La caisse de solidarité de l’AX : un outil souple et efficace

Dossier : SolidaritéMagazine N°705 Mai 2015
Par Michel HUET (67)
Par Yves STIERLÉ (65)

Les actions de sol­i­dar­ité ont représen­té, en 2014, 47 % du mon­tant des coti­sa­tions perçues par l’AX. Ce chiffre cor­re­spond à une con­stante actée depuis la fusion entre l’AX et la Caisse. Cela représente seule­ment 19 % du mon­tant total des pro­duits si l’on inclut l’Annuaire, La Jaune et la Rouge et le Bal de l’X, dont les béné­fices éventuels revi­en­nent à la Caisse.

Une activité essentielle de l’AX

Trois per­son­nes tra­vail­lent au sein de l’équipe des per­ma­nents de l’AX à temps par­tiel : le délégué général adjoint, une assis­tante sociale et une assis­tante de direc­tion, aux­quels il faut ajouter 50 % de l’activité du Bureau des carrières.

Au-delà des chiffres, rap­pelons que l’aide n’est pas tou­jours et n’est jamais seule­ment finan­cière. Le temps con­sacré au dia­logue, à recon­stru­ire l’estime que cha­cun a de soi, à main­tenir la dig­nité de celui qui souf­fre est encore plus essen­tiel et n’a pas de prix.

REPÈRES

En 2014, 200 dossiers étaient cours, avec 27 nouveaux dossiers dans l’année. Ces chiffres sont assez stables globalement mais ils cachent des évolutions importantes qui varient selon les catégories de personnes aidées.
La charge totale pour l’AX a été en 2014 de 560 000 euros. Les dépenses couvrent des secours sous forme de dons à hauteur de 115 000 euros. L’encours de prêts était de 2 060 000 euros, dont plus de la moitié était provisionnée, avec une croissance significative (+ 311 000 euros) de cette provision de 2014 par rapport à 2013.

Le nouveau visage de la solidarité

Il est légitime de se deman­der à quoi sert aujourd’hui la Caisse de sol­i­dar­ité. Les asso­ci­a­tions d’alumni améri­caines, pour­tant très rich­es, ne pra­tiquent pas de telles aides. Rares aus­si sont les autres asso­ci­a­tions d’élèves de grandes écoles français­es qui le font, et c’est alors à beau­coup plus petite échelle. En revanche, elles sont nom­breuses aujourd’hui à se pos­er la ques­tion et elles nous consultent.

“ L’aide n’est pas toujours et n’est jamais seulement financière ”

La France est glob­ale­ment riche d’un sys­tème de pro­tec­tion sociale. Le but n’est pas ici de dis­cuter de son effi­cac­ité, mais d’en con­stater l’existence avec à la base un principe égal­i­taire. De très nom­breuses asso­ci­a­tions com­plè­tent ce dispositif.

Alors pourquoi faire plus à des­ti­na­tion d’une com­mu­nauté dont la très grande majorité des mem­bres sont plutôt bien lotis, cer­tains diraient même nan­tis, ce qu’ils doivent certes à leur mérite et à leur talent ?

D’abord, comme dans tout ensem­ble de quelques mil­liers de per­son­nes (de fait, plus de 20 000 anciens, soit près de 100 000 per­son­nes avec leur famille), il y a néces­saire­ment un lot « d’accidentés de la vie ».

Ce chiffre est incon­nu : il est prob­a­ble­ment un ordre de grandeur en dessous de la moyenne nationale et un ordre de grandeur au-dessus du nom­bre de dossiers d’aides de l’AX.

Un geste naturel

DE NOMBREUX BESOINS

Longues et graves maladies, handicaps, décès laissant conjoints et enfants en situation précaire frappent nos membres comme les autres. Il y a aussi ceux qui se sont mis dans des situations difficiles conduisant rapidement à l’exclusion, ceux-là aussi méritent qu’on les aide à se reconstruire sans porter de jugement, en fermant la parenthèse du passé et en recréant les conditions d’un avenir meilleur.
À cela s’ajoutent avec la crise actuelle et plus généralement, avec la fin de l’emploi à vie, de plus en plus de camarades qui connaissent le chômage et le chômage de longue durée.

