Silver economy

L’Afer : une aventure qui a changé le marché de l’assurance-vie

Dossier : Gestion de patrimoineMagazine N°739 Novembre 2018
Par Patrick DIXNEUF (83)

En 1976, les fon­da­teurs de l’Afer créaient un concept ori­gi­nal et unique, au car­re­four du mutua­lisme et du capi­ta­lisme. En don­nant un vrai pou­voir aux épar­gnants dans leur rela­tion avec les assu­reurs et en créant un par­te­na­riat durable et équi­li­bré avec Avi­va, ils allaient chan­ger en pro­fon­deur le mar­ché d’un des pro­duits d’épargne les plus popu­laires en France. Une aven­ture qui ne fait que commencer ! 

L’idée des fon­da­teurs de l’Afer était de per­mettre aux Fran­çais de se consti­tuer une épargne dans les meilleures condi­tions finan­cières, juri­diques et fis­cales pos­sibles. Le choix d’un contrat col­lec­tif d’assurance-vie s’est révé­lé des plus judi­cieux avec une asso­cia­tion ayant de l’influence tant sur l’assureur que sur les pou­voirs publics pour pro­té­ger, voire déve­lop­per, les droits et les inté­rêts des adhérents. 

Une com­pa­gnie d’assurances accepte alors d’être leur par­te­naire, c’est-à-dire de garan­tir et de gérer l’épargne consti­tuée ; c’est la socié­té La Paix, qui fusionne ensuite avec Abeille Assu­rances, une com­pa­gnie fon­dée en 1854 par des agri­cul­teurs bour­gui­gnons, qui devient ensuite Avi­va France, filiale d’un des pre­miers groupes d’assurances mondiaux. 

Une histoire parfois tourmentée

L’histoire de l’Afer n’a cepen­dant pas tou­jours été linéaire. Nous pou­vons citer le pro­cès des fon­da­teurs, Gérard Athias et André Le Saux (57), mis en exa­men en 2000 et condam­nés en 2006 (une condam­na­tion confir­mée par un arrêt de la Cour de cas­sa­tion en 2009). Nous pour­rions éga­le­ment sou­li­gner une ten­ta­tive de déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal qui n’a mal­heu­reu­se­ment pas ren­con­tré le suc­cès espéré. 

Aujourd’hui, après la démis­sion de Gérard Athias de la pré­si­dence de l’Afer et quelques années néces­saires à sa réor­ga­ni­sa­tion, l’équipe diri­geante par­vient à se sta­bi­li­ser. Gérard Beker­man en est le pré­sident depuis novembre 2007. Il a créé à son arri­vée une charte de trans­pa­rence et un comi­té des sages afin de veiller au res­pect de la déon­to­lo­gie. Il s’efforce de reve­nir aux valeurs ini­tiales de l’association, de faire oublier les dérives de la gou­ver­nance pré­cé­dente, de mettre en avant les résul­tats de l’association et de la tour­ner vers le xxie siècle. 

REPÈRES
Quel épar­gnant ne connaît pas l’Afer, l’Association fran­çaise d’épargne et de retraite ? En plus de qua­rante ans d’histoire, le contrat d’assurance-vie col­lec­tif Afer, qui regroupe aujourd’hui plus de 740 000 adhé­rents pour plus de 54 mil­liards d’euros d’actifs gérés, s’est impo­sé comme la réfé­rence de l’assurance-vie. L’annonce de son taux de reva­lo­ri­sa­tion en jan­vier donne chaque année le « la » sur le marché. 

Un succès sans précédent

L’idée ini­tiale de l’association était de négo­cier les tarifs auprès d’une com­pa­gnie d’assurances, pour obte­nir des frais de ges­tion mini­maux. En fait, par ses choix, l’Afer a fait bien davan­tage et a pro­fon­dé­ment modi­fié le mar­ché fran­çais de l’assurance-vie : liber­té dans les ver­se­ments, par oppo­si­tion aux contrats dits pério­diques, comme dans les retraits. L’Afer renonce par ailleurs aux pré­comptes de com­mis­sions ver­sées aux inter­mé­diaires, agents ou courtiers. 

