Fernand de Montessus de Ballore (1851 — 1923)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°708 Octobre 2015Par : Jean-Paul POIRIERRédacteur : Maurice BERNARD (48)Editeur : Hermann éditions – 2015 – 6, rue Labrouste, 75015 Paris. Tél. : 01 45 57 45 40.

Fernand de Montes­sus de Bal­lore, né en Saône-et-Loire, issu d’une famille aris­to­cra­tique de Bour­gogne, entre à l’École poly­tech­nique, avec la pro­mo­tion 1871. Il mène une dou­ble car­rière, mil­i­taire et scientifique.

Cette biogra­phie cap­ti­vante est due à un sci­en­tifique émérite de l’Institut de physique du globe qui a eu la belle curiosité de chercher à com­pren­dre com­ment le par­cours dans l’artillerie du comte de Montes­sus ne l’empêcha pas de devenir le fon­da­teur mon­di­ale­ment recon­nu de la sismologie.

Aujourd’hui la tec­tonique des plaques four­nit le con­cept adéquat pour com­pren­dre le trem­ble­ment de terre. La croûte ter­restre est for­mée de cinq ou six plaques rocheuses sur lesquelles reposent con­ti­nents et océans. Elles flot­tent sur un mag­ma de roches en fusion, tout en se frot­tant énergique­ment ou en se chevauchant à leurs limites.

Là où ont lieu ces affron­te­ments, des accu­mu­la­tions de ten­sions se pro­duisent. Plus ou moins rapi­de­ment en résul­tent des frac­tures internes qui per­me­t­tent à ces ten­sions de se relâch­er brutalement.

Autre­fois, notam­ment au XIXe siè­cle, les caus­es des trem­ble­ments de terre n’étaient pas con­nues. Depuis Aris­tote, les caus­es les plus divers­es étaient invo­quées : tem­pêtes des vents enfer­més sous la croûte ter­restre, colère des dieux infer­naux, épisodes météorologiques, vol­can­isme, marées, etc. À la fin du XIXe et au début du XXe l’étude raison­née d’innombrables don­nées sis­mologiques dans laque­lle Fer­nand de Montes­sus joue un rôle essen­tiel ouvre la voie à la tec­tonique des plaques.

En affec­ta­tion à Cler­mont-Fer­rand, le jeune lieu­tenant d’artillerie com­mence à s’intéresser aux sci­ences de la terre, mais ce qui devien­dra sa pas­sion pour la com­préhen­sion des trem­ble­ments de terre résul­tera d’un séjour de trois ans qu’il fera en Amérique cen­trale où il est détaché hors cadre auprès de l’armée du Salvador.

Sa mise à la retraite, en 1907, lui per­met d’accepter, au Chili, un poste pres­tigieux et lucratif à San­ti­a­go où il fonde un insti­tut qui, aujourd’hui encore, con­serve pieuse­ment la mémoire du comte de Montessus.

Le des­tin de ce poly­tech­ni­cien, d’abord obscur offici­er d’artillerie, devenu le fon­da­teur mon­di­ale­ment recon­nu de la sis­molo­gie, me con­duit à m’interroger sur la société française du XIXe et sur la for­ma­tion des élites dans notre société.

Certes, au XIXe, les jeunes Français doués pour les sci­ences sont sou­vent poly­tech­ni­ciens. Et vers 1870 il est alors usuel pour eux de devenir artilleurs. Ensuite leur des­tin dépen­dra d’un mix com­plexe entre les cir­con­stances et leur flamme intérieure, la pas­sion sans laque­lle il n’est rien.

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