Que ceux qui sont dans une sit­u­a­tion con­fort­able, et c’est le cas de la grande majorité d’entre nous, ten­dent la main à ceux et à leurs proches pour qui les cir­con­stances n’ont pas été, ont cessé, tem­po­raire­ment ou non, de leur être favor­ables, alors que sur les bancs de la même école entre dix-huit et vingt ans ils pou­vaient tous pré­ten­dre réus­sir leur avenir, sem­ble assez naturel.

D’autant qu’il s’agit de com­pléter les aides aux­quelles ils ont droit en tant que citoyens en ne faisant appel qu’à la seule générosité de notre asso­ci­a­tion. Et dans la péri­ode actuelle, force est de con­stater que nos mem­bres ne sont pas tous épargnés par la crise économique.

Bien sûr, cha­cun doit d’abord penser à ceux qui lui sont encore plus proches. Il y a aus­si quelques mil­liards de per­son­nes qui ont encore plus besoin d’aide dans le monde, dont quelques mil­lions en France. Là aus­si, nous pou­vons et devons faire quelque chose. Il y a pour beau­coup un choix personnel.

“ Force est de constater que nos membres ne sont pas tous épargnés par la crise économique ”

La sol­i­dar­ité com­mence à notre porte, et même dans notre foy­er ou notre famille. Il ne s’agit pas d’exclure ces autres formes de sol­i­dar­ité, mais d’agir aus­si au sein de notre com­mu­nauté. La con­tri­bu­tion annuelle à la Caisse de sol­i­dar­ité, via votre coti­sa­tion à l’AX, que tous les mem­bres en soient remer­ciés, reste somme toute assez mod­este et tout à fait égal­i­taire, si l’on met de côté les quelques dons généreux que nous recevons. Et ce qui est fait grâce aux mem­bres est déjà beaucoup.

Aider les mem­bres de notre com­mu­nauté, nous pou­vons le faire et c’est tou­jours d’actualité.

Trois types d’aide

La Caisse de sol­i­dar­ité, pour qui ? De fait, chaque cas est un cas par­ti­c­uli­er qui néces­site une approche per­son­nal­isée et toute ten­ta­tive de classe­ment est réduc­trice. Pour bien saisir l’évolution de notre activ­ité, il est toute­fois utile de dis­tinguer trois caté­gories de per­son­nes aidées.

Aider les mem­bres de notre com­mu­nauté, nous pou­vons le faire et c’est tou­jours d’actualité. © FOTOLIA

Tout d’abord, les cas clas­siques con­stituent notre activ­ité prin­ci­pale depuis des décen­nies : les décès lais­sant une famille dému­nie, les vieil­less­es entraî­nant des pertes d’autonomie, les mal­adies de longue durée par­fois hand­i­ca­pantes, dont les trou­bles men­taux, et aus­si les sépa­ra­tions de cou­ples lais­sant un ex-con­joint et des enfants en sit­u­a­tion pécu­ni­aire à la lim­ite de la pauvreté.

Dans tous les cas, nous nous assurons que toutes les aides publiques ont été cor­recte­ment util­isées et que la sol­i­dar­ité famil­iale a bien joué son rôle. Nous aidons les enfants dans leurs études de façon à ce que la sit­u­a­tion de leurs par­ents ne les pénalise pas.

Il nous arrive, dans de rares cas, d’aider aus­si des petits-enfants dans le cas où la sit­u­a­tion des enfants est égale­ment très dif­fi­cile (hand­i­capés eux-mêmes, par exem­ple). Il y a aus­si cer­tains de nos cama­rades qui se sont mis, et cela par­fois volon­taire­ment, en marge de la société.

La plu­part ne deman­dent pas à être aidés, mais qu’ils sachent que nous répon­drons néan­moins présent si leur sit­u­a­tion devient pour eux insup­port­able. À not­er, pour par­ler d’évolution, qu’heureusement les cas de veuves ou orphe­lins de guerre n’existent plus, alors qu’ils ont été très sig­ni­fi­cat­ifs par le passé.

