Don de chaleur propose d'économiser de l’énergie pour financer des actions de solidarité. © Matthieu Sattler

Don de Chaleur : l’énergie comme bien commun et objet de solidarité

Dossier : Environnement & sociétéMagazine N°779 Novembre 2022
Par Matthieu SATTLER (X16)
Par Laurent FOURNIÉ (X99)

Face à l’actuelle double pro­blé­ma­tique sociale et géo­po­li­tique de l’énergie, Mat­thieu Sat­tler (X16) et Laurent Four­nié (X99) ont lan­cé Don de Cha­leur, un concept ori­gi­nal qui incite à éco­no­mi­ser de l’énergie pour finan­cer des actions de soli­da­ri­té. Cette entre­prise à mis­sion conjugue res­pect de l’environnement, impact éco­no­mique et action solidaire.

Qu’est-ce que Don de Chaleur ?

Mat­thieu Sat­tler et Laurent Four­nié : Don de Cha­leur, c’est une entre­prise à mis­sion qui veut embar­quer un mil­lion de Fran­çais dès cet hiver pour par­ti­ci­per à un défi ori­gi­nal : sou­te­nir des pro­jets soli­daires sans rien débour­ser, sim­ple­ment en éco­no­mi­sant de l’électricité. Vous connais­sez les courses soli­daires : vous cou­rez, et chaque pas que vous faites per­met de récol­ter des dons pour une asso­cia­tion de votre choix. Le Don de Cha­leur, c’est la même chose mais, au lieu de cou­rir, il suf­fit de rele­ver une série de défis pour éco­no­mi­ser l’énergie. Plus les par­ti­ci­pants font d’économies, plus il y a d’actions soli­daires finan­cées. Concrè­te­ment, qui finance la cagnotte ? Nos spon­sors, four­nis­seurs d’énergie et entre­prises sou­hai­tant encou­ra­ger leurs sala­riés à bais­ser leur consom­ma­tion d’énergie. Pour les par­ti­ci­pants, c’est tota­le­ment gra­tuit. Ils doivent sim­ple­ment rem­por­ter des défis d’économie d’électricité.

Pourquoi organiser un défi solidaire cet hiver ?

MS & LF : Tout en éco­no­mi­sant sur leur fac­ture, les par­ti­ci­pants peuvent sou­te­nir simul­ta­né­ment des actions de lutte contre la pré­ca­ri­té éner­gé­tique ou encore de l’aide éner­gé­tique d’urgence au pro­fit de l’Ukraine, por­tées par des asso­cia­tions telles qu’Emmaüs Soli­da­ri­té, Élec­tri­ciens sans fron­tières ou de petits acteurs locaux.

Cela nous semble essen­tiel d’associer aux efforts de sobrié­té cette dimen­sion soli­daire. Face à la crise, les pré­caires éner­gé­tiques sont les plus expo­sés : ils vivent dans des pas­soires ther­miques à cause des­quelles leur fac­ture de chauf­fage explose, alors qu’ils ont déjà du mal à joindre les deux bouts en fin de mois. Cette crise éner­gé­tique nous rap­pelle que l’énergie est un bien com­mun : tout le monde en a besoin et il faut apprendre à la par­ta­ger équi­ta­ble­ment, tout par­ti­cu­liè­re­ment quand elle vient à man­quer comme cet hiver.

« Venez comme vous êtes, chaque kWh a de l’impact »

MS & LF : Pour par­ti­ci­per, il suf­fit de s’inscrire en ligne pour relier son comp­teur connec­té Lin­ky à l’application. En tenant compte de votre consom­ma­tion de l’année pas­sée et des condi­tions météo­ro­lo­giques, nous esti­mons une consom­ma­tion de réfé­rence pour le mois en cours et nous la com­pa­rons chaque jour à votre consom­ma­tion réelle. Nous cal­cu­lons ain­si vos éco­no­mies d’énergie au quotidien.

“On peut facilement atteindre 10 % d’économie en accomplissant quelques missions simples et conviviales.”

