Inauguration du siège de la Division antarctique australienne à Kingston, Tasmanie, par le Prince Charles en 1981.

L’Australie, un paradis pour la science

Dossier : L'AustralieMagazine N°592 Février 2004Par Gérard SICLET

Pays riche, fai­ble­ment peu­plé, moins de 20 mil­lions d’ha­bi­tants, mais dis­po­sant d’une main-d’œuvre de qua­li­té, l’Aus­tra­lie a su maî­tri­ser son espace, 14 fois la France, et son éloi­gne­ment pour entrer dans le groupe des nations scien­ti­fiques et tech­no­lo­giques les plus avan­cées. Avec une struc­ture fédé­rale où cinq États béné­fi­cient d’une réelle auto­no­mie l’Aus­tra­lie a mis en place des struc­tures scien­ti­fiques dyna­miques et ori­gi­nales. L’im­pul­sion et le finan­ce­ment viennent pour la plus grande part de l’É­tat fédé­ral. Celui-ci a for­te­ment encou­ra­gé depuis la fin de la Seconde Guerre mon­diale la créa­tion de grands orga­nismes de recherche et d’u­ni­ver­si­tés de haut niveau dans les pôles urbains de Syd­ney, Mel­bourne, Can­ber­ra, Bris­bane, Ade­laïde et Perth.

Cette poli­tique a don­né une image d’ex­cel­lence à la recherche scien­ti­fique aus­tra­lienne, déjà hono­rée par sept prix Nobel. Un effort conti­nu est conduit par les pou­voirs publics depuis une dizaine d’an­nées en faveur de la recherche indus­trielle et de sa valo­ri­sa­tion, long­temps consi­dé­rées comme des points faibles. Avec un niveau d’in­ves­tis­se­ment glo­bal en R&D com­pa­rable à celui de la Suède ou de la Hol­lande, l’Aus­tra­lie n’ar­rive encore qu’au 17e rang des pays de l’OCDE, en termes de pour­cen­tage du PIB (1,5 %), mais elle figure au 4e rang pour la recherche de base. Selon les sta­tis­tiques offi­cielles les cher­cheurs aus­tra­liens par­ti­cipent pour 2 % à la pro­duc­tion mon­diale de publi­ca­tions scien­ti­fiques, soit par tête d’ha­bi­tant un chiffre com­pa­rable à celui des États-Unis ou de la Grande-Bretagne.

La loca­li­sa­tion à Can­ber­ra, la capi­tale fédé­rale, des minis­tères tech­niques et des organes consul­ta­tifs (dont les ser­vices du Chief Scien­tist, de l’A­ca­dé­mie des sciences et de la Confé­rence des pré­si­dents d’u­ni­ver­si­tés), des centres de déci­sion des grands orga­nismes de recherche et des agences de finan­ce­ment est un fac­teur très favo­rable à la concer­ta­tion, au choix et à la mise en œuvre des prio­ri­tés, ain­si qu’à l’é­va­lua­tion qua­si per­ma­nente des résul­tats qui est une des carac­té­ris­tiques de l’ad­mi­nis­tra­tion australienne.

Les sta­tis­tiques gou­ver­ne­men­tales font état d’un effec­tif de plus de 100 000 per­sonnes enga­gées en R et D, dont plus de 50 000 cher­cheurs confir­més, la moi­tié dans les uni­ver­si­tés qui délivrent chaque année 2 000 diplômes de doc­to­rat, et le reste à part égale entre les orga­nismes de recherche publics et les entre­prises. Cette popu­la­tion est ren­for­cée chaque année par un » Brain Gain » de 4 000 à 6 000 cher­cheurs, ingé­nieurs et ensei­gnants, venant de l’é­tran­ger et atti­rés par les condi­tions de vie et de tra­vail qui leur sont offertes en Australie.

De grands pôles de recherche de niveau international

L’os­sa­ture de la recherche fon­da­men­tale est consti­tuée par les ins­ti­tuts et labo­ra­toires de 9 des 36 uni­ver­si­tés aus­tra­liennes : trois uni­ver­si­tés à Syd­ney (Uni­ver­si­ty of Syd­ney, Uni­ver­si­ty of tech­no­lo­gy of Syd­ney ou UTS, Uni­ver­si­ty of New South Wales ou UNSW), deux uni­ver­si­tés à Mel­bourne (Uni­ver­si­ty of Mel­bourne, Monash Uni­ver­si­ty), à Can­ber­ra (Aus­tra­lian Natio­nal Uni­ver­si­ty, ANU), à Bris­bane (Uni­ver­si­ty of Queens­land), à Ade­laïde (Uni­ver­si­ty of Ade­laïde), à Perth (Uni­ver­si­ty of Wes­tern Australia).


Inau­gu­ra­tion du siège de la Divi­sion antarc­tique aus­tra­lienne à King­ston, Tas­ma­nie, par le Prince Charles en 1981.

