L’automobile, progrès majeur, nécessité mondiale — Créer des entreprises, c’est très bien. Créer des emplois, ce serait encore mieux !

Dossier : ExpressionsMagazine N°586 Juin/Juillet 2003Par : Jean LEFEBVRE (45) et Christian GAILLY (52), Henri DUHAMEL (44)

L’automobile, progrès majeur, nécessité mondiale

À pro­pos du numé­ro de mars 2003

La réac­tion du cama­rade Pierre Bréant à l’ar­ticle de Chris­tian Geron­deau, réac­tion de sur­prise pour le moins, ne m’a pas paru, en toute objec­ti­vi­té, prendre en compte, côté posi­tif, la muta­tion mon­diale géné­rée par la décou­verte du moteur à explo­sion, laquelle res­te­ra de pre­mière gran­deur, au même titre que celle de l’élec­tri­ci­té ou du nucléaire.

La recherche de jus­ti­fi­ca­tions à cette sur­prise ne fait res­sor­tir que des insuf­fi­sances ponc­tuelles ou acci­den­telles, toutes sus­cep­tibles de remèdes ou d’a­mé­lio­ra­tions mais bien loin de pou­voir remettre en cause l’invention !

Plus que cen­te­naire, l’au­to­mo­bile ne cesse de pro­gres­ser en qua­li­té et en quan­ti­té, se for­geant un ave­nir durable. Sous toutes les lati­tudes, ses mul­tiples déri­vés ont trans­for­mé la vie humaine, dif­fu­sé les connais­sances, décu­plé les acti­vi­tés, per­met­tant des pro­duc­tions et des dis­tri­bu­tions à la hau­teur de la demande.

Quelles que soient les retom­bées néga­tives nor­ma­le­ment géné­rées par son usage et son déve­lop­pe­ment, l’au­to­mo­bile est l’une des forces qui per­mettent aujourd’­hui à l’homme de domi­ner la terre, en tirant par­ti des res­sources qu’elle offre, res­sources dont les réserves mon­diales ne cessent de croître au fil des décou­vertes de ses gisements.

L’u­ti­li­sa­tion de ce nou­veau moyen, dont le déve­lop­pe­ment est inin­ter­rom­pu – n’at­tein­drons-nous pas d’i­ci vingt ans le mil­liard de voi­tures sur terre – génère néces­sai­re­ment un cer­tain nombre de dépen­dances que l’on peut regret­ter, mais qui res­tent sans com­mune mesure avec les ser­vices ren­dus, l’a­gré­ment pro­cu­ré, les éco­no­mies réa­li­sées, la démo­cra­ti­sa­tion du moyen.

Com­ment expli­quer autre­ment en effet, que l’au­to­mo­bi­liste soit tou­jours prêt à payer plus cher que ça ne vaut, d’au moins le mon­tant de la TIPP ? Ce que l’É­tat a par­fai­te­ment com­pris et exploite, tout au moins en France, au-delà du raisonnable.

Seule, l’au­to­mo­bile réa­lise l’u­ni­ci­té du moyen de dépla­ce­ment d’un point à un autre et c’est cette qua­li­té fon­da­men­tale et inéga­lable actuel­le­ment, pour tout par­cours infé­rieur à 500 km, qui enterre inexo­ra­ble­ment le rail.

Si la voi­ture a été bruyante et pol­luante, ce n’est plus le cas ; le taux des pol­luants a été divi­sé par 8 à 20 fois et sera encore divi­sé par 2 d’i­ci 2005 tant pour les véhi­cules à essence que pour les Die­sel, ce qui per­met d’af­fir­mer que la pol­lu­tion auto­mo­bile totale n’est plus majo­ri­taire dans la pol­lu­tion glo­bale, mal­gré l’aug­men­ta­tion de la circulation.

Chris­tian Geron­deau sou­ligne qu’il est plus que regret­table que le public soit main­te­nu dans l’i­gno­rance de la réa­li­té, qu’il conti­nue à croire à une aggra­va­tion de la situa­tion, exemple d’illu­sion col­lec­tive mani­feste. Il serait grand temps que ce sujet quitte le devant de la scène qu’il occupe depuis dix ans, mobi­li­sant inuti­le­ment trop de talents et d’argent public !

On peut craindre que cette oppo­si­tion à l’au­to­mo­bile, moyen qui jus­ti­fie l’exis­tence de la route, ne vienne du rési­du men­tal natio­nal lais­sé par la culture fer­ro­viaire dont l’a­po­gée remonte à 1930, il y aura bien­tôt cent ans.

L’in­ven­tion du moteur à explo­sion a révo­lu­tion­né dans un pre­mier temps le trans­port des per­sonnes, dans un second temps celui des mar­chan­dises, entraî­nant la construc­tion du réseau auto­rou­tier et non l’in­verse qui ten­drait à faire croire que c’est l’au­to­route qui génère la voi­ture, sous-enten­dant quelque peu machia­vé­li­que­ment qu’il y aurait moins de voi­tures s’il y avait moins d’autoroutes !

