7 polytechniciennes de la promotion 2011

La vie à l’X, vue par les filles

Dossier : PolytechniciennesMagazine N°712 Février 2016Par : sept polytechniciennes de la promotion 2011.

Il s’ag­it de démon­ter les clichés selon lesquels l’X n’est pas faite pour les filles.

L’ar­mée, ce n’est pas pour les filles — La Recherche, c’est un monde d’hommes — La vie asso­cia­tive ne laisse pas de place aux femmes — Le sport, c’est pour les hommes — Les X ne font rien pour la mixité

Dans l’or­dre : Lau­re SAINFORT, Élise MICHON, Cécile DEFFORGE, Inès CHEAIB, Mar­guerite GRAVELEAU, Con­stance DEPERROIS, Sara-Fleur SULTAN

Dans l’or­dre : Lau­re SAINFORT, Élise MICHON, Cécile DEFFORGE, Inès CHEAIB, Mar­guerite GRAVELEAU, Con­stance DEPERROIS, Sara-Fleur SULTAN

Malgré les dif­fi­cultés, les poly­tech­ni­ci­ennes relèvent les défis et sai­sis­sent les oppor­tu­nités offertes par l’École. Elles ont con­science du chemin qu’il reste à par­courir pour la mix­ité et s’investissent, dans leurs pro­mo­tions, pour faire avancer l’École par des propo­si­tions con­crètes et leurs témoignages envers les plus jeunes.

Elles démon­tent un par un les clichés selon lesquels l’X n’est pas faite pour les filles.

“ L’ARMÉE, CE N’EST PAS POUR LES FILLES ”

La sco­lar­ité poly­tech­ni­ci­enne com­mence par une for­ma­tion mil­i­taire, à la suite de laque­lle chaque élève effectue un stage de for­ma­tion humaine et mil­i­taire. Depuis mon inté­gra­tion, il y a qua­tre ans, j’ai eu une expéri­ence très pos­i­tive de l’armée.

Venue d’une petite pré­pa avec peu d’admis à l’École poly­tech­nique, j’ai noué mes pre­miers liens avec des cama­rades grâce aux défis de la for­ma­tion mil­i­taire. Avec un stage dans l’armée de terre, j’ai plongé pen­dant huit mois dans un univers par­faite­ment inconnu.

Plus tard, j’ai côtoyé des mil­i­taires au quo­ti­di­en sur le cam­pus, et j’ai finale­ment décidé de devenir ingénieure de l’Armement.

Alors oui, j’ai ressen­ti une cer­taine appréhen­sion au début de mon stage mil­i­taire : com­ment m’affirmer et me faire respecter dans ce milieu d’hommes ? Je le sais main­tenant, cela peut être une force : les mil­i­taires sont tou­jours ent­hou­si­astes de voir des gens s’intéresser à leur tra­vail et pro­pos­er de don­ner un coup de main.

Avec un brin de jugeote et une forte volon­té d’intégration, mais sans jamais se laiss­er marcher sur les pieds, le monde mil­i­taire paraît tout à coup beau­coup plus acces­si­ble aux filles. À tel point que j’ai choisi d’y rester encore quelques années.

Lau­re Sainfort

“ LA RECHERCHE, C’EST UN MONDE D’HOMMES ”

L’X est une école sci­en­tifique, avec un pan­el de cours allant des maths à la biolo­gie, en pas­sant par les sci­ences sociales et la physique.

L’École pousse vers la recherche, vers les ques­tions sci­en­tifiques de haut niveau, avec l’honorable objec­tif de faire avancer la con­nais­sance. Si la majorité des pro­fesseurs sont des hommes, la par­ité fait son chemin dans le monde académique , où de plus en plus de jeunes femmes trou­vent leur place.

Plutôt que de tra­vailler sur l’égalité du nom­bre de chercheuses et de chercheurs, il faut faire con­naître les dif­férents domaines sci­en­tifiques, pour que chaque futur chercheur ou future chercheuse décou­vre sa passion.

Je suis ain­si passée par les math­é­ma­tiques, les sys­tèmes com­plex­es, avant de décou­vrir la psy­cholin­guis­tique, dis­ci­pline étu­di­ant par l’expérience l’apprentissage et le traite­ment du lan­gage chez l’être humain.

Si le domaine peut sem­bler plus « féminin » que les précé­dents, notam­ment par la présence d’expérimentation chez l’enfant, il fait en réal­ité tra­vailler en coopéra­tion mod­élisatri­ces et mod­élisa­teurs, expéri­men­ta­teurs et expérimentatrices.