Celles-ci reçoivent une bonne part des fonds dis­tri­bués par l’Aus­tra­lian Research Coun­cil (ARC), une agence de moyens du minis­tère de l’É­du­ca­tion et de la Science diri­gée par la bio­lo­giste Vicki Sara. En 2002 l’ARC avait rete­nu quatre axes prio­ri­taires : les nano et bio­ma­té­riaux, les bio­tech­no­lo­gies post­gé­no­miques, les sys­tèmes de com­mu­ni­ca­tion, les sciences et tech­no­lo­gies photoniques.

Le CSIRO (Com­mon­wealth Scien­ti­fic and Indus­trial Research Orga­ni­za­tion) est une orga­ni­sa­tion à voca­tion indus­trielle, mais aus­si impli­quée en recherche de base, qui a peu d’é­qui­va­lents ailleurs si ce n’est dans une cer­taine mesure le TNO néer­lan­dais. Le CSIRO occupe une posi­tion domi­nante dans le pay­sage aus­tra­lien avec plus de 7 000 cher­cheurs, ingé­nieurs et tech­ni­ciens, répar­tis dans une cen­taine de centres.

Extrê­me­ment diver­si­fiées les acti­vi­tés du CSIRO sont struc­tu­rées en 25 divi­sions opé­ra­tion­nelles cou­vrant un éven­tail très large de dis­ci­plines. Quatre divi­sions opèrent dans les sec­teurs des res­sources minières, pétro­lières et de l’éner­gie qui consti­tuent un des piliers de l’é­co­no­mie aus­tra­lienne. En effet les expor­ta­tions de pro­duits miniers et pétro­liers, com­plé­tées par les ventes de savoir-faire tech­no­lo­gique en pros­pec­tion, extrac­tion et trai­te­ment, repré­sentent plus de trente pour cent du PIB australien.

Le CSIRO a d’autres points forts : en bio­tech­no­lo­gies végé­tales, en infor­ma­tique, en sciences de l’en­vi­ron­ne­ment et dans la ges­tion des grands équi­pe­ments de recherche notam­ment en radio­as­tro­no­mie. Les équipes du CSIRO sont sou­vent regrou­pées par pôles de com­pé­tences : explo­ra­tion minière à Perth et à Bris­bane, bio­tech­no­lo­gies végé­tales à Can­ber­ra et Ade­laïde, océa­no­gra­phie, pêche et aqua­cul­ture à Hobart. Tout en étant lar­ge­ment ouverts sur la recherche uni­ver­si­taire les labo­ra­toires du CSIRO sont par­ve­nus à déve­lop­per une véri­table culture d’en­tre­prise, mar­quée par le sou­ci de la pro­tec­tion du savoir-faire et la recherche de contrats avec les com­pa­gnies amé­ri­caines, japo­naises et européennes.

Le second orga­nisme, par la taille, est le DSTO (Defence Science and Tech­no­lo­gy Orga­ni­za­tion) qui dépend direc­te­ment du minis­tère de la Défense. Diri­gé par le Chief Defence Scien­tist le DSTO emploie 2 600 per­sonnes dans ses labo­ra­toires de Mel­bourne, Ade­laïde, Perth et son siège à Can­ber­ra. Éga­le­ment agence de moyens, le DSTO a déve­lop­pé une grande com­pé­tence dans le domaine des radars trans­ho­ri­zon, des logi­ciels de sur­veillance aérienne, des télé­com­mu­ni­ca­tions et de la modé­li­sa­tion informatique.

Plus modeste l’Aus­tra­lian Geo­lo­gi­cal Sur­vey Orga­ni­za­tion (AGSO), deve­nue Geos­cience Aus­tra­lia, four­nit depuis son centre de Can­ber­ra les don­nées car­to­gra­phiques et géo­tec­to­niques de base pour l’ex­plo­ra­tion et l’ex­ploi­ta­tion du conti­nent et du domaine marin aus­tra­lien. Le Bureau de météo­ro­lo­gie (BOM), à Mel­bourne, est un des plus avan­cés de l’hé­mi­sphère Sud pour la mise au point et l’u­ti­li­sa­tion des modèles spec­traux atmo­sphé­riques. L’Ins­ti­tut pour les sciences de la mer (AIMS), à Towns­ville près de la Grande Bar­rière de corail, est spé­cia­li­sé dans l’o­céa­no­lo­gie tro­pi­cale. L’Aus­tra­lian Antarc­tic Divi­sion à Hobart en Tas­ma­nie est char­gée de la logis­tique des expé­di­tions et des bases antarc­tiques de Davis, Maw­son et Casey.

