La finance : un monde riche en opportunités et résolument tourné vers l’avenir

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°777 Septembre 2022
Par Charlotte DENNERY (X85)

Le monde de la finance est en per­pétuel mou­ve­ment et offre des oppor­tu­nités d’évolution et des mobil­ités divers­es. Dans cet entre­tien, Char­lotte Den­nery (X85) revient sur les moments forts de sa car­rière, ain­si que sur son poste actuel de Direc­trice Générale de BNP Paribas Per­son­al Finance.

Vous avez commencé votre carrière dans la fonction publique avant de rejoindre BNP Paribas, un groupe dans lequel vous évoluez depuis 2001. Quelles sont les étapes les plus marquantes de votre parcours ?

À ma sor­tie de l’École poly­tech­nique, j’ai choisi de rejoin­dre le corps de l’INSEE au départe­ment de la con­jonc­ture dans la divi­sion des comptes trimestriels de la Nation. J’ai très vite eu des respon­s­abil­ités impor­tantes, d’abord en tant qu’adjointe au chef de divi­sion, puis en tant que cheffe de divi­sion, où j’ai été amenée à diriger l’ensemble des équipes qui élab­o­raient et pub­li­aient les chiffres du Pro­duit Nation­al Brut Trimestriel alors que je n’avais que 25 ans. 

Deux ans après, j’ai rejoint la direc­tion du bud­get où j’ai occupé plusieurs postes extrême­ment enrichissants et for­ma­teurs. Cela m’a par ailleurs amenée à m’intéresser à des prob­lé­ma­tiques divers­es et var­iées comme le finance­ment de la pro­tec­tion sociale, les comptes de la caisse d’allocation famil­iale, le finance­ment de l’Agence des comptes des Organ­ismes de Sécu­rité Sociale (ACOSS)… Je me suis par la suite ori­en­tée vers le finance­ment des col­lec­tiv­ités locales puis les crédits du min­istère de l’Intérieur, avant de pren­dre en charge le bureau du suivi de la poli­tique salar­i­ale dans la fonc­tion publique.

Tous ces postes et cette expéri­ence de Haut Fonc­tion­naire m’ont per­mis d’avoir un périmètre d’action très large et des con­tacts impor­tants, notam­ment avec le Par­lement et les dif­férents ministères. 

“Je pense que les choses ont changé de manière favorable depuis plusieurs années même si je trouve que l’évolution dans les métiers de la finance se fait beaucoup plus lentement que dans l’industrie.”

Après 10 ans dans la fonc­tion publique, j’ai sen­ti le besoin de chang­er et j’ai donc choisi de faire le grand saut dans le privé. Ain­si, j’ai rejoint BNP Paribas en juin 2001, un groupe qui m’a don­né la chance d’évoluer dans plusieurs postes et métiers, aus­si bien en France qu’à l’étranger (Lire : Plus de vingt ans de car­rière dans la finance).

J’ai inté­gré le groupe en tant que Respon­s­able de la stratégie et du développe­ment de la banque de finance­ment et d’investissement en France. Je suis ensuite par­tie à New York pour une mis­sion de stratégie et de développe­ment du groupe sur le marché améri­cain. En 2004, je suis rev­enue en France en tant que CFO et Respon­s­able de la ges­tion d’actifs de Cardif la fil­iale assur­ance de BNP Paribas, puis comme Chief Oper­at­ing Offi­cer de la par­tie ges­tion d’actifs BNP Paribas Asset Man­age­ment. Cinq ans plus tard, j’ai pris la respon­s­abil­ité de Direc­trice Générale de BNP Paribas Leas­ing Solu­tions et en 2021, j’ai été nom­mée à la tête de BNP Paribas Per­son­al Finance, la fil­iale spé­cial­isée dans le crédit à la con­som­ma­tion, et mem­bre du Comité Exé­cu­tif du Groupe BNP Paribas. Mon par­cours chez BNP Paribas a été ponc­tué de mobil­ités. Étant de nature très curieuse, cela répondait par­faite­ment à ma quête con­stante de nou­veaux chal­lenges intel­lectuels et man­agéri­aux. J’y ai aus­si eu l’opportunité de men­er une mis­sion à l’international, ce qui a été très favor­able à ma car­rière et m’a ouvert des per­spec­tives dif­férentes dans un con­texte multiculturel.

Vous avez été nommée en mai 2021 Administratrice Directrice Générale de BNP Paribas Personal Finance. Pouvez-vous nous présenter cette entité ?

BNP Paribas Per­son­al Finance c’est la struc­ture juridique qui cha­peaute la total­ité des entités de crédit à la con­som­ma­tion dans le groupe. Cela représente 20 000 col­lab­o­ra­teurs, implan­tés dans 30 pays notam­ment en Europe, au UK, en Turquie, en Afrique, en Amérique latine et en Chine. Nous faisons à la fois du B2C et aus­si du B2B au tra­vers de nos parte­naires dis­trib­u­teurs comme Con­fora­ma, BUT, Maisons du Monde… de grands acteurs de l’énergie comme EDF ou de grands acteurs de la vente comme Apple.

