La ruée vers l’intelligence

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°687 Septembre 2013Par : Stéphane MARCHAND (80)Rédacteur : Bernard ESAMBERT (54)Editeur : Paris – Librairie Fayard – 2012 – 13, rue du Montparnasse, 75006 Paris. Tél. : 01 45 49 82 00

On connaît le bon­heur d’écriture de notre cama­rade Sté­phane Mar­chand. Il l’applique cette fois à l’intelligence – enten­dez la recherche scien­ti­fique –, fac­teur essen­tiel de déve­lop­pe­ment des nations dans la com­pé­ti­tion éco­no­mique mondiale.

Livre : La ruée vers l'intelligence par Stéphane MarchandLa guerre pour dis­po­ser des meilleurs cer­veaux, soit en les for­mant, soit en les atti­rant, est déclen­chée. Par­tout uni­ver­si­tés, labo­ra­toires (les deux sont main­te­nant le plus sou­vent liés), orga­nismes de recherches se livrent un com­bat sans mer­ci mesu­ré par les publi­ca­tions scien­ti­fiques, la reprise de ces publi­ca­tions, les dépôts de bre­vets et la créa­tion de start-up au sort incer­tain, sauf pour la frac­tion d’entre elles qui rend dis­po­nible une nou­velle technologie.

Recherche fon­da­men­tale et recherche appli­quée s’adossent et débouchent sur des bonds d’intelligence lorsque la liber­té de cher­cher (le « pen­ser à côté » d’Einstein) et la rigueur (l’excellence jugée par les grands pairs) sont au rendez-vous.

Dans une pre­mière par­tie, l’auteur passe en revue les batailles de l’intelligence en astro­phy­sique, neu­ros­ciences (là où on étu­die l’intelligence de l’intelligence), ima­ge­rie médi­cale, mathé­ma­tiques qui uti­lisent les théo­ries les plus anciennes aus­si bien que les plus modernes (frac­tales, chaos) pour faci­li­ter le décryp­tage du génome ou la pré­ven­tion des crises d’épilepsie, le sto­ckage de l’électricité, etc.

Dans une seconde par­tie, il dresse le tableau de la géo­po­li­tique de l’intelligence. Les pays occi­den­taux, et sin­gu­liè­re­ment les États-Unis, y ont long­temps tenu la corde grâce à leurs sys­tèmes d’enseignement supé­rieur, et les uni­ver­si­tés et labo­ra­toires amé­ri­cains demeurent la plus for­mi­dable place forte dans cette bataille dont jailli­ront les inno­va­tions d’aprèsdemain.

Mais désor­mais le monde émergent, et tout par­ti­cu­liè­re­ment la Chine, fait sen­tir son désir de par­ti­ci­per à la conquête du savoir et des tech­no­lo­gies. L’auteur brosse le por­trait des cher­cheurs les plus en vue dans les labo­ra­toires de pointe de notre pla­nète. Et il les trouve éga­le­ment dans les pays arabes, armés de leurs pétro­dol­lars, aus­si bien que dans de petits pays comme Israël, la Suisse et Singapour.

L’Europe n’est pas trop mal pla­cée, avec une prime à la Grande-Bre­tagne en biologie.

Les chiffres de la France ne sont « ni glo­rieux, ni hon­teux ». Avec les défauts d’un vieux pays de recherche dans lequel ont pros­pé­ré une accu­mu­la­tion de niveaux de contrôle et un sys­tème uni­ver­si­taire en pleine évo­lu­tion, elle reste une puis­sance en matière de recherche, et ses cher­cheurs sont cour­ti­sés dans le monde entier.

Quant à l’Inde, elle fini­ra par mon­ter dans le train de l’excellence scien­ti­fique qui va per­mettre à la Chine de don­ner à son gigan­tesque ate­lier indus­triel un nou­vel élan par la recherche.

Ain­si se déve­loppe la guerre pour les cer­veaux, nou­vel enjeu de com­pé­ti­tion entre les nations. La mon­dia­li­sa­tion a fait de l’intelligence le grand levier de la com­pé­ti­ti­vi­té, et c’est désor­mais la géo­po­li­tique de l’intelligence qui va aiman­ter le monde.

Qu’il s’agisse des nano­tech­no­lo­gies, des bio­tech­no­lo­gies, des tech­no­lo­gies de l’information, des sciences cog­ni­tives, du cos­mos ou de la quête d’une bat­te­rie effi­cace pour la voi­ture élec­trique, Sté­phane Mar­chand nous fait péné­trer au cœur des archi­pels d’intelligence qui construisent notre avenir.

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