De plus, l’Afer s’implique tant dans la stra­té­gie que dans le quo­ti­dien de la ges­tion du contrat. 

En effet, la ges­tion des adhé­rents et le ser­vice du contrat sont assu­rés par le GIE Afer, grou­pe­ment d’intérêt éco­no­mique pari­taire entre l’assureur Avi­va et l’association Afer. D’autre part, un comi­té de contrôle et de sur­veillance de la ges­tion des fonds (CCSGF) super­vise les inves­tis­se­ments et les per­for­mances réa­li­sés par Avi­va Inves­tors France, la filiale de ges­tion d’actifs de l’assureur Avi­va qui gère le fonds garan­ti en euros ain­si que cer­taines des uni­tés de compte du contrat ou par d’autres socié­tés de ges­tion d’actifs qui gèrent des uni­tés de compte plus spécialisées. 

Le pro­cès des fondateurs
Si l’approche asso­cia­tive de l’Afer lui per­met son indé­pen­dance vis-à-vis de l’assureur, elle a aus­si don­né lieu à des dif­fi­cul­tés réelles. Les conflits d’intérêts et prises de par­ti­ci­pa­tion, qui ont ame­né au pro­cès des fon­da­teurs, Gérard Athias et André Le Saux (57), en sont l’exemple le plus frap­pant. Le pro­cès en res­ti­tu­tion gagné par l’association au nom de ceux qui l’avait sai­sie a été gagné par l’Afer pour résoudre le pas­sé. Les actions entre­prises sur la gou­ver­nance de l’association et l’évolution du cadre régle­men­taire des contrats asso­cia­tifs apportent des réponses pour le futur. C’est d’ailleurs ce cadre régle­men­taire asso­cia­tif qui est repris dans la loi Pacte et qui sera la clé dans la gou­ver­nance des nou­veaux contrats retraite. 

Une gouvernance au service des épargnants

On peut dire, sans exa­gé­ra­tion, que cette gou­ver­nance nova­trice a été l’un des leviers essen­tiels des excel­lentes per­for­mances du fonds garan­ti en euros comme des uni­tés de compte, au tra­vers des années, des crises finan­cières et des chan­ge­ments réglementaires. 

Elle a aus­si per­mis de don­ner aux adhé­rents de l’Afer la confiance néces­saire pour les accom­pa­gner vers la diver­si­fi­ca­tion en uni­tés de compte. En effet, si l’Afer est sur­tout connue pour les per­for­mances de son fonds garan­ti en euros, on ne sait pas tou­jours que l’en-cours des uni­tés de compte dépasse aujourd’hui 10 mil­liards d’euros, dont près de 5 mil­liards pour le seul fonds Afer-Sfer, sup­port phare diver­si­fié avec une domi­nante actions. 

Des apports en volume et en durée pour Aviva

Quel peut être alors l’intérêt qu’un assu­reur comme Avi­va peut trou­ver dans un par­te­na­riat bâti dans un envi­ron­ne­ment qui semble contraint pour lui, tant en termes de gou­ver­nance qu’en termes financiers ? 

Cela soit dit, et sans iro­nie aucune, il doit bien y en exis­ter un, à voir l’empressement que montrent les divers acteurs du monde des ser­vices finan­ciers à par­ti­ci­per à l’aventure Afer. 

Pour l’assureur, cela pour­rait être cepen­dant dif­fé­rent : c’est lui qui amène sa garan­tie en termes de capi­tal et de bilan, rôle et res­pon­sa­bi­li­té clés, sur­tout dans les nou­veaux envi­ron­ne­ments nor­ma­tifs comme Sol­va­bi­li­té II. 

