La Loi du désordre

La Loi du désordre

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°780 Décembre 2022Par : Philippe Hayat (X85)Rédacteur : Bernard Dubois (X64)Editeur : Éditions Calmann-Lévy, août 2022

La loi du désordre, un titre bien sévère pour un roman très agréable à lire car très bien écrit et rem­pli de réfé­rences lyriques aux arts. Dans ce troi­sième roman, Phi­lippe Hayat, par ailleurs bien connu comme entre­pre­neur enga­gé, a choi­si de faire se ren­con­trer la grande et la petite his­toires pen­dant la période courte du 12 juillet au 15 sep­tembre 1914. 

Le monde passe de l’insouciance et de l’espoir du main­tien de la paix au bas­cu­le­ment bru­tal dans la Grande Guerre, dont les toutes pre­mières semaines jusqu’à la bataille de la Marne ont été ter­ri­ble­ment meur­trières. La famille Rou­gier vit bour­geoi­se­ment à Senonches en Eure-et-Loire : Ful­bert le père, indus­triel auto­crate, froid et sévère ; Vita­lie la mère sou­mise et dés­œu­vrée ; Charles le fils fra­gile contra­rié dans ses rêves de voyage et de lit­té­ra­ture par son père qui le force dure­ment à le suivre dans ses affaires ; et enfin Jeanne sa sœur, l’héroïne forte de carac­tère et douée.

Jeanne rom­pra avec sa famille et avec les conven­tions de l’époque pour pour­suivre des études brillantes et s’engager der­rière Jau­rès qu’elle admire. Décou­pé comme un jour­nal, le livre nous rend témoins de l’hébétement qui gagne Jeanne. Elle voit s’effondrer tous ses espoirs de vie heu­reuse avec un ami étu­diant dans un monde en paix. Très atta­chée à son frère, elle s’engagera au front comme infir­mière pour le retrou­ver et ten­ter de le sau­ver de cet enfer, en le rame­nant à l’arrière pour une mis­sion civique de défense natio­nale dans l’usine de son père.

L’horreur crue de la vie sous les obus n’empêche pas la poé­sie et la musique et les beaux sen­ti­ments d’avoir leur place, comme une réac­tion au désordre. 

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