L’ANSTO, le CEA aus­tra­lien, créé en 1958 fait figure de parent pauvre. Dans son unique centre de recherche à Lucas Heights près de Syd­ney, l’ANS­TO gère un réac­teur de recherche de 10 MW à ura­nium enri­chi, en cours de rem­pla­ce­ment. Mal­gré ses impor­tantes réserves d’u­ra­nium l’Aus­tra­lie n’a pas de pro­gramme de déve­lop­pe­ment de l’éner­gie nucléaire. Sous la direc­tion de la bio­lo­giste Helen Gar­nett l’ANS­TO s’est orien­té vers la méde­cine nucléaire, la four­ni­ture de radio­nu­cléides, la mise au point de maté­riaux com­po­sites et de céra­miques à très haute sta­bi­li­té, uti­li­sables notam­ment pour le sto­ckage des déchets radio­ac­tifs (pro­cé­dé SYNROC).

Les pôles d’ex­cel­lence aus­tra­liens découlent pour une bonne part de la mise en valeur de cet immense ter­ri­toire et de la volon­té de s’af­fran­chir des dis­tances et de l’i­so­le­ment. C’est ain­si que l’Aus­tra­lie s’est dotée d’une recherche de tout pre­mier plan dans le domaine des télé­com­mu­ni­ca­tions, du trai­te­ment du signal, et de l’in­gé­nie­rie infor­ma­tique, avec des points forts dans le trai­te­ment d’i­mages, les trans­ports intel­li­gents, la mise au point de sys­tèmes d’o­rien­ta­tion pour les robots et les satel­lites. Les labo­ra­toires de la socié­té natio­nale de télé­com­mu­ni­ca­tion TELSTRA, du CSIRO, du DSTO, les centres de recherche coopé­ra­tifs d’A­de­laïde, Can­ber­ra et Syd­ney consti­tuent un véri­table réseau, ren­for­cé par la créa­tion récente d’un consor­tium natio­nal foca­li­sé sur les cap­teurs et les sys­tèmes intelligents.

L’Aus­tra­lie est un des pays les plus avan­cés dans le domaine des sciences de la terre. Les ins­ti­tuts de géo­phy­sique et de géo­lo­gie des uni­ver­si­tés de Can­ber­ra et de Perth, le centre de tech­no­lo­gie minière de Bris­bane, les labo­ra­toires du CSIRO et de l’AG­SO font auto­ri­té. La puis­sante asso­cia­tion des indus­tries minières, AMIRA, qui regroupe 130 com­pa­gnies, ini­tie et coor­donne des contrats qui sont conduits par les labo­ra­toires publics.

Les ravages exer­cés sur un envi­ron­ne­ment rela­ti­ve­ment fra­gile par l’ex­ploi­ta­tion minière, ain­si que par l’a­gri­cul­ture et l’é­le­vage exten­sif ont pro­vo­qué une prise de conscience des pou­voirs publics et des milieux scien­ti­fiques. La pro­tec­tion des sols, les chan­ge­ments cli­ma­tiques, la pro­tec­tion des espèces vivantes sont deve­nus le point de ren­contre de tout un ensemble de labo­ra­toires plu­ri­dis­ci­pli­naires qui ont don­né aux cher­cheurs aus­tra­liens une forte audience dans les ins­tances inter­na­tio­nales. C’est ain­si que plus de 320 scien­ti­fiques aus­tra­liens exercent des res­pon­sa­bi­li­tés comme membres ou pré­si­dents des diverses com­mis­sions et groupes de tra­vail des unions scien­ti­fiques inter­na­tio­nales et comi­tés inter­dis­ci­pli­naires du Conseil inter­na­tio­nal de la science (ICSU), soit autant que les Fran­çais et autant que les Allemands.

L’Aus­tra­lie est un grand pays d’é­le­vage et un impor­tant pro­duc­teur et expor­ta­teur de laine, de coton et de céréales. L’ex­ploi­ta­tion de ces res­sources a eu pour corol­laire le déve­lop­pe­ment d’un fort poten­tiel en bios­ciences, finan­cé en par­tie par les taxes per­çues sur les pro­duc­teurs. Les bio­tech­no­lo­gies sont deve­nues une des prio­ri­tés des pou­voirs publics depuis une dizaine d’an­nées. Les tra­vaux sur les plantes trans­gé­niques, déjà très avan­cés, font l’ob­jet d’une régle­men­ta­tion récem­ment mise à jour, mais rela­ti­ve­ment souple. Les recherches en bio­tech­no­lo­gie végé­tale sont concen­trées dans les uni­ver­si­tés et les divi­sions Plant Indus­try et Hor­ti­cul­ture du CSIRO de Can­ber­ra et d’A­de­laïde. Cette der­nière ville abrite en outre un centre de recherche viti­vi­ni­cole de niveau inter­na­tio­nal qui épaule la crois­sance par­ti­cu­liè­re­ment rapide de ce secteur.