Cepen­dant, le suc­cès d’un contrat d’assurance-vie, et Avi­va l’a bien com­pris, repose sur deux piliers : le volume des actifs inves­tis et leur durée d’investissement. La confiance que la gou­ver­nance Afer donne à ses adhé­rents contri­bue à ces deux clés du suc­cès et per­met ain­si à la fois de pro­po­ser aux adhé­rents des coûts faibles pour de très bonnes per­for­mances et à l’assureur d’assurer sa ren­ta­bi­li­té et de pro­té­ger son bilan. 

Enfin, pour sur­pre­nante qu’elle soit, la gou­ver­nance Afer a démon­tré dans le pas­sé et le montre encore plus aujourd’hui, qu’elle peut être un for­mi­dable réser­voir d’innovations.


L’association déve­loppe des ser­vices pour la sil­ver eco­no­my. © Eric 

Se renouveler c’est s’adapter aux défis actuels

Le monde a cepen­dant bien chan­gé depuis la créa­tion de l’Afer : besoin de nou­veaux types de ser­vices, com­por­te­ment des épar­gnants, vola­ti­li­té des mar­chés finan­ciers, régle­men­ta­tion sur le besoin en capi­tal des socié­tés d’assurances, régle­men­ta­tion sur la pro­tec­tion des épargnants… 

En col­la­bo­ra­tion avec son par­te­naire assu­reur, l’association a su prendre les déci­sions qui s’imposaient aus­si bien sur les inves­tis­se­ments infor­ma­tiques que sur la capa­ci­té marketing. 

La norme Sol­va­bi­li­té II a fait évo­luer les grands équi­libres finan­ciers des com­pa­gnies d’assurances de même que les divers règle­ments de pro­tec­tion des épar­gnants ont beau­coup évo­lué. Cela a ame­né à cla­ri­fier avec le temps les rôles de la com­pa­gnie, de l’association, de leur GIE com­mun et des distributeurs. 

Trouver de nouveaux relais

La plu­part des cour­tiers étaient de jeunes conseillers lors de la créa­tion de l’Afer en 1976 ; la ques­tion de leur suc­ces­sion, et peut-être aus­si celle de leur regrou­pe­ment pour faire face aux divers défis régle­men­taires, se pose aujourd’hui… De nou­veaux dis­tri­bu­teurs – par­fois des suc­ces­seurs de leurs parents, par­fois nou­veaux dans la pro­fes­sion – reprennent ain­si aujourd’hui le flam­beau pour mettre en proxi­mi­té le contrat Afer à la dis­po­si­tion de tous, aidé par une infor­ma­tique mul­ti­ca­nale qui doit elle aus­si évo­luer, avec son temps. 

Enfin, si l’adhérent Afer est fidèle (il garde ses avoirs seize ans en moyenne, deux fois plus long­temps que la limite fis­cale des huit ans), il est aus­si assez âgé. C’est une ques­tion qui dépasse les pro­blé­ma­tiques propres à l’Afer ou à Avi­va ; c’est la ques­tion plus géné­rale de la déten­tion de l’épargne en France. 

Il faut donc conti­nuer à inci­ter et à aider nos com­pa­triotes à com­men­cer à épar­gner plus jeunes, même si cela se fait au départ par de petites sommes. À cet effet, un bul­le­tin d’adhésion sim­pli­fié, un chèque de 100 euros et une copie de la pièce d’identité suf­fisent aujourd’hui pour deve­nir adhé­rent de l’Afer…

Trois canaux de distribution

Le contrat Afer est aujourd’hui dis­tri­bué par trois canaux : les agents géné­raux man­da­taires de la com­pa­gnie Avi­va, Épargne actuelle, cour­tier filiale d’Aviva
et des cour­tiers indépendants. 

Profiter de nombreuses opportunités

Le par­te­na­riat asso­cia­tion-assu­reur est éga­le­ment por­teur de nom­breuses opportunités. 

À l’heure où l’on parle beau­coup de finan­ce­ment de l’économie réelle, c’est dès 2015 que l’Afer et Avi­va ont pris l’engagement d’investir 1 mil­liard d’euros dans les PME et le ETI, en dette comme en fonds propres. 