Élise Michon

“ LA VIE ASSOCIATIVE NE LAISSE PAS DE PLACE AUX FILLES ”

La vie asso­cia­tive est par­ti­c­ulière­ment dévelop­pée à l’X avec plus de 200 binets, des asso­ci­a­tions étu­di­antes. À la Kès – le bureau des élèves – et dans les binets, les filles ne sont pas en reste. Certes, des dif­férences de goûts ou d’intérêts ren­dent cer­tains binets plus mas­culins et d’autres plus féminins.

Cepen­dant, les filles s’investissent autant que les garçons dans la vie asso­cia­tive à l’X et n’hésitent pas à pren­dre des postes à responsabilités.

Chez X‑Forum, le plus gros binet de l’École, l’équipe organ­isatrice comp­tait 50 % de filles pour organ­is­er le forum de ren­con­tre avec plus d’une cen­taine d’intervenants : entre­pris­es, uni­ver­sités, écoles, start-ups, etc.

Une preuve que les poly­tech­ni­ci­ennes s’investissent pour leur inser­tion pro­fes­sion­nelle et celle de leurs cama­rades. De quoi démys­ti­fi­er entière­ment le pas­sage de la vie étu­di­ante à la vie professionnelle.

À ma con­nais­sance, il n’y a pas de dis­crim­i­na­tion, ni pos­i­tive, ni néga­tive, à l’égard des filles lors de la con­sti­tu­tion des binets ; tout est fondé sur la moti­va­tion. L’investissement dans un binet est sou­vent une belle expéri­ence de tra­vail d’équipe per­me­t­tant de réalis­er que la mix­ité est une source de richesse et de force.

Il y a fort à pari­er que nous nous en sou­vien­drons dans la con­sti­tu­tion de nos futurs groupes de travail.

Cécile Def­forge
Inès Cheaib

“ LE SPORT, C’EST POUR LES HOMMES ”

Si l’X met la for­ma­tion sportive au cœur des deux années passées sur le cam­pus, ce n’est cer­taine­ment pas à grands coups de pom­pes et tractions.

À l’intégration, chaque élève choisit un sport pour deux ans. L’offre est vaste : sports col­lec­tifs, de com­bat, de raque­tte ou indi­vidu­els, il y en a pour tous les goûts. J’ai choisi le vol­ley, que je pra­ti­quais déjà un peu en prépa.

Le choix n’est pas anodin, puisque les élèves en font six heures par semaine et sont répar­tis dans les dif­férents bâti­ments par sport. Cepen­dant, nul besoin d’être un as en hand­ball ou en escrime en arrivant.

Le sport à l’X, même s’il est pra­tiqué en com­péti­tion, n’est pas cen­tré sur le niveau, mais vise à créer des liens autour d’une équipe partageant un intérêt. En vol­ley comme ailleurs, les équipes féminines et mas­cu­lines ne man­quent pas de venir se soutenir mutuelle­ment lors des matchs, et surtout de fêter les victoires.

Loin de mar­gin­alis­er les filles, le sport est un puis­sant vecteur d’intégration, créa­teur de sit­u­a­tions intens­es en émo­tions. Mes meilleurs sou­venirs du cam­pus ? Ceux de ma sec­tion sportive.

Mar­guerite Graveleau

“ LES X NE FONT RIEN POUR LA MIXITÉ ”

Dans les médias ou sur les réseaux soci­aux, l’X con­cen­tre les cri­tiques sur la mix­ité. Le pour­cent­age de filles et de bour­siers au sein des écoles d’ingénieurs est le reflet de celui des class­es pré­para­toires. Des efforts méri­tent donc d’être accom­plis en amont.

De nom­breux pro­jets sont con­duits par les élèves pour pro­mou­voir l’égalité des chances dès le col­lège en lien avec de nom­breuses asso­ci­a­tions partenaires.

En par­ti­c­uli­er, les poly­tech­ni­ci­ennes de la pro­mo­tion 2011 ont mis en place des actions de par­rainage et de finance­ment pour encour­ager les élèves plus mod­estes au début de leurs études supérieures, en lien avec l’institut Ville­bon Georges- Charpak.

Filles et garçons, toutes et tous sont con­cernés par la mix­ité et peu­vent s’investir et accom­pa­g­n­er les plus jeunes.

Cer­taines ini­tia­tives cherchent à pro­mou­voir les études sci­en­tifiques spé­ci­fique­ment auprès des jeunes filles. Ain­si, des groupes de poly­tech­ni­ci­ennes se sont déplacés directe­ment dans plusieurs lycées et pré­pas afin de ren­con­tr­er des étu­di­antes. Répon­dre à leurs ques­tions et mon­tr­er que nous sommes épanouies dans nos écoles leur per­met de vis­er plus haut.

Con­stance Deperrois
Sara-Fleur Sultan

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