La recherche bio­mé­di­cale, sou­te­nue par une agence fédé­rale le Natio­nal Health and Medi­cal Coun­cil, est un autre point fort qui sus­cite un inté­rêt de plus en plus mar­qué de la part des entre­prises phar­ma­ceu­tiques euro­péennes et amé­ri­caines. Les recherches en post­gé­no­mique, pro­téo­mique, bio-infor­ma­tique béné­fi­cient de grands équi­pe­ments récents : l’Aus­tra­lian Pro­teome Ana­ly­sis Faci­li­ty à Syd­ney, l’Aus­tra­lian Genome Research Faci­li­ty à Mel­bourne et à Bris­bane, où se met en place actuel­le­ment un très ambi­tieux Ins­ti­tute for mole­cu­lar Bios­ciences. Mel­bourne concentre une part impor­tante de la recherche bio­mé­di­cale avec l’U­ni­ver­si­té Monash et l’Ins­ti­tut d’im­mu­no­lo­gie Wal­ter et Eli­sa Hall diri­gé par Suzanne Cory, membre asso­cié de notre Aca­dé­mie des sciences. Mais il ne faut pas oublier l’Ins­ti­tut Gar­van à Syd­ney et l’Ins­ti­tut John Cur­tin à Can­ber­ra, très connu pour ses tra­vaux sur le dia­bète et dont trois anciens cher­cheurs ont reçu le prix Nobel (Mac Far­lane Bur­net en 1960, Peter Doher­ty et le Suisse Rolf Zin­ker­na­gel en 1996).

On esti­mait en 2002 à 5 700 le nombre de per­sonnes employées dans les 650 PME de bio­tech­no­lo­gie aus­tra­liennes, dont la moi­tié dans le domaine de la san­té. Ces socié­tés se répar­tissent prin­ci­pa­le­ment entre les pôles de Syd­ney et de Mel­bourne, mais le pôle de Bris­bane fait figure de concur­rent de plus en plus crédible.

Le radiotélescope de Parkes en Nouvelle-Galles-du-Sud, propriété du CSIRO. Ce radiotélescope a été utilisé au cours de la mission Giotto de l’Agence spatiale européenne.
Le radio­té­les­cope de Parkes en Nou­velle-Galles-du-Sud, pro­prié­té du CSIRO.
Ce radio­té­les­cope a été uti­li­sé au cours de la mis­sion Giot­to de l’Agence spa­tiale européenne.

L’Aus­tra­lie a héri­té de la période bri­tan­nique d’un réseau impor­tant de téles­copes et de radio­té­les­copes, dont cer­tains ont été remis à niveau et accueillent de nom­breux cher­cheurs étran­gers. On peut être sur­pris par contre par la place modeste que tient la recherche aéro­nau­tique et spa­tiale, qui se can­tonne pour l’es­sen­tiel à la mise au point de cap­teurs et de com­po­sants pour les satel­lites et les équi­pe­ments de télé­dé­tec­tion. On peut remar­quer que le satel­lite aus­tra­lien C1 de télé­com­mu­ni­ca­tion civile et mili­taire, lan­cé le 11 juin 2003 par une fusée Ariane 5, avait été conçu et assem­blé aux États-Unis.

Dans le domaine des grands équi­pe­ments de phy­sique, consi­dé­ré tra­di­tion­nel­le­ment comme un point faible, la situa­tion devrait s’a­mé­lio­rer pro­gres­si­ve­ment avec, outre le nou­veau réac­teur de recherche de l’ANS­TO en cours de construc­tion, la mise en route envi­sa­gée pour 2007 d’un syn­chro­tron à Mel­bourne finan­cé par l’É­tat du Vic­to­ria. Dans le domaine des nanos­ciences un recen­se­ment récent a per­mis d’i­den­ti­fier une ving­taine de centres de recherche publics et une ving­taine d’en­tre­prises dis­po­sant d’une bonne exper­tise en nano­ma­té­riaux, tech­no­lo­gies optiques et nanobiotechnologies.

Enfin il ne faut pas oublier les sciences humaines avec la pré­sence d’un pôle d’é­tude de renom­mée mon­diale sur l’In­do­né­sie, le Sud-Est asia­tique et les socié­tés insu­laires du Paci­fique-Sud : Papoua­sie, Méla­né­sie, Poly­né­sie. La Research School of Paci­fic and Asian Stu­dies de l’U­ni­ver­si­té natio­nale à Can­ber­ra est consi­dé­rée comme un centre de réfé­rence pour l’é­tude eth­no­gra­phique, mais aus­si socioé­co­no­mique et cultu­relle de ces zones, dont cer­taines connaissent depuis quelques décen­nies de véri­tables bou­le­ver­se­ments sous l’im­pact de la sur­ex­ploi­ta­tion de leurs res­sources marines, minières et forestières.