Concer­nant la pro­blé­ma­tique actuelle des taux bas, l’Afer et Avi­va ont été les pre­miers à croire au fonds euro­crois­sance qui com­bine garan­tie et per­for­mance. Ils seront demain aus­si par­mi les pre­miers à pro­po­ser le nou­vel euro­crois­sance, sim­pli­fié, qui naî­tra avec la loi Pacte. 

Ils tra­vaillent aus­si à des approches d’investissement thé­ma­tiques pour que les adhé­rents s’y retrouvent en termes de trans­pa­rence, de valeur et de ren­de­ment. Nous pou­vons notam­ment citer une offre faite pour les seniors qui s’accompagne d’un ensemble d’accords de ser­vices qui ont été signés avec ce que l’on appelle aujourd’hui la sil­ver eco­no­my.

Placements immobiliers
Un fonds mul­ti­fon­cier per­met de diver­si­fier ses pla­ce­ments immo­bi­liers. © Moofushi 

Participer à la préparation des évolutions fiscales et réglementaires

Enfin, l’association et l’assureur conti­nuent comme tou­jours de tra­vailler en amont sur les grands chan­ge­ments fis­caux et régle­men­taires qui impac­te­ront à l’avenir l’épargne des adhérents. 

Le sujet du jour est, bien enten­du, la loi Pacte – plan d’action pour la crois­sance et la trans­for­ma­tion des entre­prises. Sur le plan de l’assurance-vie, sa grande nova­tion sera un euro­crois­sance sim­pli­fié pour une meilleure com­pré­hen­sion de son méca­nisme et de ses per­for­mances par les épargnants. 

Aus­si, alors que l’assurance-vie, pla­ce­ment pré­fé­ré des Fran­çais, est aujourd’hui per­çu comme un « cou­teau suisse », c’est-à-dire un pro­duit qui peut ser­vir tout aus­si bien aux besoins d’épargne, que de retraite et de suc­ces­sion, la loi Pacte per­met­tra aus­si une sim­pli­fi­ca­tion et une dyna­mi­sa­tion des pro­duits retraite. 

De nou­veaux par­te­na­riats pour élar­gir l’offre

La gamme de fonds conti­nue à s’étendre en s’appuyant sur l’innovation des meilleures socié­tés de ges­tion d’actifs. Citons un fonds mul­ti­fon­cier qui ras­semble une mul­ti­tude d’actifs de toutes zones géo­gra­phiques ayant une expo­si­tion au mar­ché de l’immobilier ain­si qu’aux mar­chés finan­ciers inves­tis­sant dans des titres de capi­tal et des titres de créance de socié­tés liées direc­te­ment ou indi­rec­te­ment au sec­teur immo­bi­lier. Citons aus­si une offre pre­mium dont l’ambition est de mettre à la por­tée de tous une très grande diver­si­té de classes d’actifs comme c’est le cas dans les fami­ly offices.

Financer les retraites

L’enjeu du finan­ce­ment des retraites est impor­tant, tout comme l’opportunité d’investir cette épargne, la plus longue qui soit, dans les fonds propres de nos entreprises. 

Mais la culture finan­cière de nos com­pa­triotes doit encore s’améliorer pour leur don­ner plus de confiance dans ces inves­tis­se­ments. De même, il est néces­saire de mieux leur faire com­prendre la dif­fé­rence entre les pro­duits d’assurance-vie (un allè­ge­ment fis­cal à la sor­tie) et les pro­duits de retraite (un allè­ge­ment fis­cal à l’entrée avec une rente ou un capi­tal fiscalisé). 

C’est l’opportunité de mettre en valeur le « r » de l’Afer, comme le fut le « e » lors des qua­rante pre­mières années de son existence. 

Ce modèle par­ti­cu­lier, dans lequel, comme le sou­ligne Gérard Beker­man, l’association contrôle, l’assureur garan­tit, la socié­té de ges­tion d’actifs inves­tit, fait le suc­cès de l’Afer. Il a encore mani­fes­te­ment de beaux jours devant lui. 

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