Comment se porte le marché du crédit à la consommation aujourd’hui ?

C’est une activ­ité qui con­naît plusieurs tur­bu­lences et qui a beau­coup souf­fert ces dernières années notam­ment du fait de la crise san­i­taire, qui a con­sid­érable­ment impacté la pro­duc­tion de crédits à la con­som­ma­tion, et induit une perte sur les années suiv­antes. Le rebond de con­som­ma­tion qui était atten­du pour 2022 n’a finale­ment pas eu lieu du fait du con­flit rus­so-ukrainien qui a généré une hausse spec­tac­u­laire des prix de l’énergie et de la crise de la sup­ply chain qui a con­duit à un ralen­tisse­ment sig­ni­fi­catif de pro­duc­tion, et donc de la con­som­ma­tion. En par­al­lèle, c’est un marché qui a aus­si été con­fron­té à la hausse sig­ni­fica­tive des taux d’intérêt. Cela nous a poussés à réduire nos marges pour que cette hausse ne se réper­cute que par­tielle­ment sur nos clients. 

Face à cela, BNP Paribas Per­son­al Finance diver­si­fie son offre pour pro­pos­er des solu­tions encore plus dif­féren­ciantes. Nous avons notam­ment fait l’acquisition d’une entité spé­cial­isée dans le paiement frac­tion­né pour per­me­t­tre à nos clients d’avoir ce mode de paiement alter­natif au crédit à la con­som­ma­tion. Nous avons aus­si dévelop­pé plusieurs parte­nar­i­ats avec les con­struc­teurs auto­mo­biles autour du crédit auto.

Quels sont dans ce contexte vos principaux challenges ?

Le prin­ci­pal défi est d’arriver à main­tenir la prof­itabil­ité de l’entreprise et notre capac­ité à servir nos clients et parte­naires, dans un con­texte de marges sous pres­sion, et de boule­verse­ments macroé­conomiques majeurs, tout en con­tin­u­ant à répon­dre aux injonc­tions et aux con­traintes réglementaires.

Votre objectif est d’ailleurs de piloter la transformation du métier en assurant son impact positif dans l’économie réelle tout en prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux. Qu’en est-il ? et comment y contribuez-vous ?

Assur­er un impact posi­tif s’inscrit au cœur de la rai­son d’être du groupe : Con­tribuer à une économie respon­s­able et durable en finançant et en con­seil­lant nos clients de manière éthique.

Nous cher­chons à tra­vers un cer­tain nom­bre d’offres à encour­ager les con­som­ma­teurs à aller davan­tage vers des pro­duits durables comme les voitures électriques.

Nous pro­posons aus­si des solu­tions de finance­ment pour la réno­va­tion énergé­tique de l’habitat. Au-delà, nous avons égale­ment des pro­duits adap­tés aux publics les plus mod­estes et aux revenus limités. 

Au tra­vers de ces offres, nous nous atta­chons à répon­dre à la fois aux enjeux envi­ron­nemen­taux de réduc­tion de l’empreinte car­bone, mais aus­si socié­taux en étant encore plus inclusifs.

En tant que femme dirigeante, quel regard portez-vous sur la mixité et la parité dans votre secteur et au sein de BNP Paribas ? Comment la place des femmes a‑t-elle évolué au fil des ans ?

Je pense que les choses ont changé de manière favor­able depuis plusieurs années même si je trou­ve que l’évolution dans les métiers de la finance se fait beau­coup plus lente­ment que dans l’industrie.

Au niveau de BNP Paribas, les dirigeants ont déployé beau­coup d’efforts pour aug­menter la part des femmes dans les instances dirigeantes et dans toutes les strates de l’entreprise. La dernière évo­lu­tion majeure et très mar­quante est celle opérée par notre DG Jean-Lau­rent Bon­nafé (X81) l’année dernière, qui a fait en sorte d’avoir 30 % de femmes au comité exé­cu­tif de BNP Paribas.

Quel message adresseriez-vous aux jeunes qui voudraient s’orienter vers les métiers de la finance ? 

On a sou­vent ten­dance à croire que la finance est un monde très uni­forme. De par mon expéri­ence per­son­nelle et les dif­férents postes que j’ai occupés, je peux vous con­firmer que c’est un secteur très riche en oppor­tu­nités, en per­pétuelle trans­for­ma­tion et résol­u­ment tourné vers l’avenir.

C’est aus­si un domaine dans lequel on ne pour­ra pas s’ennuyer, et ce, de par la diver­sité des métiers, des implan­ta­tions géo­graphiques, des cul­tures et de la richesse des ren­con­tres que l’on fait avec des per­son­nes de très haut niveau.

Poster un commentaire