Une réussite : les centres de recherche coopératifs

Héri­tière d’une éco­no­mie de type colo­nial l’in­dus­trie aus­tra­lienne est encore lar­ge­ment com­po­sée de filiales de groupes étran­gers. En 2001 on ne comp­tait que quatre entre­prises aus­tra­liennes dans le clas­se­ment des 400 plus grandes socié­tés mon­diales. Les gou­ver­ne­ments tra­vaillistes, sui­vis par les conser­va­teurs, se sont atta­chés à favo­ri­ser la créa­tion d’un tis­su de PME de haute tech­no­lo­gie, mais aus­si à inci­ter les mul­ti­na­tio­nales à implan­ter leurs centres de recherche en Aus­tra­lie. En plus d’in­ci­ta­tions fis­cales de type clas­sique une des ini­tia­tives les plus réus­sies a été la créa­tion en 1991 des CRC (Coope­ra­tive Research Centres).

Ces struc­tures souples et opé­ra­tion­nelles ont pour fonc­tion de fédé­rer des labo­ra­toires de recherche d’u­ni­ver­si­tés, de grands orga­nismes et d’en­tre­prises, autour de pro­jets com­muns. L’as­tuce a été de don­ner aux CRC une struc­ture juri­dique et un mode de fonc­tion­ne­ment le plus proche pos­sible d’une petite entre­prise. Chaque CRC est pla­cé sous l’au­to­ri­té d’un direc­teur, lui-même res­pon­sable devant un conseil d’ad­mi­nis­tra­tion consti­tué des repré­sen­tants des orga­ni­sa­tions par­te­naires. Les centres défi­nissent eux-mêmes leur stra­té­gie et leur poli­tique de par­tage et de pro­tec­tion du savoir-faire. Une entre­prise étran­gère peut être membre d’un CRC. L’in­ci­ta­tion finan­cière est four­nie par le gou­ver­ne­ment fédé­ral qui apporte à chaque CRC une sub­ven­tion pou­vant atteindre la moi­tié des coûts de mise en place et de fonc­tion­ne­ment. C’est le minis­tère char­gé de l’In­dus­trie qui donne le feu vert pour la créa­tion d’un nou­veau CRC, en fonc­tion de la qua­li­té du pro­jet pré­sen­té et de l’in­té­rêt stra­té­gique du domaine concerné.

En 2002 on comp­tait 71 CRC répar­tis dans toutes les métro­poles aus­tra­liennes et cou­vrant des domaines aus­si variés que le génie des pro­cé­dés, les tech­no­lo­gies médi­cales, le trai­te­ment des eaux, les tech­no­lo­gies minières, le génie infor­ma­tique. Concrè­te­ment un CRC se pré­sente comme une struc­ture légère, asso­ciant de 4 à 20 orga­ni­sa­tions, coor­don­nant les acti­vi­tés de 15 à 100 cher­cheurs, plus quelques doc­to­rants, et béné­fi­ciant d’une sub­ven­tion annuelle pou­vant atteindre l’é­qui­valent de deux mil­lions d’eu­ros. Créé pour une durée de sept ans chaque CRC est éva­lué une pre­mière fois après trois ans d’exis­tence et plus en détail au bout de cinq ans. Par­mi les inno­va­tions qui ont débou­ché sur le plan indus­triel et com­mer­cial figurent des bio­ma­té­riaux, des implants médi­caux, des bio­réac­tifs, des com­po­sants pho­to­niques, des logi­ciels de pro­cé­dés ou de contrôle.

Le lan­ce­ment des CRC a eu pour autre consé­quence de sti­mu­ler l’ef­fort natio­nal de valo­ri­sa­tion de la recherche que ce soit dans les grands orga­nismes ou dans les uni­ver­si­tés. La plu­part des grandes uni­ver­si­tés sont main­te­nant dotées de socié­tés de valo­ri­sa­tion, dont cer­taines telles que Mon­tech (Uni­ver­si­té Monash à Mel­bourne) ou Anu­tech (Uni­ver­si­té natio­nale à Can­ber­ra) emploient plu­sieurs dizaines de per­ma­nents. Cette évo­lu­tion est confor­tée par la créa­tion de parcs indus­triels et tech­no­lo­giques à proxi­mi­té des pôles scien­ti­fiques. Par­mi les réus­sites il faut signa­ler le parc tech­no­lo­gique de Perth ouvert en 1985 à proxi­mi­té de l’U­ni­ver­si­té Cur­tin et l’Aus­tra­lian Tech­no­lo­gi­cal Parc à Syd­ney, ouvert en 1996 grâce à l’as­so­cia­tion des trois uni­ver­si­tés scien­ti­fiques de Sydney.

Une recherche scientifique très ouverte à la coopération internationale

La recherche aus­tra­lienne est très lar­ge­ment ouverte à la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale. Cette ten­dance est for­te­ment encou­ra­gée par les auto­ri­tés fédé­rales qui pré­sentent l’Aus­tra­lie comme un lieu d’im­plan­ta­tion idéal pour les acti­vi­tés de R et D orien­tées vers les mar­chés asiatiques.