Les jeunes aussi

Emmenagement dans un nouvel appartement
La Caisse de sol­i­dar­ité four­nit des cau­tions de loy­er. © FOTOLIA

En deux­ième lieu, nous aidons les jeunes diplômés : c’est nou­veau et c’est même, en nom­bre de dossiers, la majorité.

Cela est dû à plusieurs fac­teurs : des études plus longues que les qua­tre ans du cur­sus quand un élève n’est plus payé ou n’a plus de bourse et n’est pas encore en mesure de trou­ver une activ­ité rémunérée en par­al­lèle avec la pour­suite de ses études, l’internationalisation de l’École et la plus grande dif­fi­culté à trans­former sans rup­ture un stage en emploi.

Il s’agit, dans ces cas, d’aides rel­a­tive­ment ponctuelles : cau­tion de loy­er, avance d’un bil­let d’avion et de frais d’installation pour un stage rémunéré à l’étranger, court prêt-relais dans l’attente du pre­mier salaire.

Ces aides sont rem­boursées assez rapi­de­ment. Men­tion­nons aus­si l’aide (non finan­cière) qui con­siste à démêler des sit­u­a­tions assez com­plex­es en ter­mes de cartes de séjour. Le souhait de l’AX est que les plus jeunes pensent à ce que nous faisons pour eux quand leur est offerte la pos­si­bil­ité d’adhérer et de cotis­er à l’AX.

Et les moins jeunes

Enfin, il y a le chô­mage des plus de cinquante ans.

“ Des cas peu nombreux mais nécessitant une aide mensuelle d’un niveau élevé ”

C’est nou­veau, et c’est dû à la crise. Il y a un effet retard (pos­si­bil­ité de vivre tem­po­raire­ment sur les indem­nités de licen­ciement, croy­ance qu’il n’y aura pas de dif­fi­culté à retrou­ver rapi­de­ment un emploi). Les cas ne sont pas très nom­breux mais néces­si­tent une aide men­su­elle d’un niveau élevé (surtout avec famille et enfants), et cela sur la durée avec le con­cours du Bureau des car­rières et des cab­i­nets d’outplacement partenaires.

Les prêts que nous faisons sont rem­boursés en fonc­tion des moyens dès le retour à l’emploi et en cas d’existence d’un pat­ri­moine disponible.

Souplesse, réactivité et éthique

TRAVAILLER EN AMONT

Nous travaillons avec l’École et la Fondation pour que la prise en compte des actions en soutien à de jeunes camarades se fasse le plus en amont possible, évitant ainsi de traiter dans l’urgence ce que seule la Caisse de solidarité sait faire.

La ges­tion de la Caisse doit con­cili­er sou­p­lesse, réac­tiv­ité et respect d’une éthique rigoureuse.

Elle est pilotée par un comité de ges­tion de seize mem­bres qui se réu­nit qua­tre fois par an. Le comité de ges­tion définit la poli­tique générale et revoit tous les cas nou­veaux et tous les cas anciens qui ont évolué ou sont difficiles.

Il est prin­ci­pale­ment com­posé de rap­por­teurs qui ont à leur charge deux ou trois cas qu’ils suiv­ent per­son­nelle­ment. Ses mem­bres sont donc proches du ter­rain. Notons qu’un rap­por­teur qui serait choisi pour un seul cas spé­ci­fique ne serait pas néces­saire­ment mem­bre du comité de ges­tion, et, récipro­que­ment, tous les mem­bres du comité de ges­tion n’ont pas néces­saire­ment un cas dont ils s’occupent à un instant don­né (mais ils en tous suivi plusieurs au cours du temps).

Les mem­bres du comité de ges­tion sont approu­vés par le Con­seil d’administration de l’AX. Un prési­dent est nom­mé par ce Con­seil d’administration, dont il est aus­si vice-président.