Quant à la sécu­ri­té, c’est aux pou­voirs publics, comme semble-t-il l’É­tat vient de le déci­der, qu’il appar­tient d’in­ter­ve­nir pour « ordon­ner » la cir­cu­la­tion au fur et à mesure de sa pro­gres­sion, car ce déve­lop­pe­ment va se pour­suivre mais pas indéfiniment.

On constate aujourd’­hui aux USA une sta­bi­li­sa­tion du nombre de voi­tures par habi­tant, cor­res­pon­dant à la limite d’in­té­gra­tion dans le bud­get de cha­cun du prix de revient du véhicule.

Quand on veut bien se rap­pe­ler le plai­sir de s’as­seoir au volant d’une nou­velle voi­ture, quand on veut bien recon­naître la com­mo­di­té du dépla­ce­ment, y com­pris les mul­tiples équi­pe­ments dont cha­cun dis­pose, on ne sau­rait conclure, au pré­texte qu’on ne peut s’en pas­ser, qu’on est esclave, c’est-à-dire que la voi­ture est notre maître.

Voyons plu­tôt en elle l’ou­til le mieux adap­té, qui répond à nos attentes mais qu’il faut constam­ment encore améliorer. 

Jean LEFEBVRE (45)

Créer des entreprises, c’est très bien.
Créer des emplois, ce serait encore mieux !

À pro­pos du numé­ro d’a­vril 2003

 La Jaune et la Rouge vient de publier de très bons articles sur le sujet pré­cis de la créa­tion d’entreprises. 

Nous pen­sons être qua­li­fiés pour les com­men­ter, puisque depuis trois ans nous ten­tons de faire connaître les Très petites entre­prises (TPE).

Notre essai Sau­ver les TPE, www.lesconsultantsduloiret.com, illus­tré par PIEM en sep­tembre 2001, et nos Dix mesures pour les TPE d’oc­tobre 2002 résument notre action.De nom­breux Par­le­men­taires nous sou­tiennent, nos mes­sages au Secré­ta­riat d’É­tat aux PME ont été écou­tés et nous conser­vons l’es­poir qu’ils seront enten­dus, mais les orga­nismes para­pu­blics, les orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles et les médias nous ignorent.

L’ar­ticle de Jérôme Gia­co­mo­ni décrit avec humour les déboires d’un chef de TPE (déjà cités dans notre essai).

Pour nous, un débat limi­té à la seule créa­tion d’en­tre­prises est beau­coup trop res­treint et nous vous pro­po­sons de l’élargir.

Une TPE n’est pas une petite PME

Nous approu­vons évi­dem­ment tout ce qui est écrit dans ces articles sur l’im­pé­rieuse néces­si­té de prendre en compte la spé­ci­fi­ci­té des petites entre­prises, mais nous allons plus loin en insis­tant pour que le terme PME soit réser­vé aux PE (Petites entre­prises) et ME (Moyennes), sans inclure les TPE dont les pro­blèmes sont très différents.

Sou­mettre aux mêmes lois et mêmes règle­ments une entre­prise de 20 per­sonnes et une de 50 ou plus est une absurdité.

Depuis trois ans, nous atten­dons des orga­nismes et orga­ni­sa­tions cen­sés repré­sen­ter les TPE une réponse claire sur ce point fondamental.

Les TPE sont mal représentées devant les pouvoirs publics

Il est nor­mal que ce sujet n’ait pas été abor­dé dans ces articles, mais son impor­tance est pri­mor­diale. La plu­part des TPE ne votent pas lors des élec­tions pro­fes­sion­nelles, très peu sont adhé­rentes d’un syn­di­cat, et leurs sala­riés le sont encore moins.

Cette réa­li­té est inti­me­ment liée à l’in­dé­pen­dance à laquelle les TPE sont vis­cé­ra­le­ment attachées.

L’at­ti­tude « poli­ti­que­ment cor­recte » qui consiste à défi­nir des règles avec des syn­di­cats, orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nelles, orga­nismes, caisses de mala­die et de retraite…, peu ou pas repré­sen­ta­tifs des TPE, est une aberration.

Les TPE existantes créeront beaucoup d’emplois, si l’État leur fait confiance

Plu­sieurs de ces articles entre­tiennent une erreur dra­ma­tique : croire que seules les TPE nais­santes peuvent créer des emplois et igno­rer que les TPE adultes sont prêtes à créer l’é­qui­valent d’un mil­lion d’emplois à temps com­plet en un an, si les mesures que nous pré­co­ni­sons depuis trois ans sont enfin adoptées.

Pour rele­ver ce défi, il suf­fit qu’une TPE sur trois crée l’é­qui­valent d’un emploi à temps complet.

Chris­tian GAILLY (52) et Hen­ri DUHAMEL (44)

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