Avec ses 70 mètres de diamètre “ Deep Space Station 43 ” est la plus grande des 5 antennes du centre spatial de la NASA à Tibinbilla près de Canberra. Cette station suit les véhicules spatiaux qui explorent le système solaire et au-delà.
Avec ses 70 mètres de dia­mètre “ Deep Space Sta­tion 43 ” est la plus grande des 5 antennes du centre spa­tial de la NASA à Tibin­billa près de Can­ber­ra. Cette sta­tion suit les véhi­cules spa­tiaux qui explorent le sys­tème solaire et au-delà.

Les échanges scien­ti­fiques avec les États-Unis sont per­ma­nents et infor­mels dans tous les sec­teurs. Un des aspects les plus spec­ta­cu­laires de cette coopé­ra­tion est illus­tré par la pré­sence près de Can­ber­ra d’une des trois sta­tions de récep­tion de la Nasa char­gées du sui­vi des véhi­cules spa­tiaux, sans par­ler des ins­tal­la­tions de la Natio­nal Secu­ri­ty Agen­cy près d’A­lice Springs et en Australie-Occidentale.

Les liens cultu­rels et éco­no­miques avec la Grande-Bre­tagne res­tent très forts. L’A­ca­dé­mie des sciences aus­tra­lienne était jus­qu’en 1954 une branche de la Royal Socie­ty. Plus de 20 % des copu­bli­ca­tions scien­ti­fiques avec des par­te­naires étran­gers se font avec le Royaume-Uni.

Les échanges avec le Japon, long­temps can­ton­nés au domaine éco­no­mique, se sont main­te­nant élar­gis aux sciences et aux tech­niques : recherches conjointes en cli­ma­to­lo­gie, uti­li­sa­tion per­ma­nente du syn­chro­tron japo­nais de Tsu­ku­ba, coopé­ra­tion en phy­sique du solide et dans le domaine du logi­ciel avec les uni­ver­si­tés et les entre­prises japo­naises, notam­ment Fujit­su. La coopé­ra­tion scien­ti­fique avec la Chine, la Corée et les pays du Sud-Est asia­tique se limite à des actions de for­ma­tion et des mis­sions de conseil et d’expertise.

L’Aus­tra­lie a signé en juillet 1994 un accord de coopé­ra­tion scien­ti­fique et tech­nique avec l’U­nion euro­péenne qui a per­mis aux cher­cheurs et orga­nismes aus­tra­liens d’être asso­ciés à une tren­taine de pro­jets des 4e et 5e pro­grammes cadres, mais en pre­nant en charge leur propre par­ti­ci­pa­tion à ces pro­jets. Il semble que les auto­ri­tés aus­tra­liennes ne sou­haitent pas s’en­ga­ger plus avant en deman­dant le sta­tut de pays asso­cié, mais pré­fèrent étu­dier les pos­si­bi­li­tés de coopé­ra­tion au cas par cas.

La place particulière de la coopération scientifique franco-australienne

Un his­to­rien pour­rait faire remon­ter la col­la­bo­ra­tion scien­ti­fique avec la France au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle lorsque les navi­ga­teurs fran­çais, Marion Dufresne, Saint Allouan, La Pérouse, d’En­tre­cas­teaux, Bau­din, Frey­ci­net, car­to­gra­phiaient les côtes aus­tra­liennes. C’est en fait au cours de ces trois der­nières décen­nies que la France et l’Aus­tra­lie ont appris à mieux se connaître, et à iden­ti­fier des centres d’in­té­rêt scien­ti­fique com­muns, dans le même temps où nos entre­prises inves­tis­saient sur le sol aus­tra­lien. Toute une série d’ac­cords pas­sés au niveau gou­ver­ne­men­tal et entre grands orga­nismes et uni­ver­si­tés des deux pays ont contri­bué à créer un cou­rant d’é­change, qui n’a pas souf­fert des ten­sions poli­tiques périodiques.

En méde­cine nucléaire le CEA et l’ANS­TO entre­tiennent des échanges régu­liers depuis 1992 qui s’é­lar­gissent main­te­nant à des équipes uni­ver­si­taires. Le CSIRO pour sa part finance une qua­ran­taine de pro­jets impli­quant une col­la­bo­ra­tion avec des équipes fran­çaises, en par­ti­cu­lier à Mont­pel­lier où il dis­pose d’une antenne de son Ins­ti­tut d’en­to­mo­lo­gie. Plus de 60 labo­ra­toires du CNRS entre­tiennent des rela­tions non for­ma­li­sées avec les labo­ra­toires aus­tra­liens. Envi­ron 130 bio­lo­gistes, phy­si­ciens, chi­mistes, astro­nomes du CNRS viennent chaque année en Aus­tra­lie pour des mis­sions allant de quelques semaines à plu­sieurs mois. Les recherches en sciences marines dans le Paci­fique-Sud, bio­lo­gie marine, géos­ciences marines, aqua­cul­ture, cli­ma­to­lo­gie, consti­tuent un ter­rain pri­vi­lé­gié de la coopé­ra­tion franco-australienne.

