères.

CONVENTION TRIPARTITE

Chaque stage fait l’objet d’une convention engageant l’École, l’élève et l’établissement d’accueil. Celui-ci prend en charge le logement du stagiaire, lui ouvre l’accès à des facilités de restauration quand c’est possible.
Mais le stagiaire ne reçoit pas de rémunération, ce qui évite de biaiser le choix du stage.

Tout d’abord des critères géo­graphiques : l’École a le souci de choisir des stages répar­tis sur tout le ter­ri­toire français, aus­si bien en métro­pole qu’outremer.

En sec­ond lieu, les asso­ci­a­tions retenues doivent être recon­nues d’utilité publique ou détenir le label « Ser­vice civique ou ACSE » (Agence nationale pour la cohé­sion sociale et l’égalité des chances).

Enfin, il est impor­tant d’assurer un cer­tain niveau de renou­velle­ment pour entretenir le vivier.

Quant à l’affectation des stages, elle fait l’objet d’une procé­dure rigoureuse qui tient compte de la per­son­nal­ité des élèves, de leurs desider­a­ta et de la volon­té de sor­tir les élèves de leur « cocon ».

Des stages militaires sur le terrain

Les stages mil­i­taires con­cer­nent env­i­ron 320 élèves et sont pro­posés par les armées de Terre, la Marine et l’Air, ain­si que par la DGA, la Gen­darmerie et la Police nationale. À la fin de l’année, l’École leur adresse des deman­des et les répons­es arrivent en début d’année (pour des stages qui com­menceront en octobre).

L’École fait sa sélec­tion à la fois sur les retours d’expérience des stages précé­dents et sur des critères per­me­t­tant de met­tre les sta­giaires en sit­u­a­tion opérationnelle.

Il n’est évidem­ment pas pos­si­ble aujourd’hui de deman­der à un jeune, après quelques semaines de for­ma­tion, de com­man­der une sec­tion. Mais on peut lui con­fi­er des respon­s­abil­ités d’adjoint dans une unité.

320 stages mil­i­taires et 120 stages civils sont organ­isés chaque année.

“ Magouilleuse ”

L’attribution des stages relève d’une démarche s’appuyant à la fois sur les témoignages des pro­mo­tions précé­dentes et sur l’expression des préférences par les élèves.

Pen­dant leur stage à La Cour­tine, les élèves peu­vent con­sul­ter les rap­ports de stages étab­lis par leurs anciens pour guider leur choix. Ils don­nent alors leurs préférences de stage avec un ordre (sept choix).

Un pro­gramme bap­tisé « Magouilleuse » établit des propo­si­tions d’attributions opti­males : env­i­ron 90 % des élèves voient leur pre­mier choix retenu ; pour 7 à 8 %, c’est le deux­ième choix et pour le reste le troisième choix.

Un atout pour la formation des élèves

Tous ces stages, qu’ils soient mil­i­taires ou civils, don­nent lieu à des rap­ports qui sont présen­tés indi­vidu­elle­ment par chaque élève à un jury com­posé de cadres mil­i­taires de l’École et d’anciens X bénév­oles. Ce tra­vail de syn­thèse et d’exposé con­tribue à pré­par­er les élèves au monde du tra­vail où ils seront con­fron­tés à ce type d’exercice.

“ Une partie intégrante du projet pédagogique ”

La valeur péd­a­gogique de cette for­ma­tion n’a pas échap­pé au Par­lement puisque par­mi les 50 propo­si­tions trans­mis­es par le prési­dent de l’Assemblée nationale au prési­dent de la République fig­ure celle de ren­dre oblig­a­toire ce type de stage dans les grandes écoles.

Encore faut-il que les écoles con­sid­èrent ces stages comme une par­tie inté­grante de leur pro­jet péd­a­gogique et que leurs direc­tions y con­sacrent les efforts et les moyens voulus.

Il serait en par­ti­c­uli­er peu pro­duc­tif d’envisager des stages trop courts qui n’exposent pas assez les étu­di­ants au monde réel.

De nouveaux horizons

AU PLUS PRÈS DES RÉALITÉS

L’important est de mettre les élèves dans une unité opérationnelle en contact avec les réalités. Certains sont envoyés au Gabon ou au Mali. D’autres embarquent sur des navires envoyés en opérations au Moyen-Orient, ou en océan Indien (lutte contre la piraterie). Ceux qui font leurs stages dans la gendarmerie ou chez les pompiers participent au quotidien des interventions.

Si la valeur de ces stages est large­ment recon­nue par les élèves, il faut en per­ma­nence se remet­tre en ques­tion. C’est ain­si que nous cher­chons à don­ner la pos­si­bil­ité à cer­tains de s’exposer encore plus ou mieux.

Nous pour­rions réfléchir à la pos­si­bil­ité d’offrir à ceux qui le veu­lent le moyen de pro­longer cette ini­ti­a­tion par un DU cer­ti­fi­ant en ges­tion de la diver­sité, ou du hand­i­cap (en cours de déf­i­ni­tion dans le cadre de l’université Paris-Saclay). Ou de faire venir sur le cam­pus les nom­breux jeunes – env­i­ron 3 500 chaque année – qui ont été en con­tact avec les élèves. Ou de mar­quer plus notre présence dans le départe­ment de l’Essonne en ampli­fi­ant l’action de la Kès (ASK).

Et bien sûr partager notre expéri­ence avec d’autres écoles.

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