L’appui des permanents de l’AX

L’équipe per­ma­nente joue un rôle tout à fait essen­tiel. Notre assis­tante, Sylvie Claire­fond, s’assure entre autres que tous les dossiers sont à jour, com­plets et facile­ment acces­si­bles. Elle est à la source de tous les élé­ments de report­ing, en par­ti­c­uli­er financier.

UNE CHARTE POUR ENCADRER L’ACTION

La souplesse d’action ne doit pas se faire aux dépens de la rigueur. Nous avons mis par écrit les règles traditionnelles que nous suivions au travers d’une charte (disponible sur simple demande).
Cette charte est fortement inspirée de celle des assistantes sociales. Nous fournissons un reporting régulier. Toutes nos décisions font l’objet d’écrits et tous les dossiers sont auditables (sous réserve que l’auditeur respecte la confidentialité des données des personnes aidées).

L’assistante sociale, Véronique Mary-Lavergne, apporte toute la com­pé­tence de son méti­er, elle con­naît par­faite­ment toutes les aides, publiques ou non, disponibles par ailleurs, sait les obtenir au tra­vers de rouages admin­is­trat­ifs pas tou­jours sim­ples. Elle sait aus­si (et peut de par son statut) dia­loguer avec les autres assis­tantes sociales con­cernées par le dossier (celle de l’employeur ou de l’hôpital par exem­ple), voire avec les médecins.

Le Bureau des car­rières, prin­ci­pale­ment Nico­las Zarpas en ce qui con­cerne la Caisse, con­seille les jeunes et les moins jeunes en matière de recherche d’emploi et sol­licite, si néces­saire, des cab­i­nets d’outplacement avec lesquels il a dévelop­pé des rela­tions régulières.

Enfin, le délégué général adjoint traite au départ de tous les cas, demande l’intervention d’un rap­por­teur en fonc­tion du dossier et sinon les gère sous sa responsabilité.

“ La simplicité de nos modes de décision nous permet d’être très réactifs ”

Le plus impor­tant est qu’entre tous ceux qui sont con­cernés règne un véri­ta­ble esprit d’équipe, un véri­ta­ble sens de l’échange, grâce notam­ment à la mes­sagerie élec­tron­ique à laque­lle même les plus anciens se sont mis.

Mieux suivre les régions et l’international

Ce qui nous manque le plus, car tout n’est pas par­fait, c’est une véri­ta­ble présence en région, avec des rap­por­teurs locaux. Si l’on va plus loin, c’est aus­si une plus grande capac­ité à suiv­re l’internationalisation des membres.

La taille réduite de l’équipe, la sim­plic­ité de nos modes de déci­sion nous per­me­t­tent d’être à la fois très réac­t­ifs (les sit­u­a­tions sont sou­vent urgentes) et de pou­voir nous adapter en per­ma­nence aux cas qui se présentent.

DES RAPPORTEURS POUR LES CAS IMPORTANTS

Tous les cas importants (par l’enjeu financier, leur aspect humain ou leur complexité) bénéficient d’un rapporteur. Ce rapporteur propose le niveau d’aide qui est approuvé par le comité de gestion, gage de neutralité et d’égalité dans les mesures adoptées.
Le rapporteur a aussi pour mission de développer une relation humaine de qualité avec la personne aidée, ce qui ne veut pas dire sans fermeté parfois. Tous les cas « actifs » sont revus au moins une fois par an avec une analyse détaillée de la situation sur le plan humain comme sur le plan financier (revenus et patrimoine).

Une mission clef de l’AX

La cama­raderie et la sol­i­dar­ité sont une des forces de notre com­mu­nauté. La Caisse de sol­i­dar­ité est sou­ple et effi­cace, adap­tée aux besoins d’aujourd’hui et gérée avec rigueur selon une charte éthique.

Adhér­er à l’AX, c’est con­tribuer à sa mis­sion. Des axes de pro­grès sont tou­jours pos­si­bles : plus de rap­por­teurs dans les régions, plus de femmes dans notre comité de ges­tion, mieux appréhen­der com­ment suiv­re l’internationalisation de l’École. Toutes les bonnes volon­tés sont les bienvenues.

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