En 1998 et 1999 deux cam­pagnes conjointes de l’AG­SO et de l’I­fre­mer ont mis en évi­dence un gise­ment d’hy­drates de gaz sous les fonds marins situés entre la Nou­velle-Calé­do­nie et la côte est de l’Aus­tra­lie. Depuis 2002 une équipe fran­co-aus­tra­lienne asso­ciant l’u­ni­ver­si­té de Poly­né­sie fran­çaise, l’IRD de Nou­méa et un ins­ti­tut de bio­lo­gie de Syd­ney explore la faune marine de Nou­velle-Calé­do­nie. Fran­çais et Aus­tra­liens col­la­borent au sein de l’I­CRI (Inter­na­tio­nal Coral Reef Ini­tia­tive) pour la pro­tec­tion des récifs coral­liens, et éga­le­ment au sein de la CCAMLR, la Com­mis­sion pour la pro­tec­tion des res­sources vivantes des eaux antarc­tiques dont le secré­ta­riat per­ma­nent est ins­tal­lé à Hobart.

Le conti­nent antarc­tique lui-même, vaste domaine de 14 mil­lions de km2, est deve­nu un espace de coopé­ra­tion fran­co-aus­tra­lienne bien que l’Aus­tra­lie n’y ait que sus­pen­du ses reven­di­ca­tions ter­ri­to­riales. Hobart est le port d’at­tache de l’Astro­labe, le navire ravi­tailleur de notre base de Dumont d’Ur­ville en terre Adé­lie. Les cher­cheurs de l’u­ni­ver­si­té de Tas­ma­nie et de l’Aus­tra­lian Antarc­tic Divi­sion col­la­borent avec les équipes de l’I­PEV (ex-IFRTP) de Gre­noble, Saclay et Stras­bourg. La coopé­ra­tion sur le site de Concor­dia, la nou­velle base antarc­tique fran­co-ita­lienne, vient d’être illus­trée par la mise en place d’une sta­tion aus­tra­lienne de mesure auto­ma­tique de don­nées d’astrophysique.

Au niveau des échanges d’é­tu­diants et de doc­to­rants, des accords ponc­tuels incluant des cotu­telles de thèses ont été pas­sés entre les éta­blis­se­ments fran­çais et aus­tra­liens, avec des for­tunes diverses selon l’i­ni­tia­tive et la per­sé­vé­rance des ensei­gnants res­pon­sables. L’É­cole poly­tech­nique pour sa part envoie depuis plus de cinq ans des élèves-ingé­nieurs effec­tuer un stage de recherche dans les labo­ra­toires de l’U­ni­ver­si­té natio­nale à Canberra.

L’i­ni­tia­tive la plus ori­gi­nale et la plus emblé­ma­tique a vu le jour en 1991 avec le lan­ce­ment du pro­gramme FAIR de coopé­ra­tion en recherche indus­trielle, sou­te­nu par le minis­tère des Affaires étran­gères et le minis­tère char­gé de la Recherche. Ce pro­gramme, renou­ve­lé en 1998 pour une durée de cinq ans, a pré­cé­dé ou accom­pa­gné les grandes entre­prises (Tha­lès, Lyon­naise des eaux, Viven­di, Char­geurs Réunis, Péchi­ney, Alca­tel, Per­nod-Ricard, Lima­grain, Sano­fi-Syn­thé­la­bo, Aven­tis, etc.) qui ont inves­ti avec suc­cès dans ce conti­nent où elles emploient actuel­le­ment plus de 50 000 personnes.

Depuis sa créa­tion FAIR a per­mis d’i­ni­tier des col­la­bo­ra­tions, main­te­nant acces­sibles à des entre­prises de taille modeste, dans des domaines aus­si variés que les maté­riaux, l’a­groa­li­men­taire, la pros­pec­tion et l’ex­ploi­ta­tion pétro­lière et minière, les bio­tech­no­lo­gies et l’in­for­ma­tique appli­quée à la méde­cine, le trai­te­ment des eaux. Le pro­gramme FAIR a béné­fi­cié en France de l’ac­tion de l’As­so­cia­tion fran­çaise de coopé­ra­tion en recherche indus­trielle avec l’Aus­tra­lie, AFCRIA, pré­si­dée par Chris­tian Mar­bach. Le 8e sémi­naire FAIR, orga­ni­sé par l’AF­CRIA, qui s’est tenu à Paris, Lyon, Gre­noble et Stras­bourg en novembre 2002, sur le thème des tech­no­lo­gies médi­cales, a réuni à parts égales une cin­quan­taine de Fran­çais et d’Aus­tra­liens, res­pon­sables de PME de haute tech­no­lo­gie, de socié­tés de valo­ri­sa­tion, de labo­ra­toires uni­ver­si­taires ou de grands organismes.