Comme chaque kilo­watt­heure compte, même les petits gestes ont de l’impact ! On peut faci­le­ment atteindre 10 % d’économie en accom­plis­sant quelques mis­sions simples et convi­viales. Les défis pro­po­sés s’adaptent à tous les niveaux : cela va du bon réglage du chauffe-eau (simple et effi­cace !) à des défis ves­ti­men­taires pour les plus aguer­ris, pour réduire la tem­pé­ra­ture de chauffage.

Et vous proposez aux entreprises de monter des équipes ?

MS & LF : De plus en plus de sala­riés attendent une mobi­li­sa­tion de la part de leur employeur vis-à-vis des enjeux envi­ron­ne­men­taux. De la même façon, les clients recherchent des marques tou­jours plus enga­gées. Nous pro­po­sons ain­si aux entre­prises de mon­ter des équipes avec leurs col­la­bo­ra­teurs ou clients, afin de leur offrir un moyen concret de s’engager au pro­fit de la pla­nète et de la société.

Les entre­prises choi­sissent un pro­jet asso­cia­tif, et ce der­nier est finan­cé lorsque l’objectif col­lec­tif d’économie d’énergie est atteint par leurs col­la­bo­ra­teurs. C’est un bon moyen de ren­for­cer la cohé­sion d’équipe et de s’engager de façon convi­viale. C’est éga­le­ment une des mesures que l’entreprise peut mettre en avant dans son plan de sobrié­té : des sta­tis­tiques sont pro­duites sur les éco­no­mies d’énergie réa­li­sées et les dons générés.

Laurent (à gauche) et Matthieu (à droite), fondateurs de Don de Chaleur. © Thomas Poitau
Laurent (à gauche) et Mat­thieu (à droite), fon­da­teurs de Don de Cha­leur. © Tho­mas Poitau

Vous êtes tous les deux polytechniciens (à quelques années d’écart). La communauté vous a‑t-elle aidés à monter le projet ?

MS & LF : Le réseau de Poly­tech­nique nous a aidés au moment de nous lan­cer, c’est cer­tain ! Dès que nous avons démar­ré, nous nous sommes entou­rés d’un conseil scien­ti­fique de façon à être conseillés et à asseoir la cré­di­bi­li­té du pro­jet… C’était loin d’être un cri­tère, mais il se trouve que trois des cinq membres du conseil scien­ti­fique sont poly­tech­ni­ciens. Nous avons aus­si béné­fi­cié d’un fort sou­tien de la part d’anciens séduits par le pro­jet au moment de trou­ver des fonds d’amorçage. On vous ras­sure, dans notre équipe en revanche, il n’y a que nous deux !

Comment vous est venue l’idée ?

MS : En mars der­nier lorsque la crise éner­gé­tique est sur­ve­nue à la suite de l’invasion de l’Ukraine, Laurent et moi avions cha­cun ses idées fixes. Moi, je par­lais à tout le monde de réduire autant que pos­sible sa consom­ma­tion d’énergie pour arrê­ter de finan­cer l’armée russe. Et je voyais que beau­coup de gens étaient prêts à chan­ger un peu leurs habi­tudes dès lors qu’ils en com­pre­naient l’impact concret.

Laurent, lui, était très pré­oc­cu­pé par la crise sociale qu’il voyait arri­ver cet hiver face aux risques de pénu­rie et de black-out. Il était convain­cu que les appels à moins consom­mer ne seraient accep­tables que si l’effort était col­lec­tif et équi­table socialement.

L’Europe allait être bou­le­ver­sée par une crise éner­gé­tique. Il fal­lait que ce soit l’étincelle pour que la sobrié­té devienne une démarche col­lec­tive, orga­ni­sée et équi­table. Et c’est à force d’en par­ler qu’est né le Don de Cha­leur, ou l’idée de finan­cer un pro­jet asso­cia­tif depuis son radia­teur, sans ver­ser un euro. Un geste concret, à la por­tée de tous, qui conjugue res­pect de l’environnement, impact éco­no­mique et action solidaire.


Pour rejoindre l’aventure, ins­cri­vez-vous sur https://www.dondechaleur.fr/

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