LA SEXUALITÉ

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°662 Février 2011Par : Bruno Grange (56) et Alain de La MorandaisRédacteur : Olivier Florant (HEC 66), conseiller conjugal, sexologue, théologienEditeur : Éditions du Signe - 2010 - 1, rue Alfred Kastler, Eckbolsheim, BP 94, 67038 Strasbourg Cedex 2. Tél. : 03.88.78.91.91.

Ce livre, écrit en fait par Bruno Grange, licen­cié en théolo­gie, ce qui n’est pas mon­naie courante chez les poly­tech­ni­ciens, est le fruit d’un dia­logue avec le Père de La Morandais, prêtre catholique, doc­teur en théolo­gie morale et en his­toire, inter­locu­teur de référence dans les médias pour les sujets touchant la religion.

Couverture du livre : La sexualité Chemin vers DieuLe livre se situe dans la lignée de ceux du Père Sonet (con­seiller au Cler, pour qui le plaisir est le ciment d’un cou­ple durable) et de cer­tains Pères de l’Église. Il se démar­que, par con­tre, claire­ment du courant de pen­sée, qui, venant d’autres Pères de l’Église, et de saint Augustin en par­ti­c­uli­er, a sévi pen­dant des siè­cles, liant notam­ment sex­u­al­ité et péché, affichant la supéri­or­ité de l’homme sur la femme, et de la vir­ginité sur le mariage, autant de con­tre­sens dénon­cés au début de l’ouvrage par rap­port à l’enseignement de Jésus, tel que le rap­por­tent les Évangiles. Au con­traire, le livre présente l’union con­ju­gale, vécue dans l’amour partagé, en ce qu’il exprime et grandit cet amour, comme per­me­t­tant de com­pren­dre et d’approcher Dieu, faisant alors de la sex­u­al­ité un chemin vers Dieu.

Le livre se donne comme objec­tif de nour­rir le dia­logue qui doit tou­jours se pour­suiv­re dans une Église vivante, en jetant un regard plus humain, plus ouvert, sur la vie affec­tive et sex­uelle : sur le mariage d’abord qui prend toute sa sig­ni­fi­ca­tion comme sacre­ment, l’union sex­uelle étant même présen­tée comme un rite de ce sacre­ment ; sur d’autres sujets aus­si qui font débat dans la société, comme la lim­i­ta­tion des nais­sances, l’avortement, les divor­cés remar­iés, l’homosexualité, le mariage des prêtres.

Le livre fait sienne la réflex­ion philosophique et théologique de Jean- Paul II, allant jusqu’à résumer en quelques dizaines de pages les écrits de celui-ci, de plus de 700 pages, sur ce que le pape lui-même a appelé « la théolo­gie du corps » : théolo­gie qui, tout en n’étant rien d’autre qu’une con­tin­u­a­tion de la réflex­ion chré­ti­enne sur l’Incarnation, se présente comme quelque chose de rad­i­cale­ment nou­veau dans la théolo­gie chré­ti­enne et affiche notam­ment que, dans la sex­u­al­ité aus­si, Dieu se révèle. La sex­u­al­ité chemin vers Dieu en somme, bien que le pape n’emploie pas l’expression.

Cepen­dant, si Jean-Paul II s’appuie sur sa « théolo­gie du corps », pour défendre l’encyclique inter­dis­ant aux chré­tiens la con­tra­cep­tion, le livre en déduit, dans une logique dif­férente, que cette ency­clique doit être abrogée. Les argu­ments récipro­ques sont don­nés. Cha­cun pour­ra juger sur pièces. Je ne cacherai pas que, pour ma part, je ne suis pas les auteurs du livre sur ce point, esti­mant que les méth­odes naturelles pré­con­isées par l’Église sont fiables, et qu’une grande richesse est à tir­er par le cou­ple de la pra­tique de l’abstinence.

Le dia­logue est ouvert. Les mis­es en per­spec­tive de l’ouvrage en fer­ont aus­si un bon out­il de réflex­ion pour les débats – intem­porels – sur le divorce ou l’homosexualité. Un livre donc à con­seiller pour ceux qui veu­lent dépass­er les pon­cifs sur la sex­u­al­ité, au moment où la fail­lite des cou­ples (50% de divorces, mais plus des trois quarts chez les dirigeants) mon­tre que l’amour reste un art sacré, mais difficile.

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