Outre l’é­bauche de diverses col­la­bo­ra­tions stric­te­ment bila­té­rales un des résul­tats de cette ren­contre a été la déci­sion de cer­tains par­ti­ci­pants aus­tra­liens de s’as­so­cier à des pro­jets pré­sen­tés par les inter­ve­nants fran­çais dans le cadre des appels d’offres du 6e PCRD.

Conclusion

Il est pré­vi­sible que le déve­lop­pe­ment rapide des sciences et des tech­no­lo­gies en Aus­tra­lie va modi­fier pro­fon­dé­ment le pro­fil socioé­co­no­mique de l’île-conti­nent, his­to­ri­que­ment mar­qué par le poids des pro­duc­tions pri­maires : mines et agriculture.

L’Aus­tra­lie est un par­te­naire à ne pas négli­ger si l’on consi­dère la qua­li­té de son poten­tiel de R et D, ren­for­cé par une immi­gra­tion très sélec­tion­née, et son immer­sion dans le monde amé­ri­cain, euro­péen et asia­tique. Même le han­di­cap que consti­tue l’i­so­le­ment géo­gra­phique est deve­nu un atout, en sti­mu­lant la mise en œuvre des tech­niques de com­mu­ni­ca­tion les plus avan­cées. Pays riche et ambi­tieux, ouvert à la coopé­ra­tion inter­na­tio­nale, l’Aus­tra­lie veut confor­ter sa place au sein des pays industrialisés.

Les pro­grammes de coopé­ra­tion scien­ti­fiques et tech­no­lo­giques fran­co-aus­tra­liens, dont cer­tains ont béné­fi­cié du sou­tien atten­tif de notre minis­tère des Affaires étran­gères, sont deve­nus un fac­teur fon­da­men­tal de rap­pro­che­ment entre les deux pays, l’emportant sur les mal­en­ten­dus qui ont pu pas­sa­gè­re­ment les oppo­ser. Ils ont contri­bué à créer un cadre très favo­rable aux trans­ferts de tech­no­lo­gie, aux échanges com­mer­ciaux et aux inves­tis­se­ments des entre­prises fran­çaises. De nou­veaux domaines d’in­té­rêt com­mun appa­raissent où les com­pé­tences des deux pays sont com­plé­men­taires, que ce soit dans les tech­no­lo­gies liées à l’en­vi­ron­ne­ment ter­restre ou marin, la san­té, ou encore les tech­no­lo­gies émer­gentes dont font par­tie les nanos­ciences et les biotechnologies.

Il faut sou­hai­ter que les cadres de coopé­ra­tion futurs, qu’ils soient bila­té­raux ou euro­péens, lais­se­ront ouvertes les pers­pec­tives les plus ambi­tieuses aux rela­tions entre la France et l’Australie. 

Gérard Siclet, pro­fes­seur des uni­ver­si­tés, char­gé de mis­sion à l’A­ca­dé­mie des sciences, est secré­taire exé­cu­tif du Comi­té fran­çais des Unions scien­ti­fiques inter­na­tio­nales. Il a effec­tué plu­sieurs mis­sions de longue durée pour le compte du minis­tère des Affaires étran­gères en tant qu’at­ta­ché scien­ti­fique dans les ambas­sades de France à Can­ber­ra de 1994 à 1999, à La Haye de 1983 à 1988 et à Tokyo de 1974 à 1979.

Pour en savoir plus sur la science et la technologie en Australie

► Bul­le­tin élec­tro­nique d’ac­tua­li­té scien­ti­fique et tech­no­lo­gique en Aus­tra­lie, publié par l’am­bas­sade de France en Aus­tra­lie : www.ambafrance-au.org/science
► Depar­te­ment of Edu­ca­tion, Science, Trai­ning : www.dest.gov.au
► Depar­te­ment of Indus­try, Tou­rism, Resources : www.industry.gov.au
► CSIRO : www.csiro.au
► DSTO : www.dsto.defence.gov.au
► Bureau of Meteo­ro­lo­gy : www.bom.gov.au
► Geos­cience Aus­tra­lia (ex-AGSO) : www.ga.gov.au
► ANSTO : www.ansto.gov.au
► Coope­ra­tive Research Centres : www.dest.gov.au/crc
► Aus­tra­lian Uni­ver­si­ties : www.avcc.edu.au
► Aus­tra­lian Aca­de­my of Tech­no­lo­gi­cal Sciences and Engi­nee­ring : www.atse.org.au
► Aus­tra­lian Aca­de­my of Sciences : www.science.org.au
► Forum for Euro­pean-Aus­tra­lian Science and Tech­no­lo­gy Coope­ra­tion : www.feast.org

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