Le capital investissement, un maillon de la chaîne économique

Dossier : Gestion d'actifMagazine N°634 Avril 2008
Par Edgard MISRAHI (74)

Émilie Vidaud : Quelle est l’image du capital investissement ?

Eddie Mis­rahi : Il représente un sou­tien fon­da­men­tal pour l’en­tre­prise non cotée tout au long de son exis­tence et con­tribue directe­ment à la créa­tion d’en­tre­pris­es, à la pro­mo­tion de l’in­no­va­tion et de nou­velles tech­nolo­gies mais aus­si à la crois­sance, à l’emploi et au renou­velle­ment de notre tis­su économique. Néan­moins, le cap­i­tal investisse­ment reste un méti­er mécon­nu. Il y a, donc, un réel effort péd­a­gogique à effectuer vis-à-vis des pou­voirs publics et des parte­naires soci­aux qui ont ten­dance à faire un amal­game entre les fonds de cap­i­tal d’in­vestisse­ment et les autres fonds financiers. Nous sommes, encore, perçus comme des financiers alors que nous sommes, en réal­ité, des accéléra­teurs de crois­sance pour les entreprises.

EV : Percevez-vous le métier du capital investissement comme un levier économique intéressant pour le développement du tissu entrepreneurial en France ?

EM : En 2007, les mem­bres de l’AF­IC ont investi 12,6 mil­liards d’eu­ros en fonds pro­pres et ont, ain­si, par­ticipé au finance­ment de plus de 1 500 entre­pris­es dont 80 % de PME. Le méti­er s’ar­tic­ule autour de qua­tre grandes com­posantes : le Cap­i­tal-risque — créa­tion et finance­ment de jeunes entre­pris­es — le Cap­i­tal développe­ment — apport de fonds à des entre­pris­es en forte crois­sance — le Cap­i­tal trans­mis­sion ou LBO — finance­ment de rachat d’en­tre­prise — et le Cap­i­tal retourne­ment qui vise à financer des entre­pris­es en dif­fi­culté. Grâce à ces pris­es de par­tic­i­pa­tions, majori­taires ou minori­taires, dans le cap­i­tal de petites et moyennes entre­pris­es, générale­ment non cotées, l’AF­IC pèse dans le développe­ment entrepreneurial.
Ces pris­es de par­tic­i­pa­tions per­me­t­tent, donc, de financer le démar­rage, la crois­sance mais aus­si la trans­mis­sion et même par­fois le redresse­ment et la survie des entre­pris­es françaises.
Effec­tive­ment, les études mon­trent que les entre­pris­es financées par l’AF­IC affichent une crois­sance plus dynamique tout en créant davan­tage d’emplois. Ain­si les 5 000 entre­pris­es ayant pour action­naire un fond de cap­i­tal investisse­ment créent, chaque année, 60 000 emplois. Cela équiv­aut à un taux de crois­sance du nom­bre d’emplois de l’or­dre de 6 % alors que la moyenne nationale se situe aux envi­rons de 1 %.

EV : Quelles sont, selon vous, les mesures indispensables pour financer mais aussi doper la croissance des PME françaises ?

EM : Depuis plusieurs années, l’AF­IC tra­vaille sur dif­férentes mesures des­tinées à favoris­er la crois­sance des PME français­es. Notre mis­sion con­siste tout d’abord à faire en sorte qu’une part plus impor­tante de l’é­pargne longue des Français soit ori­en­tée vers le finance­ment des PME non cotées. Nous cher­chons notam­ment à favoris­er le développe­ment de jeunes entre­pris­es inno­vantes et avons encour­agé la mise en place de la mesure per­me­t­tant de déduire de l’ISF les investisse­ments à des­ti­na­tion des PME. Par ailleurs, nous mili­tons en faveur de la créa­tion d’un SBA — Small Busi­ness Act européen — mécan­isme per­me­t­tant à l’É­tat d’al­louer une par­tie de ses achats aux PME en vue de créer un phénomène de dis­crim­i­na­tion pos­i­tive et d’ac­célér­er ain­si le développe­ment de ces dernières. L’ob­jec­tif de l’AF­IC est égale­ment de ren­dre, à l’éch­e­lon mon­di­al, notre pro­pre indus­trie com­péti­tive ; nous tra­vail­lons pour cela au développe­ment d’outils et de véhicules d’in­vestisse­ment adap­tés à l’ex­er­ci­ce de notre méti­er sur le plan juridique et fiscal.

EV : Vous êtes président de l’AFIC pour un an. Quelles sont vos ambitions ?

EM : Notre pro­fes­sion est encore sous-dimen­sion­née, il est donc essen­tiel d’as­sur­er active­ment sa pro­mo­tion notam­ment auprès des pou­voirs publics. En tant que mail­lon de la chaîne économique, nous avons un rôle posi­tif à jouer en faveur de nos entreprises.

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